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Impact écologique, crises et capitalisme

dimanche 20 avril 2008, par Adrien

1. Impact écologique précapitaliste

Question qui se pose depuis 30 ans : quelle influence des crises écologiques sur les crises sociales (et vice versa) ? Exemple du Sahara ou des cités mayas.

Etudes au carrefour des sciences sociales et des sciences environnementales. Dans ce cadre, plusieurs théories.

1.1. Théorie « Collapse »

La croissance de la population intensifie la dégradation environnementale et provoque la disparition d’une société. Croissance de la population -> intensification agricole -> dégradations environnementales -> famine -> collapse.

Comme Malthus , théorisent qu’on a une progression exponentielle de la population mais une augmentation linéaire des ressources.

Pourtant, il n’y a pas de lien évident entre les deux. Cette théorie ne prends pas en compte le mode de production avec les limites qu’on imagine sur le chiffrage des ressources.

1.2. Dialectique entre développement et environnement

Ce qui confirme l’erreur de cette théorie, c’est ce lien dialectique entre les sociétés et l’environnement. De tout temps, l’homme a créé socialement les conditions de sa propre existence. Il y a donc un impact spécifique.

Les chasseurs-cueilleurs de la préhistoire ont laissé la place aux cultivateurs sur abattis-brûlis. Saturation des ressources due à l’augmentation de la population (sorte de crise écologique), réglée par l’innovation.

Même chose au moment du passage à une agriculture irriguée. La culture sur abattis-brûlis commençait à saturer (déforestations, etc.). L’apparition de la culture irriguée a été un progrès écologique, notamment dans le delta du Nil.

C’est le lien dialectique entre les sociétés humaines et l’environnement. Il faut aussi tenir compte de la productivité.

1.3. Modèle de Commoner

Autre modèle d’analyse de l’impact. L’impact serait fonction de la population, de la richesse et de la technologie d’une société. Mieux que la théorie collapsiste mais pas parfait non plus car il faut l’appliquer à une population homogène.

Or, si on prends l’exemple de la déforestation, la raison n’est ni la population ni la technologie mais dans 78% des cas la corruption.

Cette théorie est donc fausse si elle est généralisée.

1.4. Modèle tripolaire : Population – Environnement – Société

Chaque pôle influence l’autre et regroupe une palette de facteur qualitatifs mais aussi quantitatifs. Ils est donc impossible de faire un calcul global.

C’est un modèle dynamique et historique : « à partir du moment où une terre est cultivée, sa fertilité est une donnée historique ».

Il y a donc vraiment une relation dialectique entre l’environnement et les sociétés humaines.

1.5. La fausse métaphore de Rapa Nui (Île de Pâques)

D’après les malthusiens, il s’agit d’un collapse environnemental. D’après eux, ils ont détruit leur environnement en coupant les arbres pour construire les statues (Moaï) de l’île.

La question qui se pose, c’est qui sont les coupables entre les indigènes et les colons ? Ecocide ou génocide ?

Impossibilité de maintien d’une population de 15000 habitants avec les capacités productives qu’ils avaient.

Il est sur qu’il y a eu une crise écologique mais elle était liée à une crise sociale, notamment due à l’arrivée des colons (pillages, massacres et intégration de maladies inconnues).

1.6. Conclusion

Il y a eu des crises environnementales précapitalistes. Quelques caractéristiques :

 Elles sont locales.
 Elles correspondent à une mauvais utilisation des sols (jachère, brûlis, déforestation).
 Elles sont marquées par le bas niveau de la productivité du travail (jusqu’au XVe siècle, possibilité de nourrir 27 hab/km2).
 Elles sont souvent caractérisées par des pratiques prédatrices qui visent des valeurs d’usage (ex : coupage d’arbres pour nourrir les bêtes quand on manque de foin).

2. Impact écologique capitaliste

Avec le développement du capitalisme, il y a de grandes transformations. Quelques caractéristiques :

 On ne produit plus de valeurs d’usage mais des valeurs d’échange.
 Production généralisée de marchandise : on peut accumuler l’argent à l’infini, « la seule limite, c’est le capital lui-même ».
 Tendance à l’accumulation et donc à la surproduction. Implique une surconsommation.
 La concurrence pousse à la mécanisation. On a une course permanente à la révolution technologique. C’est le développement de la science pour l’innovation et donc pour les profits.
 Mondialisation.
 Les crises capitalistes sont des crises de surproduction, avec des besoins non satisfaits.

