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RETOUR SUR LES CLASH

dimanche 30 décembre 2007, par Antoine

Depuis quelques semaines, il était question d’une reformation des Clash, d’un concert exclusif aux Etats-Unis… Dimanche 22 décembre, Joe Strummer, chanteur du groupe punk, meurt d’un infarctus à 50 ans.

Si l’une des images les plus connues des Clash est la publicité de Levis popularisant leur chanson Should I Stay Or Should I Go, on aurait tort de ne retenir que ce cliché et d’oublier comment est né ce groupe et l’écho qu’il eut à l’époque, c’est-à-dire à la fin des années 70. Les Clash sont probablement le groupe de punk le plus connu après les Sex Pistols. Mais à la différence de ces derniers qui n’ont duré que quelques mois, ils auront la vie longue et produiront plusieurs albums, face à l’unique Never Mind the Bollocks des Pistols.

1977 : le « punk » naît en Angleterre. Pour les Clash l’aventure commence avec un album du nom même de leur groupe et un « tube » White Riot (« émeutes blanches ») allusion aux émeutes de Londres de 1976 durant lesquelles Strummer et son bassiste (deux « blancs ») s’illustrent en étant aux côtés de Jamaïquains contre la police. Dès le départ, leur musique sera du punk rock mais aussi « sociale ». C’est le temps des revendications identitaires et bientôt de Margaret Thatcher, la sinistre « dame de fer » qui engage un processus violent de privatisation dont les conséquences sur les classes populaires anglaises se ressentent jusqu’à nos jours. La jeune génération punk autour des Clash, qui n’hésitent à se définir comme « marxistes », s’engage dans ses combats. Un temps Strummer discutait dans les journaux anglais de « matérialisme dialectique ». Entre temps, le groupe sortira en 1978 Give’em Enough Rope (« Pendez les hauts et courts ») et surtout en 1979 le double album London Calling, aux influences diverses, du punk au premier reggae en passant le bon vieux rock, qui sera l’apogée de leur « carrière ». Contrairement au punk « no future » des Pistols , les Clash se tourneront vers une certaine radicalité politique, même si celle-ci se combinait avec un certain pessimisme intrinsèque à la génération punk. Le point d’orgue de cet engagement fut l’album en 1980 Sandinista ! au titre explicite : dans le contexte d’une Angleterre engagée dans la guerre des Malouines, Strummer chante le soutien aux Sandinistes, dans un triple album assez éloigné du punk originel, avec des emprunts au dub et au hip-hop qui commence alors. Dans leur rage s’exprime un Tiers-mondisme et la résistance à Thatcher alors même que nous sommes au seuil des années 1980 qui vont voir le libéralisme et l’individualisme triompher. Ce sera pourtant au cours de cette période que les Clash avec deux titres de Combat Rock (1982), le fameux Should I Stay Or Should I Go, et Rock the Casbah connaîtront leurs plus grands succès commerciaux. Retiré de la scène, l’ex-chanteur Strummer fit ensuite quelques apparitions ponctuelles. Et puis il avait finalement envisagé de refaire un concert avec les Clash, après de multiples refus émanant de personnes seulement soucieuses de faire fructifier leur succès en argent…

Bilan : les Clash , dernier « souffle » des années 70 ? La « dame de fer » a laminé le mouvement ouvrier anglais, les sandinistes et leurs espoirs ont disparu dans les années 80, et pour beaucoup le punk des Clash est confortablement installé dans un range- disque. Strummer, un peu blasé de ses idéaux de jeunesse, mourrait alors dans une quasi-indifférence ? En Strummer, qu’on le veuille ou non, s’est bien incarné un mouvement musical et politique ; en ce sens sa mort clôt un cycle. Ce serait donc tiré un trait rapide sur un groupe aux influences multiples, sur des albums d’anthologie du « sauvage » The Clash punck rock épuré à l’éclectique London Calling. Ce serait aussi oublier un groupe qui avait donné une image sociale et revendicative du punk et éluder une époque de résistance – bien réelle – aux assauts du libéralisme sauvage même si les « vainqueurs » n’ont pas été ceux que l’on aurait espérés. La mort du « gratteur » , comme on l’appelait, ne peut ainsi nous laisser indifférent.

Jean, [Sorbonne]

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