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Le socialisme

vendredi 5 janvier 2007, par JCR-RED

Qu’est-ce que le socialisme ? Qu’est-ce que le communisme ?

Cela n’a rien à voir avec Jospin, Blair, Schröder, Staline, Gorbatchev, la Chine ou l’URSS.

Le socialisme est une forme d’organisation de la société où la production est socialisée, où il existe une répartition égalitaire des richesses, mais où subsistent certains aspects de la société actuelle : propriété privée limitée, argent, Etat, oppression.

Le communisme est une société sans classe et sans Etat, où chacun participe selon ses capacités et reçoit selon ses besoins. C’est une association libre des producteurs. Toute décision, du local à l’international, est prise dans un grand cadre de liberté, sous le contrôle des populations. Il n’y a pas d’Etat, c’est un des sens du mot anarchie. Arriver à cette phase nécessite du temps : il faut de grandes capacités de production, un important temps libre pour garantir la participation de tous aux décisions, et des changements dans les rapports sociaux et humains.

Ce projet est-il utopique ?

On nous oppose souvent que parvenir à cette société est utopique. Les principaux arguments sont que l’homme serait mauvais par nature, et que le passage à une autre société est impossible ou non souhaitable.

L’homme est il mauvais par nature ?

L’homme serait inapte à une société égalitaire. C’est en partie vrai : l’homme actuel ne l’est pas, il existe de nombreux défaut et préjugés qui s’opposent à une société communiste. Mais ces préjugés n’ont pas toujours existé. Par exemple, l’homosexualité n’a pas toujours été condamnée par la société. L’exploitation n’a pas toujours existé. L’esclavage n’existe plus que de manière très marginale. Il semble que dans les sociétés primitives, les hommes et les femmes étaient égaux. Par ailleurs, s’il existe de nombreux défauts chez les humains, il y a aussi de grandes qualités, qui ne sont pas forcément reconnues par la société, comme la solidarité, le don de soi, la générosité… Enfin, on voit dans les luttes collectives que les gens changent, sont « quotidiennement méconnaissables », deviennent plus solidaires, plus compréhensifs, moins racistes et moins sexistes…
Pour nous, les comportements individuels et collectifs, les rapports humains et sociaux sont principalement déterminés par le fonctionnement de la société. Finalement, il n’est pas très étonnant que dans une société gouvernée par la concurrence entre les êtres et le profit, les rapports humains soient basés sur la concurrence, la division, l’écrasement des autres, l’exploitation, les normes. Dans une société où le producteur n’a pas accès à ce qu’il produit et encore moins à comment c’est produit, il n’est pas étonnant qu’il existe une forte aliénation, la pauvreté, un ressentiment vis-à-vis des autres. Dans une société où les administrés sont séparés des administrateurs, ce qui est une des caractéristiques de l’Etat capitaliste, il est normal que l’on n’ait pas à cœur de résoudre les problèmes de la société.
Pour modifier les comportements, il faut modifier les conditions d’existence et les rapports sociaux. Cela nécessite des richesses suffisantes, une autre organisation de la production, des rapports de solidarités, etc.

Le passage d’une société à l’autre est-il impossible ?

On nous pose des problèmes concrets :

  Comment remplacer l’Etat actuel ? Nous ne sommes pas opposés par principe à ce que la société soit organisée, ni à certaines formes de répression. Mais nous rejetons l’idée d’un appareil séparé du reste de la population qui réalise ces tâches.

  La révolution serait violente. Dans l’histoire, la réalité est que ce sont les contre-révolutions qui sont violentes (Semaine sanglante en 1871, offensive des « blancs » et des puissances occidentales en 1917, fascisme en Espagne en 1936…). De plus, en réalité, l’alternative est souvent : soit la réussite de la révolution, soit la victoire de dictatures militaires ou fascistes (1917 : Kornilov ou la révolution, 1923 en Allemagne : nazisme ou révolution, 1936 en Espagne : fascisme ou révolution…). En réalité, on n’a même pas forcément le choix de faire la révolution : c’est la seule réponse progressiste par rapport à la crise qui existe dans le pays.