2.1. Spécificités de l’impact environnemental capitaliste

Beaucoup de différences dans l’impact écologique avec les sociétés précapitalistes.

 On passe d’un impact local à un impact global.
 Encore plus de pratiques prédatrices : pillage de l’environnement pour faire plus de profits. Appropriation des ressources naturelles.
 Nouveaux types d’impacts provoqués par le mode de production capitaliste (usines, transports, mines). L’impact est beaucoup plus grand.
 Avec l’innovation technologique, on rejette dans l’environnement des molécules qui n’existent pas dans la nature (pas forcément d’enzyme pour les dégrader).
Ex : nucléaire.
 Urbanisation de la population (concentration de la main d’œuvre).
Ces éléments donnent un impact sans précédent à la crise écologique.

2.2. Exemple : Système énergétique capitaliste

Au début, l’énergie de base des sociétés humaines était le bois. Cela a provoqué beaucoup de déforestations.

L’essor du capitalisme s’est essentiellement basé sur les hydrocarbures et le charbon qui sont des ressources fossiles. D’autres ressources ont été écartées car elle ne sont pas assez rentables financièrement (solaire, hydraulique, etc.).

Dans la société capitaliste, on a une centralisation du capital et donc aussi une centralisation de la production. Cette centralisation découle de l’appropriation des ressources énergétiques. Elle est absurde car 40% des transports maritimes concernent les combustibles fossiles.

Il ne faut donc pas oublier l’aspect géostratégique.

2.3. La question technologique

Question qui n’est pas prise en compte par tous les écologistes.

Pour les collapsistes, la technologie provoque la destruction de l’environnement, mais elle est un produit nécessaire car c’est elle qui fournit les conditions de notre existence.

Il n’y a pas de neutralité technologique en soit. Exemple : L’énergie photovoltaïque a été découverte en 1832 par Becquerel . Aujourd’hui, avec le projet ITER, on cherche à reproduire le soleil en laboratoire. Pourtant, l’énergie solaire qui arrive sur terre et qui est utilisable est 10 000 fois supérieure à la consommation énergétique actuelle. Il n’y a pas de neutralité dans le progrès technologique. Il est socialement déterminé.

Tous ces éléments montrent qu’on a besoin d’une alternative de civilisation. La crise écologique menace d’une combinaison de crises sociales et environnementales. Cela contribue à faire de la crise du capitalisme une double crise.

2.4. Ecosocialisme

L’écosocialisme n’est pas un concept nouveau, ni une nouvelle façade au marxisme.

C’est une des leçons des expériences révolutionnaires du XXe siècle : rupture avec le productivisme à outrance (croissance illimitée des forces productives) et démocratie socialiste ?

L’écosocialisme, c’est essentiellement un programme de revendications.

Il est faux de dire que Marx n’a pas pris en charge ces questions. Il a certains défauts productivistes, mais il ne faut pas se défausser sur lui de nos propres problèmes (non prise en compte de ces questions par les générations militantes précédentes).

3. Le cas du changement climatique

3.1. Changement climatique

3.1.1. Effet de serre

L’effet de serre est un effet naturel. Sans ça, on serait à -18°C en moyenne à la surface de la Terre. Il existe différents gaz à effet de serre : H20, CO2, CH4. L’atmosphère joue ce rôle de sphère.

L’effet de serre est un mécanisme autorégulé par la biosphère :
 Absorption par les plantes vertes (par fabrication de matière organique).
 Absorption par les océans (par dilution dans l’eau).
 Altération des calcaires et silicates.

C’est grâce à ça qu’on a une stabilité relative de la température.

L’augmentation des gaz à effet de serre renforce cet effet de serre et fait augmenter la température.

3.1.2. Cycle du carbone

Réservoirs de carbone : Atmosphère (780 Gt), Biosphère (610 Gt), Hydrosphère (39 900 Gt), Lithosphère (50 000 000 Gt).

C’est un cycle car le carbone est libéré après être capturé, mais parfois, ce cycle est très long (échelle géologique).

Le problème actuel réside dans le fait que le capitalisme puise dans les ressources de carbone fossile. Il injecte du carbone issu du cycle long dans le cycle court.

3.1.3. Causes

Depuis 1750, on peut mesurer une augmentation de 31% de la concentration en dioxyde de carbone, de 15% de la concentration en protoxyde d’azote et de 150% de la concentration en méthane.

Ce qui est en cause, c’est la production par l’industrie (gazs fluorés) et l’utilisation des sols qui change et l’agriculture (CO2, N2O et CH4).

