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La précarité, c’est comme un vrai boulot mais en pire

samedi 16 décembre 2006, par JCR-RED

LE TRAVAIL PRECAIRE, C’EST COMME UN VRAI BOULOT, MAIS EN PIRE

Selon une étude récente de l’OCDE, la France a connu ces 5 dernières années une hausse record de l’emploi précaire, +87%, qui la place au second rang du palmarès européen , juste derrière l’Espagne.
Cette très officielle enquête confirme ce que nous affirmons depuis plusieurs années déjà : la précarité, sous toutes ses formes, est en pleine expansion, créant peu à peu en France et en Europe une classe nouvelle, que l’on appelle déjà aux Etats-Unis les " working poor ", c’est a dire la classe de ceux qui, bien qu’ils exercent un ou plusieurs emplois, vivent dans une grande pauvreté. Comme tous les maux, la précarité apparaît sous de multiples formes, non seulement lorsque l’on entre dans la vie active (CDD, Intérim, Temps partiel imposé,…) mais également dès la scolarité, notamment dans les filières professionnelles et les apprentissages (stages bidons, faibles rémunérations,…). Le patronat fait preuve d’une cohérence remarquable : pour fabriquer de bons travailleurs précaires, il convient de leur apprendre dès leur plus jeune âge à vivre dans l’instabilité et l’incertitude quotidiennes…

Ce sont ces multiples formes de précarité que nous allons exposer dans cette partie, en commençant par ce qui, chronologiquement, nous touche en premier : la période de la formation.

TOUT PETIT DEJA, J’ETAIS PRECAIRE

Aujourd’hui, la précarité touche le millieu étudiant : 700 000 d’entre eux travaillent pour financer leurs études et 100000 vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’étudiant, “travailleur en formation” est donc parfois dans une situation d’extrême précarité.Cependant, l’enseignement professionnel et l’apprentissage sont les secteurs où les différentes formes de précarisation de la jeunesse sont les plus manifestes, et ce à cause des liens étroits entre ces filières et le monde de l’entreprise.

L’APPRENTISSAGE

Depuis des années, la formation par l’apprentissage (ou alternance) n’a cessé de se développer : elle concerne aujourd’hui plus de 330 000 jeunes en France. Ce phénomène est visible à l’échelle européenne : dans un rapport du 18 juin 1997, elle souligne la nécessité de dessiner des stratégies communes sur cette question dans les différents pays membres. Depuis 1988, une série de lois a favorisé le développement de l’apprentissage en France : elles ont donné aux CFA la possibilité de pouvoir préparer l’ensemble des diplômes de l’enseignement technologique par l’alternance (du CAP-BEP jusqu’au niveau ingénieur). Elles ont institué des aides financières importantes (subventions, exonérations de charges,…) pour les entreprises accueillant les apprentiEs, devenuEs une main d’œuvre quasi-gratuite. Cette politique a répondu à la volonté des industriels de réduire les coûts du travail ; l’apprentissage a servi comme élément d’ajustement des effectifs avec une main d’œuvre souvent déjà qualifiée (l’apprentissage est un contrat type CDD et soumis a des aides), de sélection des salariés lors de leur apprentissage, de moyen d’intégration aux politiques de l’entreprise. L’apprentissage, fer de lance du patronat contre l’éducation nationale et contre les salariés ?
On ne peut comprendre le développement de l’apprentissage de puis 10 ans sans faire le lien avec les offensives capitalistes menées depuis 10 ans dans tous les domaines. En développant l’apprentissage, les gouvernements ont favorisé l’émergence d’une forme de transmission du savoir très spéciale ; on la retrouve dans la logique des réformes sur la professionnalisation en cours dans les universités. Le but recherché : former non pas des têtes bien faites et épanouies mais des “salariés potentiels” baignés dans le discours patronal, moulés aux exigences du marché dans une école fonctionnant déjà comme une entreprise privée. L’ambiance entreprise est un des buts recherchés ; après tout, le but de la professionnalisation n’est il pas de “rapprocher l’école de l’entreprise”, de mettre “les futurs salariés en situation réelle” et de les “former aux besoins de l’entreprise” ? D’où une conscience, chez un très grand nombre d’apprentiEs, d’appartenir au monde des salariés, ce que l’on ne retrouve pas à la même échelle chez les étudiantEs salariéEs… Cette appartenance au monde du travail est d’ailleurs dans le statut même de l’apprentiE : il a les mêmes devoirs qu’unE salariéE, y compris pendant l’alternance au CFA. Officiellement l’entreprise autorise l’apprentiE à suivre ses cours au CFA, alors que le but affiché est quand même la préparation d’un diplôme…