  Une révolution dégénèrerait forcément comme en URSS. C’est un danger, mais qui est aussi lié à des conditions matérielles catastrophiques (pays arriéré économiquement, faiblesse du prolétariat…). De plus, l’histoire a donné un certain nombre d’enseignements pour lutter contre la bureaucratie, notamment dans les écrits de Marx sur la Commune de Paris et de Trotski sur l’URSS.

Toutes ces questions, si elles sont légitimes, posent le problème de comment faire mieux que le capitalisme. Pour nous, il se pose en plus des questions plus fondamentales :

  Comment remplacer l’Etat bourgeois, comment passer à une société sans classe et sans Etat, et sans rapports marchand ?

  Comment passer de la domination bourgeoise à une société égalitaire et solidaire ?

Du capitalisme au communisme

L’intervention autonome des travailleurs

Nous pensons que tout cela n’est malheureusement ni automatique, ni spontané, ni immédiat. Nous ne sommes pas anarchistes : nous pensons qu’il faut une période de transition entre le capitalisme et le communisme. Nous ne voulons pas d’une société où il y aurait une somme d’usines autogérées mais dans des rapports marchands capitalistes entre elles (comme les anarchistes l’ont tenté en Espagne en 1936). Nous pensons qu’il faut une coordination nationale et internationale, une planification, des objectifs économiques et politiques, car il n’y a rien de spontané dans la société.
Notre conception générale est que, en luttant, les travailleurs réorganisent la société selon une autre logique. Il s’agit d’une intervention massive et consciente des masses dans les domaines qui les concernent, dans l’organisation de toute la société.

Cette intervention passe par des grèves, par l’auto-organisation dans les usines et les quartiers (comités de grève, d’usine, de quartier…). On le voit régulièrement depuis plus d’un siècle : la Commune de Paris de 1871, les révolutions russes de 1905 et 1917, ces dernières années en Argentine, en Kabylie et dans toute grève.

Un processus révolutionnaire intervient dans une période de crise de la société. Dans cette situation, les masses « cherchent à modifier la structure de la société, le mode de production », « les travailleurs opposent leurs solutions de classe à toutes les solutions de la bourgeoisie » (E. Mandel). Par exemple, dans toute grève de masse et longue se posent les problèmes du ravitaillement, des transports, de la garde des enfants, du rapports à la population autour et aux autres classes sociales. Pour les résoudre, les travailleurs s’introduisent dans toutes les sphères de la société, y compris dans la propriété privée ou la propriété de l’Etat (réquisition de transports ou d’usines par exemple…). Dans une situation de crise, les travailleurs mettent en place une organisation concurrente de celle de l’Etat capitaliste. Ils sont obligés de prendre en compte les autres classes et couches sociales dans cette nouvelle organisation (achats à des petits commerçants, gestion du problème des loyers, des transports…).

Tout cela se passe dans le cadre d’une « intervention autonome des travailleurs », c’est-à-dire qu’ils prennent leur propres décisions (pas seulement dans les usines, aussi en lien avec leur famille, leur quartier, etc.), indépendamment de l’Etat et de la bourgeoisie.

Des modifications dans les rapports sociaux

En allant au bout de cette logique, les rapports sociaux se modifient, montrant la voie au communisme.

C’est d’abord le rapport à l’Etat qui se modifie. L’organisation mise en place par les travailleurs est une forme d’Etat, mais où chacun participe : il y a peu de séparation entre ceux qui travaillent et ceux qui organisent l’Etat. Il y a tout de même un ensemble de personnes détachées de leur travail pour le faire fonctionner. Petit à petit, avec la diminution du temps de travail, cette séparation se fait de plus en plus faible et chacun travaille dans différents domaines (production, recherche, arts…), tout en participant à l’administration de la société (décisions politiques, police, échanges de marchandises, tâches collectives…). L’Etat « dépérit ».

Le rapport au travail se modifie. Chacun participe à toutes les tâches : production et organisation de la production, ce qui permet de ne plus être dépossédé du fruit de son travail. Le travail, les arts et les loisirs fusionnent dans une certaine mesure. Il n’y a petit à petit plus de rapport salarial : au lieu de percevoir un salaire de telle ou telle entreprise, on travaille selon ses capacités et on reçoit de la société selon ses besoins.

