Accueil > RED > 2002 > RED 24 - mai 2002 > Edito
Edito
vendredi 4 janvier 2008, par
A l’annonce des résultats du premier tour des élections présidentielles, le dimanche 21 avril, ce sont plusieurs dizaines de milliers de jeunes qui sont spontanément descendus dans la rue. On disait pourtant que les jeunes n’avaient aucun intérêt pour la politique, qu’ils s’intéressaient davantage à Loft Story. Les deux dernières semaines de mobilisations ont démontré le contraire : l’émission d’Arlette Chabot sur France 2 a fait plus d’audience que le Loft. Bien sûr, cette politisation ne conduit pas immédiatement à une remise en cause du système et de son fonctionnement. En partie parce que tout a été fait pour que ce ne soit pas le cas. On a mis systématiquement en avant les mots d’ordre sans réel contenu politique, comme « Sauvons la République », ou encore « J’ai mal à ma France ». Mots d’ordre encouragés par la plupart des associations et des politiques qui ne voyaient pas forcément d’un bon œil toutes ces manifestations. En fait, ce qui a agité les médias et la classe politique, c’est que pour quelques centaines de milliers de voix, Jospin et le PS ne sont pas présent au second tour. C’est là qu’est le scandale ! Que des partis obtenant 5, 10, 15 % n’aient aucune représentation parlementaire, ça ne choque personne. Mais que le premier ministre sortant fasse 16 % et ne soit pas présent au second tour, ça, c’est une tragédie et une honte. Notons bien que la honte, ce n’est pas qu’il y ait des gens dans une situation d’exclusion, de désespoir et de pauvreté telle qu’elle les amène à croire dans les propositions et les discours d’un démagogue. Ce n’est pas que pour pouvoir vivre, des millions de jeunes dans ce pays sont contraint d’accepter des conditions de travail et des salaires déplorables. Non, la honte, c’est que ces gens votent pour un démagogue ! En tout cas, nombreux étaient ceux qui avaient intérêt à orienter ainsi le mouvement. Il suffit de prendre les titres des grands quotidiens au cours des 15 jours qui ont séparés les deux tours. Plutôt que de remettre en cause les institutions et leur fonctionnement, plutôt que de parler du bilan de cette fameuse « gauche plurielle », il valait mieux dissimuler tout ça derrière une vaste mobilisation citoyenne pour la défense de la République : pas un mot dans la bouche des politiques ou des médias pour dire que ce système est pourri jusqu’à la moelle, que ce choix pour le second tour n’en était pas un. Alors, pourquoi cette grande frousse ? Pourquoi ce branle-bas de combat général ? Il est intéressant de constater que tout le battage médiatique fait autour du premier tour ne s’est en rien intéressé à la réalité des rapports de force et notamment à la formidable poussée de l’extrême gauche. Tout ça est passé à la trappe. Simplement parce que ce qui a inquiété et agité le bocal médiatico-politique, c’est la crise du système. Un système qui était bien confortable, qui permettait une fausse alternance entre des gens qui faisaient grosso modo depuis 20 ans la même politique. Ce qui les a angoissé, ce n’est pas l’état réel de la société, de ses inégalités, ses injustices, la pauvreté, la violence de l’exploitation… Ce qui les effraie, c’est que leur business puisse être en danger ! Alors tout le monde s’est donné le mot : il faut voter Chirac ! Mais cette solution n’en est pas une : jamais Supermenteur ne sera un rempart contre l’extrême droite. Si nous voulons faire reculer le FN, il faut prendre les problèmes à la base. Et la base du problème FN, c’est la chômage, la misère et l’exploitation ! Alors, la nécessité d’une véritable alternative à la gauche réformiste n’a jamais été aussi forte. Et particulièrement dans la jeunesse. Cette alternative, nous devons commencer à la construire dès maintenant, en proposant de véritables perspectives. Des perspectives qui doivent combattre toutes les illusions sur ce système, et amener à une véritable remise en cause. A tous ces jeunes qui se sont mobilisés, nous devons proposer de défendre avec nous un programme d’urgence anticapitaliste qui prenne en compte les intérêts et les aspirations des travailleurs et de la jeunesse. Et nous faisons appel à tous ceux qui le souhaitent de venir le défendre avec nous !