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Face à la montée des idées réactionnaires,
Remettre la révolution à l’ordre du jour
vendredi 4 janvier 2008, par
L’apparition de la tête de Le Pen sur les écrans de télévision, le soir du 1er tour, a été un choc pour des millions de gens. Cet événement a bousculé tous les schémas traditionnels de la vie politique. L’alternance gauche - droite à la tête de l’État semblait ancrée comme un phénomène « naturel », imperturbable. Et, soudain, tout le monde s’est senti concerné par ce qui n’était jusqu’alors guère plus passionnant qu’une série télé au scénario archi connu. Après le coup de massue que cela a représenté, les discussions sont partie tout azimut. Bref, tout le monde s’est mis à refaire de la politique, c’est à dire discuter avant tout de l’avenir de la société, de notre avenir.
Une des principales conclusions que l’on peut tirer, c’est que la période actuelle, et les années qui viennent, est marquée par une grande instabilité politique. Pour nous, l’élément déterminant qui peut faire basculer la situation dans un sens positive, c’est l’intervention directe de l’ensemble de la population dans le domaine de la politique, qui est d’habitude réservée à une caste de « professionnels » et de communicateurs.
Capitalisme et fascisme
La montée de l’extrême droite ne s’explique pas par la « personnalité » de Jean Marie Le Pen. Il ne fait que rassembler sur sa personne et son image le dégoût et la colère de millions de gens. De même le régime nazi ne s’explique pas par l’individu Adolph Hitler. C’est un régime politique qui s’affirme alors comme le seul moyen pour la société capitaliste de se perpétuer et de maintenir les rapports de domination entre capitalistes et salariés.
En effet, la compréhension du fascisme est inséparable de la crise généralisée de l’économie capitaliste qui touche alors la plupart des pays d’Europe. Dans les années trente, suite à l’appauvrissement généralisée de la majorité des populations, au chômage de masse et à une misère grandissante, c’est l’ensemble des pays capitalistes d’Europe et des Etats-Unis qui deviennent de plus en plus militarisés. Le développement économique est freiné et c’est la guerre qui paraît la solution la plus appropriée pour permettre de trouver de nouveaux débouchés.
L’opposition entre gouvernements « démocrates » et gouvernements « fascistes » a été surtout mise en avant après la deuxième guerre mondiale pour justifier la position des pays vainqueurs. Mais dans les années trente, les régime fascistes étaient salués par de nombreux « démocrates » comme des exemples d’ordre et de stabilité. Le président des Etats-Unis Roosevelt disait de Mussolini « Je suis très intéressé et profondément impressionné par ce qu’il a accompli, et par son but évidemment honnête de restaurer l’Italie et d’empêcher des troubles généraux en Europe. »
Car les années trente ne sont pas seulement une période de crise et de réaction, c’est aussi une puissante montée révolutionnaire des travailleurs de toute l’Europe qui s’impose. Et les régimes fascistes paraissent comme le meilleur rempart face à cette contestation massive du capitalisme.
Une nouvelle régression fasciste est-elle possible ?
La panique suscitée par le score de l’extrême droite eu 1er tour des présidentielles est à la mesure de la croyance que cette barbarie extrême ne pourrait se produire à nouveau. Cette croyance, très forte révèle pourtant une vision centrée sur soi de la société. « Plus jamais ça » peut on lire dans de nombreux livres d’histoires. Pourtant « cela » continue, plus que jamais. Les famines, les guerres et les dictatures qui plongent dans la misère des populations entières, en particulier dans le Tiers Monde, ne s’expliquent pas par le caractère soi disant « sous développée » de ces pays. C’est la domination implacable d’entreprises multinationales, pétrolières ou autres, qui impose ce pillage de la planète pour les intérêts de quelques actionnaires très « civilisés ».
En ce qui concerne les pays dits « développés », le déclenchement d’une crise économique généralisée sur l’Europe et les Etats-Unis, de l’ampleur de celle qu’ont connue les pays asiatique ou d’Amérique latine ces dernières années provoqueraient aussi d’énormes bouleversement sociaux. Ces dernières années, les guerres du Golfe, au Kosovo, en Afghanistan ont montré que les grandes Puissances capitalistes n’hésitent pas à recourir à des solutions meurtrières pour dominer le monde. En cas de crise sociale, c’est aussi à une véritable « guerre » que les classes dominantes peuvent se préparer pour réduire au silence toute contestation des salariés, des jeunes et tous ceux qui se font exploiter.
Révolution ou barbarie
Mais, il n’y a aucun caractère automatique entre les crises du capitalisme et le déclenchement de révolutions. Cela dépend si des alternatives au système qui s’effondre s’affirment avec force et arrivent à se concrétiser. Si il n’y a pas des hommes et des femmes pour faire avancer ces idées d’une transformation sociale globale, ce sont forcément les solutions les plus réactionnaires qui s’imposeront. Sauf que les capacités techniques de destruction et de barbarie sont aujourd’hui bien plus grandes que dans le années trente.
Le slogan « un autre monde est possible » ne doit pas rester de l’ordre de l’utopie. C’est pour nous une nécessité vitale à préparer de manière systématique. Seule l’émergence d’une démocratie anti capitaliste qui réponde aux besoins des populations permettra de faire disparaître définitivement les idées réactionnaires. Cela ne se fera pas en un jour. Mais la situation actuelle impose de l’affirmer avec encore plus de force. Les Le Pen et les Mégret ne sont pas timides pour polluer l’atmosphère avec leurs discours racistes et réactionnaires. Ceux qui veulent en finir définitivement avec le capitalisme ne peuvent restés silencieux et doivent montrer qu’une autre voie existe.
François, [Rouen]