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Offensive impérialiste en Amérique du Sud
vendredi 4 janvier 2008, par
Depuis plusieurs mois, les événements se sont précipités en Amérique du Sud. Il y a bien entendu la situation en Argentine, qui ne connaît pas d’évolution significative dans les dernières semaines, mais aussi les récentes offensives menées par l’impérialisme au Venezuela et en Colombie.
Au Venezuela, le putsch manqué contre Hugo Chavez semble être un énorme coup de force des États-Unis. Son gouvernement s’est opposé depuis son arrivée au pouvoir en 1998 à leurs intérêts en Amérique du Sud. Il a soutenu Cuba et les FARC de Colombie, mené une politique pétrolière - le Venezuela est le quatrième producteur mondial de pétrole - défavorable aux États-Unis en aidant le prix du pétrole à monter, et repousse les accords militaires et commerciaux avec les États-Unis en Amérique du Sud. Or, après le putsch du 11 avril, c’est une politique complètement opposée qui a été enclenchée par le nouveau pouvoir sur le plan des relations internationales et de la production du pétrole. Quand on ajoute à cela que le nouveau gouvernement s’est empressé, pendant ses quelques jours de vie, de rencontrer des émissaires américains et que son dirigeant principal est le grand patron Pedro Carmone, on ne peut que se convaincre que, de prêt ou de loin, les États-Unis sont derrière. Ceux-ci, ainsi que la bourgeoisie vénézuélienne, ne pouvaient plus supporter les aspects populaires de la politique de Chavez, notamment la réforme agraire et la politique pétrolière destinée à augmenter les recettes de l’État. Devant l’opportunisme de la majorité de l’armée, le président destitué s’est appuyé sur une partie des officiers et sur les classes populaires. Celles-ci ont en effet bien plus à perdre avec un gouvernement directement - et même sans paravent démocratique - mis en place par la grande bourgeoisie et les États-Unis, qu’avec la politique populiste de Chavez. Reste à savoir ce qui sortira de l’épreuve de force engagée entre la bourgeoisie, avec ses appels à la grève et ses violences organisées, et les partisans de Chavez, notamment les habitants des « rancheros », les bidonvilles de Caracas.
En Colombie, la répression s’est accrue, comme l’exigeaient les États-Unis du gouvernement d’Andres Pastrana, contre les FARC-EP (Fuerza Armadas Revolucionarias de Colombia, armée de guérilla d’origine marxiste en Colombie). Des bombardements et des attaques au sol ont eu lieu, organisées avec le soutien logistique et tactique de l’armée des États-Unis. 658 millions de dollars ont été demandé par la Maison blanche pour « aider » la Colombie, et 98 millions pour protéger un pipe-line pétrolier… Les États-Unis, outre qu’ils défendent leurs intérêts économiques très concrets dans la région, souhaitent plus largement éliminer la capacité d’action des mouvements sociaux pour accélérer la mise en place de la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA). Cela se situe aussi dans le cadre de mobilisations dans la région qui leur échappent complètement, et d’un rejet du modèle économique imposé par les puissances impérialistes, en premier lieu en Argentine, en deuxième lieu au Venezuela.
Les offensives menées de près ou de loin par les États-Unis en Amérique du Sud vise à asseoir leur mainmise sur la région. Ils cherchent à détruire les révoltes populaires contre leur domination et celles des bourgeoisies locales prêtes à faire des accords avec les États-Unis, et à accélérer les accords militaires et économiques. Nous ne pouvons que souhaiter leur défaite dans les affrontements qui les opposent, ainsi que leurs relais locaux, aux couches populaires. Nous espérons, tout comme en Argentine, qu’une intervention autonome des travailleurs réussie à sortir durablement ces pays de leur crise en rejetant l’impérialisme, et nous nous opposons à toute forme de soutien ou de complicité - y compris par le silence ! - de la France et l’Europe avec les États-Unis.
Privas, [Jussieu]