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extràªme droite en Europe
vendredi 4 janvier 2008, par
La montée de l’extrême droite n’est pas un phénomène franco-français. Après l’Autriche en février 2000 et l’arrivée du FPÖ (freiheitliche Partei Österreichs, parti libéral autrichien) de Haider au gouvernement, l’Italie est aujourd’hui dirigée par une coalition droite dure et extrême droite avec Berlusconi à sa tête. Si ces deux pays sont les plus touchés par cette montée de l’extrême droite, ils ne sont pourtant pas les seuls.
En Suisse, l’Union démocratique du centre de Christophe Blocher a obtenu en 1999 22,6 % des voix. Ce parti s’inscrit dans la mouvance xénophobe, et notamment anti-musulmane, qui proteste contre un « bouleversement multiculturel » et s’affiche en défenseur de la tradition. C’est le cas aussi des partis scandinaves comme le Dansk Folkeparti (Parti du peuple) au Danemark, fort de 12 % des voix aux législatives de 2001. En Norvège, Fremskridtpartiet (Parti du progrès) de M. Carl Ivar Hagen a totalisé 15,3 % des voix en 1997. Pourtant dans ces pays, c’est une certaine prospérité qui est observée (en Norvège, le taux de chômage est résiduel !). Ce vote caractérise donc une réaction xénophobe face à la construction européenne et à la mondialisation. Dans le même temps la dérégulation totale du marché du travail est une idée présente dans les programmes de ces partis.
L’Allemagne, quant à elle, présente une situation particulière :
chaque année, à Dresde et à Leipzig, sont organisés des défilés néo-nazis impressionnants, sans qu’ils représentent une quelconque réalité sociale. Cependant, les partis d’extrême droite allemand comme le NPD (Nationaldemokratisher Partei Deutschlands) et la Deustche Volksunion (DVU) réhabilitent en partie l’héritage nazi. Le NPD est surtout présent en Bavière et compte quelques milliers d’adhérents. La DVU est en perte de vitesse dans les Länder de l’est où elle avait fait quelques percées électorales (plus de 10 % des voix). Dans les trois derniers pays à avoir connu une dictature (L’Espagne, le Portugal et la Grèce), l’extrême droite, électoralement, ne représente quasiment rien.
En Italie,
la montée de l’extrême droite se traduit par une coalition puissante regroupant la Ligue du Nord d’Umberto Bossi, l’Alliance nationale de Gianfranco Fini (post-fascistes repentis) et Forza Italia de Silvio Berlusconi. La ligue du Nord se veut séparatiste et ouvertement raciste ; elle réclame l’indépendance de l’Italie du Nord (baptisée la Padanie), région la plus riche et la plus industrialisée du pays. Cette alliance tente de casser le code du travail notamment par la refonte de la procédure de licenciements, mesures qui ont fait descendre dans la rue 2 millions d’italiens à Rome.
Si cette coalition est la version ultra-libérale de l’extrême droite européenne,
le Front National en France et la Vlaams Block en Belgique tiennent un discours paradoxal, prônant la remise en cause des acquis sociaux comme le salaire minimum et la déréglementation et dans le même temps défendant les petites gens dans le cadre de la préférence nationale. Ces partis oscillent donc entre la séduction d’un électorat populaire et la volonté de briser les droits afin de permettre la libéralisation totale de l’économie. La phrase de Le Pen : « Je suis socialement de gauche, économiquement de droite et, plus que jamais nationalement de France » s’inscrit dans cette optique.
Les différents partis d’extrême droite européens tentent d’incarner le refus du « mondialisme » autour d’un repli nationaliste et anti-immigré. Or, ils sont déjà en Italie, et seront si l’extrême droite continue à progresser, les meilleurs alliés des classes dominantes pour faire taire la contestation sociale !
Maxime, Marion, [Rennes]
Près de deux millions de personnes ont manifesté le 1er mai, dans 400 villes, pour affirmer leur rejet du Front national. Mais le 1er mai, c’est aussi la journée internationale des travailleurs, celle où sont mises en avant leurs revendications politiques et sociales. On ne pouvait pas rêver de meilleur lien entre la montée de l’extrême droite et les solutions que nous devons y apporter. L’extrême droite se construit sur le discours sécuritaire, le rejet des immigrés, et le dégoà »t des politiques. C’est-à -dire sur le chômage, la misère, l’absence d’avenir pour la majorité de la population. Les revendications pour l’augmentation des salaires, la sauvegarde des retraites, le renforcement des services publics, pour une autre démocratie, si elles étaient satisfaites, changeraient la donne sociale. Et, dès maintenant, le rassemblement des classes populaires derrière ces revendications arrêterait de les détourner de leurs intérêts comme tout le monde essaie de le faire.
Dans les mobilisations antifascistes qui ont eu lieu ces dernières semaines,
tout le monde s’est donné le mot pour expliquer qu’il s’agit uniquement de mobilisations contre la fascisme, pour la démocratie, pour « sauver la République  ». L’aboutissement était alors le vote du second tour, et éventuellement les législatives, avec une campagne contre l’abstention menée par les médias et les appareils politiques. En faisant cela, il veulent cacher ce qui pour nous est la question essentielle : si l’on veut réellement résoudre les problèmes, il faut que les mobilisations contre le FN s’élargissent en une grande mobilisation pour les droits sociaux, pour des revendications concrètes (voir en encadré) susceptibles de faire reculer le chômage, la précarité, et d’avancer sur nos conditions de vie, de travail et d’étude. Il faut un grand mouvement d’ensemble pour défendre les intérêts communs des salariés, avec au premier plan les jeunes et tous ceux qui le souhaite. Il faut montrer que nous non plus, nous n’avons pas confiance dans les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, qui mènent des politiques toujours plus antisociales.
Et plus largement, il faut remettre en cause ce système chaotique :
une minorité d’actionnaires et de grands patrons qui exploite tous les autres, cela ne peut pas fonctionner longtemps. Tant que cela durera, il y aura des crises économiques, des guerres, de la misère sociale. Et dans des situations de déstabilisation du système, un régime autoritaire pourra être choisi pour mater les révoltes des plus défavorisés, un système qui fasse semblant de résoudre les problèmes sociaux en désignant des boucs émissaires - les immigrés. Il faut donc s’affranchir de ce système, et en mettre un en place qui satisfasse démocratiquement les besoins de la majorité, sans le gâchis engendré par le capitalisme actuel.
Il y a un enjeu à défendre ces propositions dans les prochains mois, pour affirmer une alternative au jeu politique actuel
et à la fausse solution que les fascistes veulent représenter. Et il y a un autre enjeu, celui de s’organiser et de se mobiliser pour faire entendre ces mots d’ordre, parce qu’une course de vitesse a commencé avec l’extrême droite pour connaître la force politique qui saura se poser en alternative. Ces pourquoi nous allons soutenir partout où nous le pouvons les candidatures de la LCR aux élections législatives, pour nous servir de cette tribune que sont les élections pour nous faire entendre. Il faudra coller des affiches, distribuer des tracts, discuter autour de nous pour convaincre sur nos propositions anticapitalistes et sur l’enjeu que nous voyons à s’organiser aujourd’hui. Cela pourra permettre à toute une frange de la population qui refuse la politique des différents gouvernements, de gauche ou de droite, qui servent les intérêts du patronat, de s’exprimer pour d’autres choix de société, voire pour le choix d’une autre société !
Antoine, [Argenteuil]