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La cour les préfère au placard...

lundi 31 décembre 2007, par Antoine

C’est bien ce qu’il faut croire puisque le 26 février dernier la Cour Européenne des Droits de l’Homme a adopté par 4 voix contre 3 (à savoir République Tchèque, Albanie, Lithuanie et France contre Royaume Uni, Belgique, Autriche) un arrêt refusant à toute personne " ouvertement " gay ou lesbienne le droit d’adopter un enfant, en refusant de condamner la France dans l’affaire Fretté/France. En 1996 le Conseil d’Etat avait approuvé le refus d’agrément de la DASES à Philippe Fretté parce que ce dernier avait déclaré son homosexualité au cours de la procédure d’adoption. Le Conseil d’Etat avait ainsi encouragé la poursuite de pratiques discriminatoires qui obligent les gays et les lesbiennes désireux d’adopter un enfant de cacher leur identité. Bien entendu les sages juges européens se soucient de l’intérêt de l’enfant, disent-ils, de la " protection de la santé et des droits des enfants ". Un souci, affirment-ils, qui légitimerait une application discriminatoire du droit qui accorde à tout célibataire âgé de plus de 28 ans le droit à l’adoption. Avec cet arrêt la Cour Européenne encourage à son tour la poursuite et le renforcement des pratiques discriminatoires ainsi que les préjugés homophobes. Elle fait des homos des citoyens de second rang en les privant d’un droit qu’elle accorde à tous les hétéros. Enfin elle fait preuve à son tour d’une belle hypocrisie et d’un grand mépris pour tous les couples homoparentaux existants. En effet, l’homoparentalité est une réalité qui s’est développée dans les marges par le recours à des solutions alternatives et clandestines : insémination artificielle, coparentalité… Mais les couples de gays et de lesbiennes ayant des enfants n’ont aucun statut légal en France, alors qu’ils en ont un en Hollande -où le droit à l’adoption est reconnu-, en Angleterre, au Pays de Galle et en Allemagne où les couples homosexuels peuvent partager l’autorité parentale. Dans les interviews donnés au magazine Têtu d’avril 2002, les candidats Chirac et Jospin à la présidentielle défendent la même position : les homos ne doivent pas pouvoir adopter car un enfant doit avoir un père et une mère, condition de leur épanouissement. Pourtant ce dont les enfants de parents homos pourraient souffrir, ce sont bien de ces préjugés qui font dire aux deux candidats qu’il ne peut être de leur intérêt d’être élevés au sein de la famille homoparentale qui est la leur. Au-delà du discours hypocrite sur l’intérêt de l’enfant, ce que partagent tous les opposants à l’adoption par les homos, c’est bien la crainte de mettre en cause la différence des sexes et " l’ordre symbolique ", cher aux psychanalystes, dans lequel le père représente l’autorité, la mère l’affection etc. Bref la famille telle qu’elle s’est construite dans la société bourgeoise et l’organisation des rapports entre individus selon les clivages homme/femme, hétérosexuel/homosexuel.

Sanchez, [Bordeaux]

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