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160 JOURS POUR CONSTRUIRE UNE MOBILISATION DE MASSE…

dimanche 30 décembre 2007, par Antoine

160 jours, c’est aujourd’hui ce qui nous sépare d’un événement qui devrait, en France, marquer le monde militant français et européen. Il s’agit, bien évidemment, du sommet du G8 qui, deux ans après Gênes, se déroule à nouveau en Europe, du côté d’Evian-les-Bains, en Haute-Savoie, les 1er, 2 et 3 juin. Rappelons que le G8 est une réunion des chefs d’Etat des sept pays les plus riches (Etats-Unis, Canada, Japon, France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne), ainsi que la Russie, au cours de laquelle on discute, dans l’intimité des nantis, des affaires du monde… Le G8, antidémocratique par essence, constitue un cadre de concertation qui permet aux pays riches de s’accorder sur la manière de gérer ensemble les principaux dossiers de politique internationale, qu’il s’agisse de diplomatie, de commerce ou d’économie. En témoignent les résultats des travaux du G8 canadien : lutte contre le terrorisme, banalisant le recours à la guerre dans les règlements des conflits entre les Etats ; poursuite de la marche forcée vers le paradis sur terre (entendez le libéralisme partagé par touTEs !) par la continuation du processus de privatisation des services publics à l’échelle de la planète, sous couvert de l’OMC et du FMI… Le G8 constitue donc de fait un véritable gouvernement mondial dont les décisions se répercutent sur l’ensemble des populations !

Depuis les mobilisations de Gênes, où nous étions déjà plus de 300.000 à contester l’ordre imposé par ces « saigneurs du monde », les manifestations pour une autre mondialisation n’ont fait que croître, en nombre comme en radicalité… 100 000 à Bruxelles et 500.000 à Barcelone contre l’Europe du capital et de la guerre, tout dernièrement un million de manifestants contre la guerre en Irak, à Florence, à l’occasion du premier forum social européen (FSE). N’oublions pas, bien sûr, les échéances internationales qui ont également rythmé l’année, comme le second Forum social mondial de Porto Alegre, qui se déroula en pleine crise argentine et durant la guerre en Afghanistan, et dont la tonalité se fit plus radicale encore que lors de la première édition !

Pourtant, ce bilan rapide de l’état du mouvement pour une autre mondialisation ne garantit en rien le succès du contre-sommet qui arrive, et ceci pour plusieurs raisons. La première tient à l’histoire du mouvement altermondialiste français,… qui a vrai dire, n’en a pas vraiment. Contrairement à d’autres pays comme l’Italie, l’Espagne ou la Grande-Bretagne, il n’existe pas aujourd’hui en France de cadre de masse de mobilisation contre la mondialisation capitaliste dans la jeunesse. Même une association reconnue comme Attac n’est pas parvenue à capitaliser cette radicalisation qui s’exprime pourtant chez les jeunes, lorsqu’ils se bougent spontanément sur tel ou tel contre-sommet… D’où de grandes difficultés à construire et structurer un mouvement digne de ce nom et à coordonner les groupes locaux qui essaiment à travers la France. L’autre difficulté réside plus simplement dans le fait que la France, contrairement à ses voisins, n’a plus accueilli de grande réunion internationale depuis… 1997 avec le sommet du G8 à Lyon, puis Nice en 1999 ! Ce qui veut dire que le petit monde militant français n’a pas accumulé l’expérience qu’ont pu avoir les activistes italienNEs, espagnolEs et autres, lors des réunions de Gênes, Barcelone, Séville ou Florence.

Autrement dit, dans la perspective de la mobilisation contre le G8, nous sommes clairement en retard sur nos voisins européens. Le contre-sommet est donc une opportunité sans précédent pour nous, afin de construire le mouvement et contribuer à sa radicalité. Ce qui suppose de notre part un effort particulier jusqu’au mois de juin : dès aujourd’hui, en prenant appui sur les groupes locaux existants comme, à Lyon, le collectif lyonnais après-Gênes (CLAG), ou en créant des comités contre la guerre en Irak, il faut qu’essaiment dans toutes les facs, les bahuts, et partout où cela sera possible, des comités « G8 illégal »… C’est non seulement la réussite du contre-sommet d’Evian, mais aussi la naissance d’un réel mouvement pour une autre mondialisation en France, en particulier dans la jeunesse, qui sont ici en jeu. Un mouvement qu’il faudra lier au mouvement ouvrier traditionnel (les syndicats en particulier) et à l’ensemble des foyers de résistance contre le gouvernement CRS. Et la radicalité de ce mouvement, son profil, ses revendications, ne dépendront que de notre propre capacité à nous y immerger, à en être les moteurs, tout en étant respectueux, bien sûr, de son indépendance. Autant dire que les cartes sont entre nos mains pour que cet événement soit un succès à la hauteur des enjeux…

Hervé,[Lyon]

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