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IMMIGRATION = RÉPRESSION
LE PEN EN A RàŠVà‰, SARKOZY L’A « CHOISY  »â€¦
dimanche 30 décembre 2007, par
Comme le titre pouvait le laisser entendre, vous pouviez vous attendre à un article concernant le bidonville de Choisy. Mais non ! On va en fait s’attarder sur un autre bidonville, bien moins médiatisé : celui de Vaulx en Velin (banlieue de Lyon).
Pour commencer, un petit historique : fin août, des familles d’Europe de l’Est (vous savez, ceux qui vont bientôt faire partie de l’UE…) s’installent sur un terrain vague. Petit à petit, ils sont rejoints par leurs proches et d’autres familles. Les quelques caravanes se transforment dès lors en « baraques » montées avec les moyens du bord (bout de bois, plastique, tôle,…. un bidonville quoi !). Le terrain squatté appartient (malheureusement) à la COURLY (Communauté Urbaine de Lyon), en passe de le vendre à un géant de la distribution de films (Pathé si je ne me trompe pas). Le maire de Lyon, qui s’est également attribué la casquette de président de la COURLY, membre de l’ex-gauche poubelle, fait front commun avec la préfecture pour régler le problème le plus vite possible et de la manière la plus humaine possible… Seul détail qu’ils n’avaient pas prévus : le nombre croissant des habitants du bidonville !
Jusqu’à la semaine dernière, ils étaient environ 400 Roms (de l’ex-Yougoslavie, de Roumanie, du Kosovo,…), et citoyens des divers pays d’Europe de l’Est. Mais quelle est leur situation ? Environ 200 d’entre eux sont des demandeurs d’asile conventionnel (entendre asile politique), les autres demandent l’asile territorial où sont détenteurs d’un visa touristique. Pour les deux dernières « catégories » administratives, aucun droit ne leur est accordé. Pour les autres (asile conventionnel), ils ont normalement droit à un logement ou à 250 euros par mois. Mais que fait la police ? La loi n’est pas respectée ! Ah oui, j’ai failli oublier, ils sont pauvres et en plus étrangers….
Dès lors la répression peut s’organiser : le maire ainsi que le préfet commencent par demander au recteur d’académie de suspendre la scolarisation des enfants sous prétexte qu’ils ne sont plus là pour longtemps. Le préfet lui, prévient le Collectif de soutien aux demandeurs d’asile et sans papiers1 qu’il va leur faire des propositions qu’ils ne pourront pas accepter et dès lors ils rompent leur demande d’asile. Allez hop expulsez moi tout ça ! Et maintenant, sur le terrain comment ça se passe ? Les flics passent leur temps à se balader dans le bidonville, sans brassard évidemment et contrôlent 20 fois dans la même journée la même personne, des fois en lui gardant son titre de séjour ou en lui déchirant ses papiers. Il leur arrive fréquemment de couper l’eau (ce qui n’est pas bien compliqué, un seul tuyau alimente le campement) ou l’installation (plus que sommaire) électrique en évoquant des motifs de sécurité. Après leur forfait accompli, ils attendent. Le mois dernier, un père de famille, ayant déjà perdu un enfant de 5 ans la semaine précédente a décidé de rétablir l’électricité et s’est fait embarquer pour vols de biens publics. Une manifestation de soutien a aussitôt démarrée dans les rues de Vaulx en Velin. Les manifestants demandaient simplement de l’aide et la libération de leur camarade. La réponse qui leur fut donnée s’est faite au rythme des matraques et des détonations de lacrymos… Un enfant a été gravement brûlé par une grenade (ben oui, on va pas tirer en parabole non plus !!!) et plusieurs personnes ont été molestées. Pas plus tard qu’aujourd’hui (25 décembre), un militant du secours catholique a fini en garde à vue pour s’être opposé à une énième coupure d’électricité. Depuis l’arrêté d’expulsion, début décembre, les policiers ainsi que la CIMADE et Forum Réfugiés sont intervenus pour embarquer de force, vers des destinations inconnues certains habitants du bidonville. Ils ont commencés par faire monter dans des cars les Roms d’ex-Yougoslavie sans leur préciser leur destination et en éclatant quelques familles à travers la France. Comble du raffinement, ils sont venus faire leur sale boulot sans le moindre interprète. Trois jours après, on recommence mais cette fois avec les Roumains. Pour empêcher toute réinstallation, les bulldozers ont rasé les habitations et ont creusé des tranchées. Depuis une semaine, environ 50 d’entre eux sont revenus au bidonville au vu des hébergements proposés, de l’éparpillement de leur famille et pour diverses autres raisons. Ils ont donc reconstruit un nouveau bidonville à 300 mètres de l’ancien où vivent encore 200 personnes. Face à cela, le collectif de soutien ainsi que l’association Demeurant Partout2 a ouvert une maison pour reloger 6 familles dont 19 enfants (entre 6 mois et 10 ans) dont nous n’avons toujours pas été expulsés, la préfecture n’ayant pas donné l’ordre (en fait, on a fait leur boulot car ils sont tous demandeurs d’asile politique et ont donc droit à un toit…). Voila pour ce qui est de la situation.
Par ailleurs, en plus de nous heurter aux pouvoirs publics, nous devons faire face à la CIMADE et à Forum Réfugiés nous attaquant généralement par voix de presse (car eux y ont accès,…, c’est vrai on va pas s’amuser à interviewer des militant-e-s dont le discours dérange). Ils condamnent publiquement notre action car nous sommes responsable à leurs yeux de la détérioration de la qualité de la demande d’asile. Jean Costil et Olivier Brachet (allez hop, on balance, ça fait du bien, respectivement président de la CIMADE et de Forum Réfugiés) déclarent que seuls ceux qui rentrent strictement dans la case de la demande d’asile (c’est-à-dire de l’ordonnance de 45 avec les rajouts de Pasqua Debré Joxe et Chevènement) doivent avoir leurs papiers. Les autres ont se doit de les expulser car ils nuisent à la demande d’asile.
Continuons de demander une réforme du droit d’asile mais pas comme Sarkozy, la gauche plurielle, Mrs Costil et Brachet l’entendent : ils faut élargir les critères de l’accès à la demande d’asile, le droit au travail pour tous et toutes, un logement, le droit de vote à toutes les élections,… Et puis zut, demandons tout simplement la suppression des frontières et donc la liberté de circulation et d’installation. C’est bizarre, le Père Noël ne me l’a pas amené comme je lui avais demandé…
Julien, [Lyon]
1. ATTAC, MRAP, LDH, DAL, Ras l’Front, UD CFDT, UD CGT, FSU, Union Syndicale G10 Solidaires, PCF, LCR, JCR, Les Verts, FA, …, individus
2. regroupement d’individus qui travaillent dans des associations pour le logement et qui travaillent actuellement avec le DAL.