Les récentes campagnes de publicité pour l’apprentissage martelaient un slogan : “L’apprentissage, c’est pro !”. C’est surtout l’apprentissage de l’exploitation, parfois dès 16 ans. Le taux d’abandon élevé (1 sur 4 en 1992) est la conséquence des mauvaises rémunérations (de 25 à 71 % du SMIC selon l’âge et de l’ancienneté dans l’entreprise) et aussi de l’incohérence du système : un apprenti qui, par exemple, ferait dans la même entreprise un BEP puis un bac pro pour enchaîner sur un BTS verrait sa paye dégringoler de 81 à 53 % du SMIC après son bac ! Et puis il y a les changements de rythme (39 heures de cours par semaine, 39 h en entreprise) les heures supplémentaires non_rémunérées (80% des apprentiEs avouaient en faire selon une enquête réalisée par la CFDT) et les accidents du travail (1 apprentiE sur 3 est victime d’un accident du travail au cours de sa première année d’apprentissage). Mais le bâton est là : la fiche à remplir chaque trimestre par le maître d’apprentissage jugera le jeune sur son travail, son efficacité... Et la carotte aussi : l’évidente promesse d’embauche à la fin du contrat. On “encourage” ainsi l’apprenti à ne pas trop la ramener sur les conditions dans lesquelles il travaille, à être obéissant, à ne pas chercher à s’organiser faute de quoi son apprentissage pourrait le mener directement aux portes de l’ANPE. Et dans la plupart des cas, l’apprenti ne la ramène pas, dans la mesure où, comme les chiffres le démontrent, la majorité des apprentiEs proviennent des milieux les plus défavorisés. Souvent, la rémunération de la formation est pour eux la seule chance de continuer des études sans être une charge pour leur famille. En résumé, des proies faciles à qui on peut imposer la précarité sans quelles aient la possibilité de se défendre et qui peuvent même devenir un prétexte pour en introduire au sein même du service public (avec la création par la Poste d’un CAP facteur..),

LES STAGES

Les stages en entreprise sont l’apanage de l’enseignement professionnel (bacs pros mais aussi BTS…), et sont obligatoires dans presque l’intégralité des filières. But officiel : " Permettre au jeune de prendre un premier contact avec le monde du travail pour que la formation cumule le théorique et le pratique. " Noble cause !

Un stage pourrait avoir des avantages incontestables : par exemple compenser la vétusté de la plupart des machines dans les LEP en permettant aux élèves de savoir à quoi ressemblent celles avec lesquelles ils travailleront plus tard. Il est évident qu’un premier contact avec le monde du travail n’est pas en soi condamnable, en effet il apparaît indispensable d’être confrontés à des réalités que l’on ne mesure pas toujours. Témoin cette intéressante initiative prise dans un BTS de Commerce à Saint-Malo et qui existe dans un certain noùmbre d’écoles de commerce : imposer à tous les étudiantEs (futurEs brillantEs commerciaux/ales) un stage de 3 semaines dans une entreprise où ils/elles devront travailler à la chaîne, en production. Cela peut permettre de garder (pour un temps ?) les pieds sur terre.

Malheureusement, dans la réalité, les stages sont un nouveau facteur de précarisation et d’exploitation des jeunes :

Bien qu’obligatoires, les stages doivent être trouvés dans la plupart des cas par le jeune lui-même, ce qui le conduit en cas de refus successifs à accepter tout et n’importe quoi, à la grande joie de celui quoi va pouvoir l’exploiter. C’est l’ANPE avant l’heure ! On ne trouve rien, et pour finir, par découragement, on accepte la pire des propositions, car de toute façon on n’a plus le choix… Incohérence donc, mais aussi inégalité : sans tomber dans la caricature, on peut affirmer qu’il est plus facile de dégotter un stage quand papa a une boîte de 500 salariés que quand papa pointe à l’ANPE…

Deuxième problème : la question de la rémunération, ou comment se faire exploiter pour pas un rond. En effet, non seulement on galère pour trouver un stage qui ne sera pas celui que l’on aurait souhaité, mais en plus à l’arrivée on n’est pas (ou peu) payé. L’entrepreneur n’a aucune obligation légale de verser une rémunération aux stagiaires (arrêté du 11 janvier 1978), d’ailleurs on ne parle pas de rémunération mais de « gratification ». No comment… Lorsque l’on discute avec des stagiaires (ou en quête de stage), le stage rémunéré c’est Byzance, et « ceux qui en trouvent, ils sont souvent pistonnés ». Il est invraisemblable qu’aujourd’hui des jeunes travaillent 35, 39 ou 45 heures par semaine, à des tâches souvent éprouvantes, prenant une part active à l’activité de l’entreprise, le tout facturé 0 franc.En plus, les jeunes issus de l’immigration, qui sont nombreux dans les filières professionnelles, subissent souvent des discriminations racistes lorsqu’ils recherchent des stages, au risque souvent de ne pas pouvoir valider leur année.

