PETIT COUP DE GUEULE...

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais en ce moment, le gouvernement multiplie les déclarations, matraque les médias de petites phrases et de grandes mesures sur les « grands sujets de société ». Vous savez, ceux qui font consensus, où on peut pas être en désaccord. Il y a par exemple la pornographie pour les enfants (c’est pas bien), les marées noires (c’est pas bien), les accidents de la route (ah, qu’est-ce que c’est pas bien)…

Ben oui, forcément que c’est pas bien et même c’est horrible les gosses qui se font écrabouiller par une bagnole, les pompiers qu’on tue dans l’exercice de leur fonction, même les flics, c’est pas juste. Alors Chirac a sa petite larme, Sarkozy compatit et promet d’être ferme et Raffarin fait les slogans du type « c’est la fin du pas vu pas pris »… Bien sûr qu’il faut pas picoler avant de conduire (mais aucune boîte ne propose d’offrir gratuitement des alcootests, mais personne ne dit qu’il faut développer les transports en commun gratuits). Bien sûr qu’il faut respecter les limites de vitesse (mais plus personne ne parle de brider les moteurs parce que ça risquerait de fâcher les constructeurs). Tout ça, tout ça.

Je suis d’accord. D’ailleurs, tout le monde est d’accord. Ca fait consensus et on dirait que les Français sont contents de trouver comme ça des sujets qui les rassemblent, qui les font causer ensemble autour d’un café.

Et puis, moi, à force, ça m’énerve. Ca m’énerve parce que comme ça, le gouvernement joue les bons samaritains. Et personne ne dit rien. Alors que le même jour exactement, est voté au Parlement un amendement qui retire le droit à la santé pour les sans-papiers. Alors que le même jour exactement, Bush et Blair préparent la guerre. Alors que le même jour exactement, la France poursuit sa sale guerre coloniale en Côte-d’Ivoire et que tout le monde explique que la France est bien embêtée d’aller dans ce conflit. Plus le gouvernement enfile les perles de banalité, et plus il peut mener sa politique de casse des acquis sociaux, sa guerre contre les pauvres et les jeunes, plus il peut imposer un ordre moral oppressant. Sans que la contestation ne se mette vraiment en place parce que, « quand même, ce gouvernement, il fait des choses ». Etc, etc… ça m’énerve.

Ça ne sert à rien de s’énerver. Mais quand même des fois, on se dit qu’on a pas fini. Et que lorsque Chirac va nous souhaiter « bonne année » de l’Elysée, on va encore s’étrangler… Décidément, il ne nous reste plus qu’à lutter !

Clara, [Paris]