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Argumentaire

Contre les suppressions de postes dans l’education nationale

jeudi 13 mars 2008, par Adrien

Le gouvernement Sarkozy-Fillon a ouvert cette année 2008 par l’annonce d’un plan de suppression de 11 000 postes dans l’enseignement.

La suppression de postes signifie la baisse de qualité des enseignements : partout, et particulièrement dans les lycées populaires, les enseignements sont réduits à la portion congrue (lire, écrire, compter, cliquer... et suppression de différentes options comme le latin, le grec, l’art plastique…). Cela s’inscrit dans le cadre de la politique globale de déqualification menée par la bourgeoisie (et entérinée par le rapport Pochard) : il s’agît d’abaisser la qualification pour pouvoir abaisser les droits des travailleurs et leurs salaires. Il est évident qu’un jeune qui sort d’un lycée en sachant simplement cliquer sur son ordinateur et rédiger un CV sera moins payé que s’il a des compétences en langues étrangères, en maths…

D’autre part, il s’agît de baisser encore les moyens accordés à l’enseignement public pour pouvoir supporter la politique de cadeaux fiscaux faites aux patrons (15 milliards de cadeaux fiscaux accordés aux patrons en juillet… tandis qu’on annonce la suppression de 11000 postes d’enseignants).

Cette politique, enfin, favorise l’enseignement privé : les élèves qui ont les moyens préféreront payer plein pot pour aller suivre des cours de qualité dans un lycée privé tandis que les enfants d’ouvriers devront se contenter du strict minimum nécessaire pour pouvoir être bien exploités.

On voit donc bien que la politique de la bourgeoisie est globale et cohérente : comme dans l’enseignement supérieur, c’est la déqualification et la mise en place d’une éducation à deux vitesses qui est à l’ordre du jour. C’est bien le moyen qu’a trouvé la bourgeoisie pour une remise en cause durable des salaires des travailleurs : sans enseignement de qualité, pas de qualifications, et sans qualifications, pas de salaire décent ni de droits.

Concrètement, la mise en place du plan de suppression de 11000 postes d’enseignants se reflète dans les « Dotations Horaires Globales » (DHG) partout en baisse drastique.
Qu’est-ce que la DHG ? Il s’agit des moyens alloués par l’administration en heures d’enseignement. Le nombre d’heures alloué aux établissements dépend de critères déterminés par le ministère et les rectorats ; l’utilisation de ces heures relève des choix de l’établissement validés par le Conseil d’Administration (CA).

Une grande partie de la DHG est fixe et couvre le programme obligatoire qui doit être enseigné par matière dans chaque classe.

L’utilisation d’une autre partie et sa répartition entre les différentes matières est décidée à l’intérieur de l’établissement dans le cadre de son autonomie pédagogique.

Ces heures sont attribuées en fonction du nombre d’élèves (selon des prévisions d’effectifs, qui sont en général sous-estimés par l’administration) et se calcule sur la base du rapport H/E (heures par élève), elle varie suivant les sections, les niveaux, la taille des établissements.

Ces moyens se répartissent en heures-postes (heures couvertes par les obligations de services des enseignants) et des HSA (heures supplémentaires/année).

On voit donc que la DHG est l’élément déterminant dans la qualité des enseignements dispensés : une baisse de la DHG signifie une baisse des suppressions de postes, donc des baisses du nombre d’heures d’enseignement et l’augmentation du nombre d’élèves par classes. Dans certains établissements, la baisse est telle que la DHG est inférieure au minimum légal !

La baisse des DHG se traduit par deux effets principaux. D’une part, la baisse du nombre de divisions, c’est-à-dire du nombre de classes, et des volumes horaires. Cela signifie donc des classes surchargées et des enseignements réduits au strict minimum. Il est impossible d’étudier décemment dans des classes à 30 élèves voire plus ; et partout l’offre d’options rares ou moins rares diminue : ici, disparition du latin, là disparition de l’espagnol ou de l’allemand en LV1… Pour la bourgeoisie, il suffit que les travailleurs sachent lire, écrire, compter et cliquer !