Mais pourquoi qu’ils ne disent rien, nos stagiaires ? C’est le même problème qu’en apprentissage : le stage donne lieu à un rapport de stage, et parfois même une évaluation auxquels le patron de la boîte participe activement. Pire encore, dans certaines filières, une note de stage est attribuée et entre en compte à part entière dans la validation ou la non-validation de l’année d’étude. Des lors on assiste aux pires dérives : « si tu dis que tu fais des heures sup’ je te colle une sale note, idem si tu réclames une rémunération, si tu me parles de droit du travail ou de cadences infernales… ». Dans ces conditions, le stagiaire n’a pas tellement le choix s’il ne veut pas perdre une année d’études et se retrouver plus tôt que prévu à pointer au chômage. On a rarement vu l’école aussi proche de l’entreprise… Quand on voit la réussite de ce genre d’initiatives, on ne peut que s’inquiéter du « rapprochement de l’Education Nationale et du monde de l’Entreprise » préconisés par nos ministres successifs…
Les stages, c’est la galère et les inégalités avant même le chômage, c’est la précarité extrême inscrite dans le cursus scolaire, c’est de la chair à canon pour les entreprises et c’est un pont offert au patronat pour s’implanter dans l’Education Nationale en devenant progressivement jury d’examen.

On voit donc que l’apprentissage et les stages sont, de multiples façons, des vecteurs de précarisation de la jeunesse scolarisée et ce notamment dans la mesure où c’est de plus en plus le patronat qui dicte ses lois à l’Education Nationale. Il existe un vaste chantier de réflexion sur cette question qui n’est pas simple car la formation par alternance répond à une situation de misère dans la société, puisque les filières professionnelles et technologiques sont majoritairement composées de jeunes issus de milieux défavorisés.
Quelle réglementation ? Quel contrôle ? Quel financement ? Comment intégrer les CFA au service public ?
Quel rythme pour l’apprentissage ? Quelle application des 35 heures ? Comment légiférer sur les stages ? Autant de questions que le mouvement ouvrier (et étudiant) doit pouvoir saisir afin d’élaborer des réponses face à l’offensive de la professionnalisation. Lancer aussi un eurodébat car le mouvement syndical européen est aujourd’hui confronté à la même offensive et pourrait bénéficier des différentes expériences, notamment de syndicats confrontés depuis longtemps à cette question (comme en Allemagne).

cependant, des propositions concrètes se dégagent déjà. Il faut notamment obtenir la rémunération au SMIC de tous les stages et de tous les apprentissages, l’interdiction au patronat de participer directement ou indirectement à une évaluation décisive pour l’avenir de l’élève et refuser cette professionnalisation de l’enseignement, qui impose la précarité à l’école

MAINTENANT J’AI GRANDI
ET JE SUIS TOUJOURS PRECAIRE

La précarité ne touche pas que les jeunes, et elle ne les touche pas qu’en période de formation. On se dirige peu à peu vers un système où on sera précaire « du berceau au tombeau », un système dans lequel on est un précaire pendant ses études, puis un précaire au travail, puis un précaire à la retraite, « grâce » aux fonds de pension et autres formes de capitalisation.
Comme à l’école, on trouve dans le monde du travail la précarité sous de multiples formes : en variant les manières d’être précaire, on peut faire passer un employé de l’une à l’autre en essayant de le persuader que sa situation va s’améliorer et que c’est pour son bien qu’on le flexibilise.

