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Libération de tous les prisonniers politiques tunisiens !
lundi 31 décembre 2007, par
Le 30 mars se tenait à Tunis le procès en appel de Hamma Hammami et de ses camarades, poursuivis pour appartenance à une organisation illégale, le Parti Communiste des Ouvriers Tunisiens (PCOT), pour tenue de réunions interdites et diffusions de tracts. Le 2 février, le procès en première instance avait été interrompu par le rapt des prévenus en pleine salle d’audience, et la peine de neuf ans de prison qu’ils encouraient avait été confirmée sans même que leurs avocats n’aient pu plaider. Les avocats de la défense, révoltés comme tous par ce déni de justice, prirent la décision de faire appel, et déclenchèrent une grève du barreau de Tunisie suivie à près de 95%. Par ailleurs, l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), principal syndicat a adopté une motion de soutien à cette grève ; la première visée des militants du PCOT de faire de ce procès un évènement politique fédérateur des forces démocratiques étant ainsi atteinte. L’appel fut finalement fixé par les autorités au 9 mars, mais les avocats n’en ayant été informés que quatre jours avant, et n’ayant jamais pu consulter le dossier dans son intégralité, en demandèrent le renvoi, qui fut accepté. Le 30 mars, la mobilisation internationale autour du procès des quatre militants n’avaient pas fléchi. La délégation française, malgré les diverses pressions exercées par le pouvoir tunisien visant à la démobiliser, était plus nombreuse encore. Des avocats de Marseille, Aix-en-Provence, Toulouse, Bordeaux... solidaires de leurs confrères tunisiens, des militants de gauche dont six JCR ou jeunes de la LCR étaient une nouvelle fois à Tunis, toujours accompagnés de la police politique du général Ben Ali, qui cette fois-ci a même fait l’effort de venir nous trouver dès notre arrivée à l’aéroport. Lors du procès, seuls les avocats ont pu rentrer, les autorités prétextant que la salle était trop petite, et laissant une bonne partie des militants internationaux devant le palais de justice ; tous les militants tunisiens furent quant à eux parqués de force sur un bout de trottoir puis violemment dispersés par des hommes de Ben Ali. Paradoxalement, à l’intérieur, la procédure suivait le cours prévu par la loi. les avocats purent plaider, ainsi qu’Hamma lui-même dont la longue défense des tracts qui lui étaient reprochés prit rapidement un ton politique de mise en accusation d’une dictature. Le verdict rendu à quatre heures du matin entrait dans cette même logique d’apparente ouverture et clémence d’une justice que l’on peut qualifier de tout sauf d’indépendante : la peine d’Hamma était réduite de 6 ans et celle de ses camarades n’était "que" de 21 mois. Mais ce recul du pouvoir tunisien ne doit en aucun cas nous faire oublier que les chefs d’accusation politiques ne sont certainement pas de ceux que l’on formule dans une démocratie digne de ce nom. S’il s’agit donc d’une petite victoire due pour une bonne partie à la mobilisation tunisienne et internationale, le combat démocratique ne peut s’arrêter à nos frontières : nos politiciens français n’hésitent pas à affirmer leur soutien au régime de Ben Ali, et à entretenir avec celui-ci d’étroites relations économiques. Aucun d’entre eux ne s’insurge contre le changement de constitution prévu par le général et ses accolytes : les citoyens tunisiens vont prochainement se rendre aux urnes pour valider l’abrogation de l’article constitutionnel interdisant à un président de la république de briguer plus de trois mandats, le troisième mandat de Ben Ali arrivant à terme. En d’autres termes, ce changement constitutionnel ferait de Ben Ali le président à vie de la Tunisie. Au vue des résultats des élections précédentes où le général a obtenu plus de 99% des suffrages, il ne fait aucun doute que la consultation populaire ne soit qu’un leurre, et que le "oui" l’emportera avec une majorité certaine mais variable selon l’attention apportée par le pouvoir à soigner sa façade démocratique. Nos campagnes et notre mobilisation doivent révéler au grand jour la réalité d’un pouvoir qui n’admet pas d’opposition. Réclamons la libération de tous les prisonniers politiques tunisiens, premier pas nécessaire vers l’instauration de la démocratie en Tunisie.
Renaud, [Marseille]