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« UN BOULOT D’ESCLAVE  »

Témoignage sur la précarité

dimanche 30 décembre 2007, par Antoine

« Je travaille depuis plus de 5 mois dans le bâtiment. Je suis étudiant, sans-papier d’origine algérienne. Je commence le boulot à 6 heures du mat’ jusqu’à 20 heures. On est payé maximum 300 balles par jour. Dans le chantier, il y a deux ou trois groupes. Un groupe lève le gravier. Un deuxième fait l’étanchéité, amène le goudron. Si tu fais des fautes, le patron t’engueules. En plus, tu es censé travailler sous le nom de quelqu’un d’autre. Voilà ton nom et ton prénom, en cas de contrôle de l’inspection du travail…

Le bleu, les chaussures de sécurité, tu te démerdes pour les amener… Pour le patron, faut bosser le plus vite possible… Si on a une semaine pour 400 m2, le projet est donné pour 15 jours. Si on le termine en 10 jours, il gagne beaucoup d’argent…

Si tu critiques tu peux te faire virer. Pareil si tu travailles pas assez. C’est un travail d’esclave. Sur 15 gars qui bossent, il y en a 3 ou 4 de déclarés, souvent les seuls français. Tous les autres sont des immigrés… des jeunes entre 18 et 30 ans… On travaille le dimanche aussi, la nuit. Le boulot n’est pas régulier, car s’il pleut, c’est pas possible pour le goudron. Entre ouvriers, chacun bourre au maximum par crainte de se faire lourder au bout de 15 jours. On aune pause de 20 minutes, entre 12 h et 12 h 20. Y a pas de confiance entre nous… On s’entraide au niveau du foyer d’immigrés… Souvent au boulot il y a des accidents, des bras cassés, des brûlures au chalumeaux. Mais le patron i’ te dit : « si y a un accident, je suis pas responsable, tu me balances pas, sinon t’as plus de boulot ». Mais les patrons sur les chantiers ne sont que des sous traitants qui travaillent pour les plus gros. »

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