LES EMPLOIS-JEUNES

Lors de son arrivée au pouvoir en juin 1997, le gouvernement Jospin annonce que seront créés 700 000 emplois réservés aux jeunes, et ce dans un délai de 3 ans. On somme dès lors les Directions Régionales du Travail de « trouver de nouvelles formes d’emplois destinés aux jeunes ». De cette réflexion vont naître les tristement célèbres « agents d’ambiance dans les transports en commun » et d’autres emplois fraîchement inventés par le ministère. Plutôt que de se creuser la tête à inventer des pseudo-nouveaux métiers, le gouvernement aurait pu tout simplement répondre aux besoins d’emplois bien réels dans les services publics (dans les Hôpitaux, les CAF, les mairies, les administrations dans leur ensemble, l’éducation, les transports en commun,…).

3 ans plus tard, on peut tirer un premier bilan de cette mesure : environ 250 000 emplois-jeunes ont été créés, mais au delà du chiffre largement inférieur à ce qui était prévu, c’est la forme même de ces emplois qui pose de graves problèmes. Ce sont en effet des CDD d’un an renouvelables 5 fois et qui ne garantissent aucunement l’obtention d’un CDI au cours ou au terme de ces 5 années. On peut donc retourner à l’ANPE dès 2002. En plus, les temps de formation prévus dans les contrats emplois-jeunes sont rarement assurés et, quand ils le sont, ne débouchent pas sur un diplôme qualifiant.

Par cette mesure, ce sont donc bel et bien des emplois précaires qui, sous couvert d’une réforme « sociale » sont introduits dans la fonction publique, ce qu’aucun gouvernement, même de droite n’avait osé faire auparavant. La fonction publique, c’est la sécurité de l’emploi, qu’y disaient… Avec les emplois-jeunes, des CDD côtoient, et surtout remplacent des CDI potentiels, le tout au détriment de la formation, et ce sont des acquis fondamentaux des luttes passées qui sont remis en question : la garantie d’un emploi stable, à vie, dans un service public au service du public lorsque l’on acquiert le statut de fonctionnaire…

Plus grave encore : le MEDEF, toujours un pas en avant dans la réaction, répond, 3 ans plus tard, à la mesure « emploi-jeunes » par la mesure « contrat de mission » : supprimer les CDI et les remplacer par des CDD de 5 ans maximum : que va faire le gouvernement face à cette proposition alors qu’il a lui-même introduit dans la fonction publique des emplois précaires sous forme de CDD de 5 ans ?

Depuis que cette mesure a été instaurée, nous pointons les dangers que portent les emplois-jeunes, alors qu’on pourrait spontanément n’y voir qu’une mesure pour l’emploi : de nombreux jeunes ont ainsi accueilli favorablement cette mesure qui leur assurait un emploi et un revenu égal au SMIC - ce qui est complètement légitime vu le poids du chômage - alors qu’elle permettait en parallèle l’introduction de la précarité au cœur de la fonction publique. Il faut aujourd’hui accentuer cette critique dans la mesure où les emplois-jeunes vont servir d’alibi au patronat pour poursuivre son entreprise de destruction du code du travail et de précarisation de l’ensemble des travailleurs, précarisation que nous allons à présent tâcher de détailler.

LES CDD

Sans sécurité de l’emploi, généralement dans des conditions de travail largement aggravées et ce pour être payé au lance-pierres, tel est le travailleur embauché en CDD. Et s’il est dans une entreprise pour un temps relativement court, la valorisation de son ancienneté, acquis important des travailleurs/ses, ne rentre plus en ligne de compte. De plus, il/elle est quasiment dans l’impossibilité de s’organiser dans un syndicat pour se défendre en raison de l’absence de protection contre la répression patronnale liée à l’instabilité de sa propre situation. L’exemple MacDO illustre parfaitement ce démantèlement du droit de s’organiser comme du droit de grève.

De 1990 à 1999, le nombre de travailleursE en CDD est passé de 593000 à 892000, soit une augmentation de 50%. A titre de comparaison, le nombre de CDI a augmenté de 5% sur la même période… Il convient par ailleurs de noter que le niveau moyen de formation des CDD n’est pas moindre que celui des CDI, ce qui confirme que les CDD remplacent peu à peu, dans des conditions beaucoup plus instables, les titulaires de CDI qui partent à la retraite. Or, (un dernier chiffre pour la route), en 1999, 920 000 personnes étaient au chômage car elles avaient achevé un CDD et n’avaient pas retrouvé d’emploi par la suite. L’instauration progressive d’une précarité toujours plus importante se confirme avec la multiplication du nombre de CDD et la grande difficulté à sortir du cycle infernal des contrats temporaires qui ne sont souvent qu’une courte période de travail entre deux longues périodes de chômage. On ne choisit pas d’être en CDD et donc d’être un travailleur kleenex, qu’on utilise quand on en a besoin et dont on se débarrasse une fois qu’il n’est plus rentable. Quand on sait que le patronat parle de supprimer le CDI pour généraliser les contrats de mission de 5 ans, on ne peut que s’inquiéter et dénoncer cette mesure qui, sous prétexte d’une « adaptation à la modernité et aux nouvelles formes d’économies », tente de généraliser la précarité à l’ensemble des travailleurs.