Aujourd’hui, on atteint une concentration qui n’a jamais été atteinte depuis 20 millions d’années et l’évolution prévue sur le long terme sont catastrophiques : Processus de réchauffement global.

3.1.4. Conséquences

Les toutes petites différences de températures ont une grosse influence :
 La fonte des glaciers peut provoquer une hausse de plusieurs mètres du niveau de la mer (+ 10 à 20 cm au XXe, jusqu’à + 88 cm au XXIe).
 Glace : 10% de banquise en moins tous les dix ans.
 Violences des évènements météos extrêmes (tempête de décembre 99, cyclone Katrina en 2006).
 Risque de baisse de 25% de la biodiversité.
 Sécheresses et inondations (selon les endroits)
 Perturbations dans la circulation thermo-haline.

3.2. Impacts sociaux

Les populations côtières sont particulièrement menacées (jusqu’à 150 millions d’ici à 2050, essentiellement dans les pays dominés).

Dans certaines régions, on aura plus de précipitations et ailleurs moins de précipitations. Implique des changements dans la productivité agricole et sur la possibilité de cette production.

On a aussi une extension des zones à risque pour les maladies des pays chauds comme la malaria.

3.3. Les solutions existent !

Il est trop tard aujourd’hui pour empêcher le réchauffement climatique, mais on peut encore limiter la casse. Tout dépends du niveau de stabilisation des gaz à effet de serre.

Une hausse qui se limite à + 2°C correspond à une stabilisation à 450 ppm (384 ppm aujourd’hui). Cette stabilisation implique de baisser de 60 à 80% les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

La cible principale est donc le CO2. Pour s’y attaquer sérieusement, il faut sortir des énergies fossiles. C’est possible sans retourner à la bougie.

1. L’énergie solaire qui arrive sur terre est 10000 fois supérieure à la consommation énergétique mondiale. 0,1% de cette énergie est utilisable avec les connaissances technologiques actuelles.

Avec les autres énergies renouvelables, on arrive (en estimation basse) à 6 à 7 fois les besoins énergétiques mondiaux.

2. On peut faire d’énormes économies d’énergies (transports, efficacité énergétique, etc.) sans baisse du niveau de vie.

3.4. Kyoto et les perspectives de réponses capitalistes

Jusqu’à présent la bourgeoisie réagit nettement en deçà de ce qui serait nécessaire.

Le protocole de Kyoto qui faisait il y a peu valeur d’exemple dans leur réaction est vraiment ridicule. Il s’agirait d’un baisse de 5,2% des émissions de gaz à effet de serre, soit une baisse de seulement 0,1°C de température.

Avec la non ratification par les Etats-Unis, on se limite à une baisse de 1,7%.

Il est à peu près certain qu’un réaction se prépare dans la bourgeoisie. Les dernières évolutions, notamment en France avec le grenelle de l’environnement, montrent la prise de consciences par la classe dominante que sans prise en compte de ces problématiques, elle va au devant de gros problèmes.

L’enjeu pour eux est de faire du marché de l’écologie un marché rentable. Les premières victimes seront donc les plus pauvres.

3.5. Nécessité d’une alternative

Grandes lignes de ce que doit être notre orientation pour défendre un autre projet au niveau de l’écologie :

 Réduction de la demande d’énergie des pays développés (efficacité énergétique).
 Remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables.
 Transfert massif des technologies propres vers les pays en voie de développement.
 Soutien à l’agriculture paysanne et aux communautés indigènes
 Reconstruction des productions locales.

Il faut donc un PLAN MONDIAL, indépendant des COUTS et des PROFITS, qui soit mis en œuvre par des entreprises PUBLIQUES, pour la satisfaction des BESOINS REELS, sociaux et environnementaux. Le principe de base doit être le BIEN COMMUN de l’énergie et des autres ressources. Il faut la redistribution des richesses.

Sur le financement, la vente des produits pétroliers correspond à 2000 milliards d’euros par an. Le cout réel est de 500 milliards. Soit 1500 milliards d’euros de profit.

Objectif, construire un mouvement mondial de lutte pour le climat et la justice sociale.

Exemples de revendications anticapitalistes :
 Transports publics gratuits
 Plan public d’isolation des logements
 Plan public de développement du solaire
 Développement du ferroutage
 Arrêt des subsides agricoles à l’exportation
 Réorientation de la recherche au service des besoins
 Nationalisation de la production d’anergie
Etc.

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