D’autre part, l’augmentation des heures supplémentaires par années (HSA) : au lieu de créer des postes et d’embaucher des profs, on augmente le nombre d’heures qu’ils doivent effectuer dans leurs lycées. Mais tout le monde sait très bien que le travail des profs ne se limite pas au travail qu’ils effectuent sur le lycée. Comment préparer ses cours, comment faire des corrections en temps voulu, lorsqu’on passe la plupart de son temps sur son lycée à donner des cours ? Sans compter que certains profs, du fait des baisses de la DHG, sont obligés de donner des cours sur plusieurs établissements pour pouvoir remplir leur service ! Cela signifie donc qu’ils ont encore moins de temps à consacrer pour la préparation de leur cours, pour s’intéresser aux problèmes individuels de leurs élèves…

Face à cette politique, il est nécessaire de réaffirmer plus que jamais nos revendications. Celles-ci doivent se décliner sur deux plans.
D’une part, l’effet le plus palpable pour les lycéens est la suppression d’options et l’augmentation du nombre d’élèves par classes. Il faut donc bien appuyer sur le fait que pour pouvoir avoir des conditions d’études décentes, garantissant une éducation de qualité donc une véritable qualification, il faut refuser les classes surchargées. Plus que jamais, réaffirmons-le : pas plus de 25 élèves par classes ! Augmentation générale des DHG pour garantir une égalité dans l’offre d’options sur l’ensemble du territoire.

D’autre part, et cela permet de faire le lien avec les revendications étudiants, il faut réclamer l’embauche massive de profs. Cette revendication est plus que jamais d’actualité à l’heure où le gouvernement (cf rapport Pochard et déclarations de Pécresse) annonce vouloir supprimer les concours de recrutement à l’enseignement. Non à la suppression de l’agreg et du CAPES ! Augmentation générale des postes aux concours de recrutement !

Ces revendications exigent d’en finir avec la politique de cadeaux fiscaux pour les patrons : 15 Milliard d’euros d’exonérations patronales en juillet ! Contrairement à ce que dit le gouvernement, les caisses de l’Etat ne sont pas vides : il suffit de prendre l’argent où il est : dans les caisses du patronat !

Et pendant que Darcos annonce la suppression de 11000 postes d’enseignants, le « Plan banlieues » de Fadela Amarra prévoit l’embauche de 4000 flics dans les quartiers populaires. Et de la même façon, il n’y pas de problème d’argent lorsqu’il s’agît de déployer l’armée française au Tchad pour maintenir au pouvoir un dictateur sanguinaire. Plus que jamais : de l’argent pour les lycées, pas pour les flics ni pour l’armée !

D’ores et déjà, quelques victoires ont été obtenues, prouvant que la lutte paie. A Paris, au lycée Voltaire, la DHG prévoyait une baisse de plus de 100 heures, se traduisant par la suppression d’une seconde et d’une première S. Suite à la mobilisation des profs et des lycéens (manif devant le rectorat le vendredi des vacances, préavis de grève pour la semaine de 10/03), ceux-ci ont obtenu une augmentation de la DHG, la seconde et la première étant rétabli (et les 3 postes supprimés sont finalement maintenus). A Abbeville, dans la Somme, après une mobilisation des profs, des parents d’élève et des lycéens, les premiers résultats obtenus sont 20 heures pour le maintien de la deuxième classe de terminale L, le rétablissement du latin et le maintien d’un poste de prof de philo. Enfin d’après les infos recueillies, la mobilisation unitaire des profs et des lycéens (blocage du lycée et occupation) se développe au lycée Martin Luther King de Bussy Saint-Georges (77).

Comme quoi, nous avons raison de le dire : seule la lutte paie !

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