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Après le 1er tour de l’élection présidentielle

extraits de la résolution de la direction nationale des JCR du 28 avril

vendredi 4 janvier 2008, par Antoine

1. La progression de l’extrême gauche

L’apparition du visage de J.-M. Le Pen à côté de celui de J. Chirac au soir du 1er tour de l’élection présidentielle a constitué un choc politique : malgré ses divisions, avec une campagne minable,… I’extrême droite a fait un score énorme. Une fois le choc passé, il faut analyser précisément les résultats. Par rapport à 1995 et en nombre de voix, le vote pour l’extrême droite, s’il est évidemment plus qu’inquiétant, n’a pas explosé. Le vote du 21 avril a exprimé une volonté de « sortir les sortants » qui est la conséquence directe de la politique libérale menée par la gauche plurielle, dans la continuité des gouvernements précédents.

L’analyse des résultats indique une énorme progression de l’extrême gauche et le véritable séisme politique se joue là : Arlette Laguiller Olivier Besancenot et Daniel Glückstein totalisent à eux trois près de 3 millions de voix, soit 10,5 % des suffrages, ce qui représente un quasi doublement par rapport à 1995. Deux des candidats de l’extrême gauche dépassent largement le candidat du PCF, R. Hue totalisant moins d’un million de voix. Les campagnes de LO et de la LCR ont rencontré un écho qui est le fruit d’une seule et même dynamique : le rejet de la politique de la gauche plurielle et d’une campagne électorale où le thème de l’insécurité était omniprésent, au détriment des questions sociales. La composition sociologique des électorats respectifs de la LCR et de LO est sans doute différente (implantation ouvrière plus nette du côté de LO, forte proportion jeune du côté de la LCR…), mais les motivations de tous ces électeurs sont proches. Les campagnes de LO et de la LCR, loin d’être redondantes, se sont avérées complémentaires. Il s’agit désormais de donner un sens à ce succès et de proposer des perspectives. La question de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, qui permette de rassembler ceux qui se tournent vers l’extrême gauche, a été une question publique pendant la campagne. C’est devenu une nécessité concrète et objective. Cela se constate dès maintenant par un afflux de demandes d’adhésions. Cela nous demande de formuler aujourd’hui la perspective de construction d’un nouveau parti du monde du travail et de la jeunesse, un parti démocratique révolutionnaire.
[…]

2. 20 ans de politiques libérales… 1’extrême droite à 20 %

La gauche plurielle s’est présentée en ordre dispersé lors du scrutin présidentiel. Chacune de ses 5 composantes soutenait un candidat. Le bilan n’est pas glorieux : Jospin perd 2 600 000 voix tandis que le PC poursuit sa chute vertigineuse en ne recueillant que 3.4 % des suffrages, soit moins d’un million de voix. C. Taubira réalise un score insignifiant, Mamère évite la catastrophe grâce à une campagne qui plaçait les Verts en extériorité par rapport au gouvernement, maintenant le parti écologiste au même niveau que lors des municipales. Chevènement, longtemps pressenti comme le troisième homme, réalise à peine plus de 5 % avec une campagne elle aussi en rupture avec le bilan de la gauche gouvernementale. Le PS et le PCF qui apparaissaient comme les représentants du gouvernement sortant, perdent des millions d’électeurs, essentiellement dans les couches populaires, qui sanctionnent la politique menée depuis 5 ans en se réfugiant dans l’abstention, parfois dans le vote extrême droite mais plus fréquemment en choisissant de voter pour les candidats d’extrême gauche.

La gauche plurielle paie le prix de la politique qu’elle mène depuis 5 ans et plus largement des politiques antisociales menées depuis une vingtaine d’annonces. Durant ces 5 dernières années elle a fait le choix du social libéralisme, avec entre autres la loi des 35 heures et la flexibilisation à outrance, l’explosion de la précarité, la non-régularisation de dizaines de milliers de sans-papiers ou encore la répression des jeunes avec le renforcement du plan vigipirate et la LSQ. Jospin paie également le prix de la campagne qu’il a menace puisqu’il a privilégié le thème de la sécurité avec des positions à peine différentes de celles de la droite (« tout crime doit être puni », enfermement des mineurs délinquants etc.) et en laissant de côté tout volet social. La réponse de son électorat populaire a été claire : c’est le désaveu le plus total et Jospin se retrouve derrière Le Pen. Plus qu’une victoire de l’extrême droite c’est à une défaite de la gauche gouvernementale que nous avons assisté. Désaveu des couches populaires mais aussi confusion chez un certain nombre de militants, notamment du PC, de la JC, voire de la GS (n’oublions pas que c’est J. Dray qui s’est occupé du volet « sécurité » de Jospin), militants qui pourraient rapidement se tourner vers l’extrême gauche, certains le faisant déjà.

