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26 sans-papiers en grève de la faim à Bordeaux

LES GOUVERNEMENTS DÉFILENT, LES LOIS RACISTES PERDURENT

dimanche 30 décembre 2007, par Antoine

Depuis le 21 octobre, des sans-papiers bordelais ont décidés de sortir de la clandestinité pour occuper un local -prêté par l’église- et ainsi organiser la lutte pour leur régularisation : manifestation hebdomadaire, diffusion de tracts et affiches … Une centaine de sans-papiers, la plupart travaillant -souvent dans le BTP-, a ainsi occupé jour et nuit le local du Noviciat, se relayant toutes les semaines. Un collectif de soutien, constitué autour d’associations, syndicats et partis s’est formé (à noter que des partis de l’ex-gauche plurielle, seul le PCF était présent).

Lutter jusqu’au bout... Après 51 jours d’occupation, une mobilisation et une médiatisation insuffisantes ainsi que le mépris affiché par la préfecture, 26 des sans-papiers ont décidé de radicaliser leur action en entamant une grève de la faim le 9 décembre 2002. A leur refus de s’alimenter s’ajoute un refus de toute prise de médicaments. Ces 26 grévistes sont des Kurdes de Turquie ; ils ont fuit la répression, la prison, la torture -ils ont pourtant pour la plupart moins de 25 ans… « Nous aimons la vie au point de mourir pour elle » : ils sont déterminés et ne veulent à aucun prix retourner en Turquie où la plupart seraient en danger. Ils ont choisi la France, « terre d’asile », terre des « droits de l’hommes », et demandent donc à l’Etat français de leur accorder une régularisation collective, c’est à dire le droit pour tous de vivre et travailler dignement sans se cacher et d’échapper à la surexploitation dont ils sont victimes ( travail pénible, absence de protection sociale, la CMU venant d’être retirée aux sans-papiers…).

Depuis le début de cette grève de la faim, une partie du collectif de soutien s’est désolidarisé (en particulier l’ASTI, association de soutien aux travailleurs immigrés), désapprouvant la nouvelle forme prise par la lutte. L’évêché a aussi exprimé son opposition et demande aux sans-papiers de trouver un autre local, tout en promettant de ne pas faire appel à la police pour déloger les grévistes. D’autres difficultés non encore résolues s’ajoutent à cela : la constitution d’une équipe médicale ou celle d’un groupe d’avocat.

Pourtant la mobilisation a commencé à se faire, le collectif de soutien s’est élargi et les médias ont commencé à diffuser l’information. Des manifs sont organisées, une pétition est disponible, un appel à été envoyé aux associations, syndicats et partis de gauche, un jeûne de solidarité a été observé le soir de Noël.

A ce jour, la préfecture campe sur ces positions : traitement au cas par cas, uniquement dans les conditions (très strictes : dix ans de présence en France avec des preuves…) prévues par la loi. C’est pourquoi il nous faut mobiliser et médiatiser largement cette grève.

Un combat à l’échelle européenne. Cette lutte fait partie d’un mouvement large entamé par les sans-papiers aussi bien en France qu’ailleurs en Europe. C’est au niveau de l’Europe que les frontières se ferment (les différentes législations se durcissent) ; le but n’est pas forcément de réduire les flux migratoires (l’Europe aura besoin de main-d’œuvre) mais de les criminaliser pour rendre la main-d’œuvre sans-papiers plus malléable encore, car sans droit et sans défense.

Lutter pour la régularisation des sans-papiers, c’est lutter pour le droit à la libre circulation, mais aussi simplement contre la surexploitation, pour des conditions de travail dignes pour tous. Il est à noter d’autre part que la France n’est pas totalement neutre dans le conflit qui oppose la Turquie à une partie de sa population, les Kurdes, puisqu’elle fournit une partie des armes qui servent à l’Etat turc. Les différents gouvernements français qui ont permis ce commerce sont aussi ceux qui organisent la surexploitation des sans-papiers en refusant toute régularisation, et donc le nivellement par le bas des conditions de travail partout en France et en Europe.

Face aux autorités, les grévistes de la faim bordelais sont décidés à agir collectivement pour obtenir leur régularisation globale. Pour cela, ils sont prêts à sacrifier leur santé, à risquer leur vie. Soutenons les ! « Vivre c’est lutter ».

Aurélien, Fango, Jimmy [Bordeaux]

Le comité de soutien a demandé à chaque gréviste de la faim de raconter son histoire, ses motivations, les raisons pour lesquelles il a fuit son pays. Vous pouvait retrouver tous ces témoignages sur le site internet en soutien aux grévistes : http://www.urgence-info.com

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