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PRECARITE, EDUCATION,
ATTAQUES LIBERALES TOUS AZIMUT !
lundi 31 décembre 2007, par
La mondialisation capitaliste, c’est la recherche du profit maximum pour les entreprises au détriment des populations. Au Sud, le FMI impose un remboursement sans fin de dettes faramineuses. Au Nord, c’est la suppression de droits fondamentaux (comme droit à avoir un travail qui a été remplacé par droit à chercher du travail dans la Charte des droits fondamentaux européens) et la privatisation de tous les services publics. L’Europe qui est construite aujourd’hui n’est pas une Europe sociale. Treize gouvernements sur quinze sont sociaux démocrates et pourtant, ils construisent l’Europe des patrons. En France, la SNCF, la santé sont en cours de privatisation. Pour EDF-GDF, Jospin appelle cela ouverture du capital (paraît-il que ça ne veut pas dire privatisation). Et pour l’éducation, avec les réformes Lang, c’est la même chose.
Quels diplômes… Depuis une vingtaine d’année, les gouvernements successifs tentent d’avancer toujours plus vers la privatisation de l’université (réforme Bayerou en 1995, Plan U3M en 1998). Leur argument ? L’uniformisation des diplômes au niveau européen. Mais sur quelles bases ? En Espagne où les politiques libérales sont appliquées, les frais d’inscription sont de 4000f. En début d’année, étudiants, profs et administratifs se sont mobilisés car le gouvernement espagnol voulait supprimer les élus étudiants dans les conseils et augmenter la part de travailleurs précaires à 49% dans l’éducation. La carte d’étudiant c’est une carte bancaire. Pour retirer un diplôme, il faut aller dans les distributeurs de banques privées avec sa carte. En France, J. Lang est en train de faire passer discrètement et progressivement la réforme des ECTS (European Credits Transfert System). Les ECTS sont des diplômes à point. Par exemple, une licence vaudra 180 crédits, un mastaire (nouveau diplôme à bac+5), 300 crédits. Un deuxième décret, voté au début de l’année, précise qu’il n’est pas nécessaire de faire 3 ans d’études pour avoir ses 180 crédits. Les étudiants qui ont les moyens et qui ne sont pas obligés de se salarier pour payer leurs études pourront avoir leurs crédits plus facilement et plus rapidement que les autres.
Sera ajoutée aux diplômes une annexe descriptive qui contiendrait un ensemble d’informations sur le parcours individuel de chaque étudiant., comme par exemple le nom de l’établissement fréquenté, le nom des options. Les patrons auront accès à cette annexe qui leur permettra de discriminer encore plus les étudiants qui, à diplômes égales, auront un profil qui conviendra plus ou moins au besoin de l’entreprise. C’est un moyen supplémentaire de sélectionner et c’est la mise en concurrence des étudiants entre eux et des universités entre elles.
Les ECTS tendent à développer les filières dites " professionnelles ". Mais ces filières, comme on le voit aujourd’hui avec les licences professionnelles, sont proposées par des entreprises locales et répondent directement à leur besoin. A Nanterre vient de se créer une licence Crédit Mutuel. Le texte le dit : 80% des salariés du Crédit Mutuel doivent l’obtenir, parce qu’ " ils ne sont pas assez formés face aux nouvelles technologies ". Mais n’est-ce pas au Crédit Mutuel de prendre en charge la formation de ses salariés ? Ces formations sont faites pour les entreprises afin d’avoir à la sortie de l’université des salariés malléables et corvéables à merci. Le but n’est pas de former des têtes bien faites ou de répondre aux besoins en terme de profs ou de santé, mais des futurs salariés baignés dans le discours patronal et moulés aux exigences du marché.
…pour quels emplois ? Les diplômes, avec ces réformes, au lieu d’être une garantie de rémunération, seront une arme pour précariser encore plus les étudiants et les jeunes qui sont le plus victime de la précarité. Aujourd’hui, le taux de chômage chez les 15-24 ans est presque de 20%. Et les seuls emplois qu’on nous propose quand on sort du système scolaire sont des emplois précaires. Les CDD, le travail par intérim, les emplois jeunes ou le travail à temps partiel se développent. Les emplois jeunes créés par le gouvernement Jospin ne sont que des CDD de 5 ans sans aucune garantie en fin de contrat. Ils ont même été parfois inventés sur la base de pseudo nouveaux métiers comme par exemple " agents d’ambiance dans les transports en commun ". Le travail par intérim a augmenté de 93% en 10 ans.
En 1975, 75% des salariés étaient embauchés en CDI, aujourd’hui ils ne sont plus que 56%. Les CDI sont aussi touchés par la précarité avec la loi d’Aubry sur les 35 heures. Elle se traduit par la flexibilité des emplois et l’annualisation du temps de travail. Aucun salarié ne fait réellement 35 heures par semaines et il n’y a pratiquement pas eu d’embauche.
Le projet du MEDEF (et c’est lui même qui le dit) est de casser le statut du CDI pour le remplacer par des contrats de missions de 5 ans (toujours à cause des " nouvelles technologies qui évoluent trop vite "). Il propose donc de précariser tous les emplois !
Toutes ces attaques sont lancées par le patronat avec l’aval du gouvernement. Les organismes paritaires comme l’UNEDIC (avec Notat à sa tête) pour soit disant lutter contre la chômage mettent en place le PARE (Plan d’Aide au Retour à l’Emploi) qui n’est qu’une façon de sanctionner les chômeurs qui n’acceptent pas n’importe quel boulot à n’importe quel prix.
Contre ces attaques libérales lancées par le MEDEF et le gouvernement, sur notre lieu de travail ou sur notre lieu d’étude, la seule solution est de s’organiser !
Francine, [Nanterre]