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Interview d’Olivier Besancenot
lundi 31 décembre 2007, par
Quelle analyse fais-tu de la multiplication des luttes de jeunes précaires (Mcdo, Fnac, etc.) ? Au cours des dernières années, l’offensive patronale s’est renforcée, avec un objectif : contenir les salaires tout en augmentant la productivité de chaque salarié. Ca signifie des conditions de travail de plus en plus mauvaises, des salaires de plus en plus bas, qui touchent l’ensemble des salariés aujourd’hui. En même temps, face à ces attaques, les luttes ont augmenté. C’est le signe d’un changement d’état d’esprit, notamment chez les jeunes travailleurs. Ces jeunes salariés n’acceptent plus d’être considérés comme des salariés au rabais. Et la victoire complète des McDo de Strasbourg-Saint-Denis, après115 jours de grève, a renforcé leur détermination. Elle a montré qu’il était non seulement possible de s’organiser et de lutter, mais aussi de gagner !
Tu parles d’une allocation de 700 euros pour tous les jeunes, comment la financer ? Il suffirait, pour mettre en place une telle mesure, de prendre sur le budget militaire. En effet, il est prévu, d’ici 2010, 61 milliards d’euros pour renouveler toute la panoplie nucléaire ! Cela fait en moyenne une prévision de 6,1 milliards par an ! La mesure que nous proposons, c’est-à-dire un revenu de 700 euros (soit 4500 francs) pour près de cinq millions de jeunes, coûterait environ 3,5 milliards d’euros. En prenant sur le budget militaire, cela suffit largement ce revenu d’autonomie pour les jeunes en formation. Mais c’est une question de choix politique : soit le surarmement nucléaire, soit une politique audacieuse de désarmement qui permette de dégager en même temps des moyens pour assurer l’avenir de l’ensemble des jeunes. L’argent existe et pas seulement dans le budget militaire : il suffit de voir les profits des entreprises et les dividendes des actionnaires !
Propos receuillis par Camille, [Rennes]