La famille est remise en cause. L’organisation collective des tâches domestiques, la diminution des contraintes matérielles rendent non nécessaires socialement l’installation en couple et la famille. Le couple ou le non-couple (1, 2, 3, 4 ou plus, avec ou sans rapports sexuels !) se fait seulement en fonction de l’attachement mutuel, pas de contrainte. C’est ce qui permet aux normes de disparaître petit à petit.

L’accès à la culture est généralisé : au début, par la mise en commun des livres, des vidéos, de la musique, la gratuité des lieux de culture, etc. Petit à petit, chacun participe à la culture, qui est quotidienne, publique, et traverse l’ensemble des sphères de la société.

Petit à petit, la fusion entre production, administration, culture, rapports humains touche l’ensemble des sphères de la société. C’est la disparition des classes sociales et de l’Etat.

La nécessité d’une intervention consciente de la classe ouvrière

Le « pouvoir des travailleurs »

Il existe un petit défaut dans ce plan d’action…

1) Le pouvoir des travailleurs, l’auto-organisation dans les usines ne sont pas acceptables par la bourgeoisie, cela remet en cause son existence.

2) L’organisation d’une contre société par les travailleurs, c’est la constitution d’un « double pouvoir », c’est-à-dire de deux pouvoirs contradictoires. Aujourd’hui, cela peut se voir dans l’opposition entre la démocratie parlementaire appuyée sur le suffrage universel et le pouvoir des travailleurs par les comités d’usine ou de quartiers. Ces pouvoirs sont opposés concrètement dans l’organisation quotidienne de la société.

3) L’Etat bourgeois ne veut pas dépérir et abandonner ses fonctions, car elles permettent la stabilité actuelle de la société (ce qu’accepte de conserver les réformistes). Il ne se laissera pas faire si l’on veut réduire ses pouvoirs. C’est pour cela que se sont développées par le passé des guerres civiles.
C’est tout cela qui détermine la nécessité de la révolution. La révolution, c’est simplement la rupture dans la situation de double pouvoir. La « prise du pouvoir » par les travailleurs, c’est l’affirmation que le pouvoir des travailleurs est légitime et que l’Etat bourgeois n’existe plus.

Les tâches de l’Etat des travailleurs sont de commencer à organiser la société par ceux qui produisent. Mais aussi, pour avoir les moyens de résister face à la bourgeoisie et de manière générale de manière transitoire, il doit ôter les instruments de répression (police, armée) des mains de la bourgeoisie et en donner aux travailleurs. C’est ce que nous appelons la « dictature du prolétariat », le « pouvoir des travailleurs ». Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de démocratie, mais que les instruments de répression sont aux mains des prolétaires.

La nécessité d’une organisation révolutionnaire

Tout cela, c’est une intervention consciente, organisée, de la classe qui produit collectivement en étant obligée de le faire toute sa vie. Ce qui signifie aussi qu’il est difficile pour cette classe d’avoir la conscience qu’il faut le faire : chaque travailleur n’a qu’une expérience et une vision limitée de la société, des différenciations politiques sont inévitables entre les travailleurs et, enfin, les travailleurs ne lutte pas en permanence, ce qui conduit à des pertes dans la conscience. Il est donc nécessaire que les membres de la classe ouvrière, la classe des travailleurs, qui ont conscience de leurs tâches révolutionnaires, s’organisent. Ernest Mandel listait quatre tâches à cette organisation :

1) La diffusion des idées révolutionnaires

2) L’éducation de militants d’avant-garde, c’est-à-dire que chaque militant ait des connaissances programmatiques aussi fortes que possible et soit capable d’avoir une audience, une légitimité importante autour de lui, pour postuler à la direction des masses (c’est-à-dire proposer des actions que les masses soient convaincus de suivre)

3) Le rassemblement dans une organisation nationale et internationale pour avoir une vue d’ensemble, être capable d’intégrer les élaborations et les expériences des mouvements révolutionnaires et sociaux dans le monde entier

4) Une capacité à déclencher des actions exemplaires (grèves, luttes…) qui montrent le sens de la stratégie des révolutionnaires.
C’est notre tâche aujourd’hui, en construisant une organisation révolutionnaire et en construisant la Quatrième Internationale.

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