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LES JEUNES, PREMIERES VICTIMES DE LA PRECARITE

samedi 16 décembre 2006, par JCR-RED

Avec la stabilisation d’une certaine forme de crise depuis le milieu des années 70, la société s’est profondément transformée. Le développement d’un chômage de masse témoigne du fait que le rapport de force s’est considérablement détérioré pour les salariés ; les entreprises ont en revanche renforcé leurs profits en remettant en cause des acquis sociaux datant de la période précédente. Ce tournant social a touché de plein fouet la jeunesse. Alors qu’auparavant le laps de temps entre la sortie précoce du système scolaire (généralement entre 14 et 16 ans) et l’entrée de manière stable dans le monde du travail était extrêmement court, cette période s’étend aujourd’hui sur une dizaine d’année et pour un nombre croissant de personnes débouche sur une situation “régulièrement” précaire au-delà de l’entrée dans l’âge adulte.

L’extension de cette période entre l’âge adulte et l’enfance aurait pu être une chance pour constituer un âge d’autonomie et, d’une certaine manière, de liberté. Il n’en a rien été : la jeunesse peut de plus en plus se définir comme l’âge de la précarité. C’est le résultat de deux transformations majeures qui ont marqué les dernières décennies : l’allongement des études et la détérioration de la position des salariés vis-à-vis des capitalistes.

Premièrement, on a assisté à un spectaculaire allongement de la durée moyenne des études qui implique une relative massification de l’université (environ 50 % des jeunes étudient au-delà du bac). L’accès d’une partie importante des classes populaires aux études supérieures n’a pas été accompagné de la mise en place d’un statut économique et social de l’étudiantE. L’élite à qui l’université était autrefois réservée dispose des moyens économiques pour financer les études, ce qui n’est pas le cas des classes populaires. Une très grande partie de la jeunesse étudiante se trouve donc dans une situation précaire, obligée de travailler ou de subsister avec de très faibles revenus. Au mois de janvier 2000, un rapport avançait le chiffre de 100 000 étudiant-e-s vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Deuxième élément, le développement d’un chômage de masse depuis plus de deux décennies est le fruit de la destruction d’emplois stables et des conventions collectives issues de la période dite des “trente glorieuses” qui garantissaient jusqu’ici un ensemble d’acquis sociaux. D’abord, il faut rappeler que les jeunes sont la catégorie d’âge la plus touchée par le chômage, en particulier les jeunes femmes. D’autre part, aujourd’hui, même si le chômage officiel semble se stabiliser, la destruction de ces emplois se poursuit alors que l’essentiel des créations d’emplois correspond à des formes de travail précaires (CDD, temps partiels, stages, etc.). Une nouvelle catégorie sociale déjà bien connu aux USA et en Angleterre est en train de naître : les “Workings Poor” qui, bien que travaillant, vivent fréquemment en-dessous du seuil de pauvreté. Pour nous, les jeunes, le développement du chômage et des formes de travail atypiques signifient très concrètement que nous ne pouvons pas espérer vivre dans de meilleures conditions que nos parents mais, qu’au contraire, notre situation va probablement être pire.

Au présent ou au futur, l’expérience de la précarité est partagée, bien qu’à des degrés différents, par une large majorité de la jeunesse. Pourtant, se penser puis lutter en tant que précaire est loin d’être une évidence : l’expérience de la précarité ne se fait pas collectivement - à l’inverse de ce qui se passe dans le monde ouvrier - mais individuellement, ce qui est un obstacle au déclenchement des réflexes de solidarité. Les stratégies face à la précarité sont de fait plus individualistes : la course aux diplômes, la course aux stages, l’acceptation de conditions d’emplois inacceptable parce que “c’est mieux que rien”, etc..

Tous ces maux révèlent une aggravation de la situation de la jeunesse contre laquelle il faut aujourd’hui lutter ; cette situation correspond à une réorganisation du capitalisme encore plus favorable aux patrons.

La précarité est un phénomène qui touche de multiples aspects de la vie de chacun. Du point de vue économique, la précarité c’est l’insuffisance des revenus. Mais c’est aussi l’instabilité de la situation sociale au niveau du travail, des revenus et par conséquent dans l’ensemble de la vie sociale de l’individu (logement, culture, loisirs, etc..). En résumé c’est l’impossibilité non seulement de satisfaire ses besoins économiques dans le présent, mais aussi de se projeter dans l’avenir. Cela se concrétise par le fait que plus de 40 % des étudiantEs mais également un nombre important de lycéenNEs soient contraintEs de travailler et par la généralisation de périodes d’études suivies de période de chômage alternant avec des stages et des CDD. Alors que dans la population la précarité ne cesse de s’accroître mais demeure pour l’instant minoritaire, elle touche la majorité des jeunes et en premier lieu les femmes et les moins diplôméEs.

Ce problème social, dans la jeunesse, pose en particulier le problème de l’autonomie des individus. C’est ainsi que les jeunes habitent de plus en plus longtemps chez leurs parents. Avec le chômage, l’incertitude liée au travail précaire et la faiblesse des revenus des étudiantEs, il est devenu plus difficile pour les jeunes d’habiter de manière indépendante, mais, plus largement, de définir et de choisir leurs modes de vie, leurs propres projets.

Nous allons montrer dans une première partie que le développement de la précarité n’est pas une fatalité mais bien le résultat des politiques gouvernementales de “gauche” comme de droite. Dans une deuxième partie, nous expliquerons pourquoi cette évolution correspond aux intérêts des patrons. Dans une dernière partie nous proposerons une série de mesures d’urgence permettant de sortir rapidement la jeunesse de ce fléau et nous présenterons notre vision d’une autre forme possible d’organisation du travail.

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