L’INTERIM

Si l’on arrive pas à trouver un CDD à l’ANPE, on peut toujours aller s’inscrire dans une agence d’intérim, du type Vediorbis, qui s’offrait une pleine page de pub dans le Monde : « Doit on penser que le travail à durée indéterminée est l’avenir de l’humanité ? Non.(…) Nous allons vous faire changer d’idée sur l’intérim. » Et voilà. C’est officiel, l’avenir de l’humanité, c’est l’intérim. Renseignons-nous donc sur notre avenir : au rôle de précarisation des CDD, l’intérim ajoute la mobilité accrue et forcée des travailleurs au point que ceux-ci n’ont plus comme lien entre eux que leurs agences d’intérim respectives. Les intérimaires se croisent sur différents lieux de travail mais sans jamais rester assez longtemps dans la même entreprise pour se défendre de façon collective. Et l’intérim est en pleine explosion : 232 000 intérimaires en 1990, 447 000 en 1999 soit…+ 93% en 10 ans ! Ajoutons que l’intérim concerne plus spécifiquement les jeunes (-26 ans) qui occupent 30% des postes d’intérimaires. Une autre forme de précarité en pleine expansion, en résumé…

Mais au-delà des chiffres, on peut s’interroger sur la "philosophie" de l’intérim : ouvrir (ou tenir) une agence d’intérim, c’est faire preuve d’un humanisme relativement particulier, c’est tout simplement gagner sa vie sur le chômage et la misère des autres. Les agences d’intérim ont un intérêt manifeste à ce qu’il y ait en permanence une « armée de réserve » conséquente : plus il y aura de chômeurs et plus il sera difficile de trouver un emploi, et plus les agences auront d’inscrits et gagneront de l’argent…

Gagner de l’argent en fournissant à des entreprises privées de la main d’œuvre bon marché et facilement exploitable, facilement jetable et renouvelable, n’est-ce pas une pratique que l’on pourrait assimiler à de l’esclavagisme moderne ? Le débat est ouvert, mais il est évident que l’intérim doit être une de nos cibles privilégiées dans la dénonciation de la précarisation galopante du statut des travailleurs.

920 000 (ex-CDD) + 177 000 (ex-missions d’intérim) + 133 000 (ex-contrats temporaires divers) = 1 233 000
Ce chiffre correspond au nombre de personnes qui pointaient à l’ANPE en 1999 car elles n’avaient pas réussi à retrouver un emploi depuis la fin d’un contrat temporaire. 807 000 personnes les cotoyaient sur les bancs de l’ANPE car elles avaient perdu leur emploi suite à un licenciement individuel ou collectif. La conclusion est facile à tirer : le chômage est davantage alimenté par la précarité que par les restructurations. Les CDD et l’intérim sont aujourd’hui une fausse « solution » (c’est ce que le MEDEF voudrait nous faire croire) face au problème du chômage, puisqu’ils instaurent une précarité qui n’est généralement qu’un sursis avant le chômage. Cela produit en outre une nouvelle classe de salariéEs contraintEs d’accepter les pires conditions de travail, de la véritable chair à canon sacrifiée sur le terrain de la guerre économique.

LE TEMPS PARTIEL IMPOSE

Pour finir, il faut absolument souligner que le temps partiel est la plupart du temps une contrainte imposée par les patrons. Ainsi, 70% des jeunes à temps partiel souhaiteraient travailler davantage (les autres poursuivent leurs études ?) contre 50 % en 1990. Les femmes sont en particulier victime de cette forme de travail limité et contraint car dans leur salaire et encore scandaleusement considéré comme un salaire d’appoint ! Pour les patrons, par contre c’est tout benef. Ainsi, par exemple dans la grande distribution, ils ont à leur disposition, sur simple coup de teléphone, une main d’oeuvre disponible en fonction du rythme de travail.

Interim, CDD, temps partiel imposé, milles façons de faire de nous des précaires sont mises en place. Pourquoi ? Essayons de comprendre pourquoi cela correspond aux besoins actuels du patronnat et en quoi cela représente une attaque frontale contre nos droits.

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