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Bande dessinée :
Pilules bleues
de Frédérik Peeters, Ed. Atrabile
lundi 31 décembre 2007, par
Les pilules bleues, ce sont les pilules que Cati et son fils de quatre ans doivent prendre quotidiennement Ils sont séropositifs et suivent une trithérapie. Le sujet central de cette BD n’est pas à proprement parler le sida, mais bien une histoire d’amour, merveilleusement banale qui le serait d’autant plus en l’absence du virus. Frédérik Peeters raconte donc son histoire, ses premières rencontres fortuites avec Cati, puis la naissance de l’amour, aussitôt contrebalancée par l’annonce par Cati de sa séropositivité. Mais on ne tombe pas dans le pathos et les larmes (genre Love story) ni dans la description pseudo-sociologique des malades marginaux. La force du livre est de nous faire découvrir un quotidien parfois joyeux (les scènes d’amour, les révélations sur soi…) parfois angoissant (le début de la trithérapie, la capote qui craque…) à travers le regard du narrateur qui vit la maladie par procuration et a un regard à la fois distancié et curieux de tout ce qu’il découvre. Le médecin traitant joue un rôle important dans la relation du couple dans la mesure où il est celui qui fait découvrir "un monde insoupçonné, détaché des clichés sociaux et des histoires sensationnelles", et comme il le fait de façon très humaine, le dialogue qu’il instaure avec ses patients devient une relation très forte. F. Peeters reconnaît aussi la limite de la BD lorsque le dessin (toujours en noir et blanc) disparaît peu à peu au profit de l’écrit quand il s’agit d’expliquer avec précision en quoi consiste le traitement de l’enfant. La présence de l’enfant est une autre face importante de Pilules bleues ; peut-être pas plus originale que le quotidien des familles recomposées, mais exprimée avec une certaine douceur. L’autobiographie dessinée commence à faire ses preuves artistiques ; F. Peeters en donne une illustration très émouvante qui permet de comprendre un peu mieux le quotidien des malades du sida et de leurs proches, tout en décollant vers autre chose. Il n’y a rien à ajouter.
Vincent, [Poitiers]