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Retour de Barcelone 2
Record de mobilisation pour l’exigence d’une autre mondialisation
lundi 31 décembre 2007, par
Les 15 et 16 mars dernier s’est tenu à Barcelone le sommet européen de printemps, sous les auspices du gouvernement ultraréactionnaire de J.M.Aznar. Le gouvernement espagnol, qui préside l’Union Européenne pour six mois, avait auparavant fixé l’ordre du jour ; au programme, la libéralisation des secteurs de l’énergie et des transports, le repoussement de cinq ans l’âge de la retraite et la mort programmée du système de répartition par le développement des fonds de pension privés. En ce qui concerne l’énergie, la politique française s’est trouvée dans la ligne de mire du trio de choc Blair-Berlusconi-Aznar et de l’ensemble des libéraux européens. En effet, la compagnie EDF-GDF bénéficie encore d’un monopole sur le territoire français, ce qui ne l’empêche pas de chasser avec une grande voracité les parts de marché dans les autres pays qui connaissent déjà une libéralisation de ce secteur. Face à cette contradiction, Chirac et surtout Jospin qui prétend encore défendre une vision sociale de l’Europe, se sont heurtés aux fermes exigences de leurs homologues en terme de libéralisation du marché énergétique français mais c’est apparemment réjouis qu’ils reviennent de ce sommet où ils ont obtenu un délai de deux ans pour ouvrir ce marché. Le temps de laisser passer la campagne électorale sans risquer un mouvement social. Toutefois, le fait marquant de ce sommet est la mobilisation qu’elle a suscité avec un défilé syndical regroupant 100 000 personnes le 14 mars, et surtout, une manifestation des mouvements pour une autre mondialisation de 300 000 personnes le 16 mars, autour du mot d’ordre « Contre l’Europe du capital ». Il s’agit d’un record en la matière, dépassant le chiffre de la grande manifestation de Gênes à l’occasion de la réunion du G8 en juillet 2001. La manifestation monstre de Barcelone a réuni depuis le courant gauche d’Izquierda Unida (Gauche Unie) aux autonomes en passant par les indépendantistes ou autonomistes basques et catalans, les mouvements altermondialisation et la gauche révolutionnaire. Le succès de la mobilisation est d’autant plus fort qu’elle ne concerne presque exclusivement que l’Etat espagnol, puisque des dizaines de bus ont été bloqués à la frontière franco-espagnole. Ni la présence de 8 500 flics, parfois violents, ni les tentatives de récupération du Forum Social de Barcelone par la gauche « molle » (socialistes, écologistes, etc.) n’ont pu altérer le message de la manifestation : l’Europe que nous voulons n’est pas celle des profits du patronat, mais une Europe de justice sociale où les populations décideraient elles-mêmes de leur avenir. A présent, le mouvement se donne rendez-vous au sommet européen de Séville, en juin.
Jérôme, [Jussieu]