La droite a perdu elle aussi un nombre important d’électeurs. Chirac va être réélu, mais la pression du FN sera beaucoup plus forte. Et le président n’aura qu’une légitimité très relative puisqu’il a obtenu moins de 20 % lors du premier tour. La droite a joué son rôle, c’est-à-dire qu’elle a mené une campagne ultra-sécuritaire et ultra libérale, calque sur les positions du Medef, redonnant une audience aux thèses de Le Pen. La droite ne pourra bien entendu pas endiguer l’extrême droite, puisque sa politique ne fait et ne fera que renforcer les inégalités, les injustices sociales, sur lesquelles prospère le FN. Il est clair qu’elle va durcir son discours pour lutter contre la concurrence du FN et s’appuyer sur les scores de l’extrême droite pour mener une politique encore plus réactionnaire et lancer une offensive à grande échelle contre les salariés, les chômeurs, les étrangers, les jeunes et les femmes.

Cette nouvelle situation est à relier au niveau européen, avec la déroute de la social-démocratie, plusieurs gouvernements où l’extrême droite apparaît à la bourgeoisie comme un atout, non pas pour une solution fasciste, mais - à un moment où remonte la combativité des salariés et de la jeunesse - pour intensifier et accélérer l’offensive pro patronale. La période qui s’ouvre se place sous le signe de l’ultralibéralisme.

3. De nouvelles responsabilités pour les révolutionnaires

Le score de l’extrême gauche la place devant de nouvelles responsabilités. Nous devons répondre aux exigences exprimées par les 10 % obtenus à l’élection présidentielle, qui rejettent les politiques libérales menées depuis plus de 20 ans, et en particulier les cinq dernières années de gouvernement de gauche plurielle. Nous devons proposer à ceux qui ont voté pour nous et, plus largement, à tous ceux qui veulent rompre avec la politique de la gauche plurielle, de s’approprier les revendications que nous avons avancées pendant la campagne : interdiction des licenciements, augmentation des revenus, égalité des droits… Face à l’abandon de toute politique sociale de la part des organisations de la gauche plurielle, l’extrême gauche apparaît comme la seule force à porter une alternative en rupture avec le système capitaliste et, dans l’immédiat, elle est la seule à mettre en avant des mesures capables d’endiguer les inégalités et la misère sociale. Ce n’est que l’application de ce plan d’urgence sociale qui nous combattrons réellement le terreau sur lequel progresse l’extrême droite. Face à celle-ci, qui prône un retour réactionnaire au cadre national et utilise les immigrés comme boucs émissaires, il faut exprimer les intérêts communs des exploités contre la minorité des possédants.

Dans ce contexte, les révolutionnaires doivent être unis dans les mobilisations comme dans les élections. En cas d’un accord souhaitable de la LCR avec LO, nous devrons donc soutenir ces candidatures communes au 1er tour. Sinon, nous soutiendrons évidemment celles de la LCR. Nous devons convaincre autour de nous que voter utile, c’est voter pour nos revendications et pour une rupture claire avec la politique des différents gouvernements.

Notre organisation a des responsabilités particulières dans la jeunesse, où notre score est de 13 %. Nous devons être capable d’offrir un cadre d’organisation aux jeunes qui se tournent vers notre courant. En premier lieu, partout où nous le pouvons, nous devons organiser des réunions ouvertes qui doivent permettre de discuter du bilan de la campagne et du résultat des élections. Notamment, de discuter de la nouvelle donne issue des urnes. Dans ce cadre, nous avançons sur les positions qu’a défendues Olivier au cours de ses derniers meetings : notre visée à long terme, c’est une organisation qui représente et détende les intérêts des travailleurs et des jeunes. Mais pour l’atteindre, il faut aujourd’hui construire un véritable outil. Et cet outil dans la jeunesse, ce sont les JCR. Voilà ce que nous devons défendre auprès de tous les jeunes qui ont été touchés par la campagne d’Olivier. Ce type de travail est absolument fondamental si nous voulons parvenir à construire notre organisation. Par ailleurs, nous travaillons en commun avec la LCR, qui prévoit semble-t-il des conférences de construction à la fin du mois de juin. Dans ce cadre, il apparaît essentiel de mener le débat avec la LCR le bilan de la campagne, l’articulation entre nos deux organisations afin d’intégrer de la façon la plus appropriée à notre courant les jeune que nous avons rencontrés dans la campagne.

28 avril 2002


Nos revendications :

Assez de chômage et de précarité :
 Interdiction des licenciements - des salaires décents,
 titularisations des emplois jeunes,
 allocation d’autonomie.

L’université n’est pas une marchandise :
 Non àla réforme Lang des ECTS,
 Des moyens pour étudier,
 Plus de profs, Iatoss,

Démocratie et égalité des droits :
 Français immigrés égalité des droits,
 Démocratie dans les facs et lycées (liberté d’expression, d’affichage…)

Contre l’ordre moral :
 défense de IVG,
 non au retour au foyer des femmes,
 non àl’homophobie,
 Ã©galité des droits homos-hétéros

Démocratie dans les facs et les lycées (liberté d expression et d’affichage)

Abrogation des lois sécuritaires

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