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KEOLIS, MATRA…

Nos transports au cœur de leurs profits

lundi 31 décembre 2007, par Antoine

Et voilà, après 6 ans de travaux et de péripéties, notre bon maire Edmond HERVE, tel un éleveur de papillons phosphorescents, nous a livré " notre " VAL. Certes, je m’en réjouis, le Véhicule Automatique Léger confirme la politique municipale visant à chasser la voiture du centre-ville, mais, je m’interroge. Sur le prix du ticket de transport tout d’abord, à première vue modeste comparé à ceux pratiqués dans certaines villes de l’hexagone, il reste néanmoins exorbitant pour nombre d’usagers. En effet, la majeure partie des rennais aux revenus modestes, dont l’ensemble des étudiants, se voit d’emblée refuser l’accès à la gratuité sociale, dans ces conditions les frais de déplacement demeure un problème crucial et ce malgré les quelques formules de réduction commerciale proposées par la STUR. De ce fait, tout comme la famille nombreuse sera poussée à utiliser sa vieille 305 toute polluante, l’étudiant n’hésitera pas à enfourner sa bicyclette par une belle matinée de décembre (la fraude n’étant plus à l’ordre du jour sur le réseau Bus depuis l’application de la montée par l’avant). De là un paradoxe ; les catégories visées (Mais le sont-elles réellement ?) " fuyant " les transports en commun. Un financement par l’impôt et les taxes, donc une contribution proportionnelle aux revenus et au nombre d’enfants, permettrait à l’inverse une égalité sociale devant le déplacement. Mode de financement qui pousserait de plus les anti-transports en commun à abandonner leur véhicule personnel et enclencherait donc une dynamique fondamentale dans la réhabilitation du cadre urbain.

Au delà de cette inégalité sociale existant de fait, se pose le problème de la fraude, phénomène légitime auquel la STUR répond par une logique purement capitalistique. Par la remise en vigueur de la montée par l’avant tout d’abord ; dispositif qui avait été abrogé voilà quelques années du fait des retards engendrés et dont le retour se fit au prix de 21 jours de grève, une des seules compensations pour le personnel qui redoutait la double étiquette de conducteur-contrôleur étant la mise en place des " amis STAR ". " Amis STAR " qui furent en vérité une aubaine pour la STUR ; ces jeunes, à l’origine destinés à facilité l’application de la montée par l’avant (c’est-à-dire à pousser les passagers vers le fond du véhicule) se sont révélés être mieux perçus par les usagers que le simple contrôleur, ainsi la STUR envisage-t-elle de pérenniser l’expérience. Se pose alors la question de leur titularisation qui fit l’objet d’un préavis de grève et de leurs attributions ; délaissant progressivement les fonctions informatives pour d’autres à caractère purement répressif les " amis STAR " ne seront bientôt plus que de simples relais à prix réduit des corps répressifs. Corps répressifs dont la présence ne cesse de s’affirmer, que se soit au travers des opérations de contrôle à grande envergure ou du recourt de plus en plus fréquent aux forces de Police. La STUR souhaite donc transformer la contribution personnelle en réflexe, mais n’est-ce pas une fuite en avant désespérée ? Gonfler les dépenses destinées à la répression (nombre élevé de contrôleurs et d’ " amis-STAR ", de caméras, surcoûts consécutifs aux disfonctionnement liés à la montée par l’avant, etc… frais auxquelles viennent s’ajouter ceux de l’entretient des billetteries automatiques et des bornes de compostage) dans le seul but d’extirper de l’argent à une population déjà précaire ne conduirait-il pas au paradoxe des horodateurs ; les sommes récoltées amortissant à peine le coût des bornes et ne contribuant aucunement aux frais de voirie, les amendes couvrant seulement les frais de traitement et n’ayant aucune valeur pédagogique, voir l’inverse.

Jouxtant la question du financement des transports en commun, celle de sa gestion. D’entrée nous écarterons la situation de MATRA-SIEMENS et des sociétés sous-traitantes pour nous pencher sur le statut de la STUR (dont la STAR est l’enseigne commerciale). En effet, la gestion de la Société de Transports Urbains Rennais, crée en 1970, se voit confiée par Rennes Métropole à une société privée, et ceci à la suite d’un appel d’offre européen effectué tous les 10 ans. En théorie, Rennes Métropole conserve le pouvoir de décision final, mais que penser de la société KEOLIS dans le contexte actuel de destruction du service publique ? KEOLIS, société issue de la fusion de Via-GTI et de Cariane et qui représente actuellement 40% du marché urbain (88 agglomérations) et 20% du secteur interurbain est en effet une copropriété des sociétés Paribas Affaires Industrielles, SNCF Participations (pseudo-service publique qui a depuis longtemps abandonner le vocable d’usager au profit du terme client) et VIVENDI. Ces corps spéculatifs n’aspireront-ils pas bientôt à l’indépendance, souhaitant fixer eux-mêmes les grandes orientations. Tous promoteurs qu’ils sont ne privilégieront-ils pas certaines désertes tandis qu’ils délaisseront les quartiers H.L.M., ne réévalueront-ils pas les tarifs suburbains, etc… Cette volonté d’indépendance pourrait également surgir dans le domaine de la répression ; les lois scélérates de septembre dernier ne sont-elles pas une porte ouverte à la privatisation, ou du moins à la délégation de la sûreté publique au secteur privé ?

C’est pour toutes ces raisons que nous, camarades JCR de la région rennaise, exigeons dès à présent la remunicipalisation et le financement solidaire des transports en commun de notre ville, que se soit le Bus, le VAL ou les transports handicapés.

J.C., [Rennes]

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