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En Russie : autre président, màªme combat !
mercredi 30 avril 2008, par
Les dernières élections législatives russes (décembre 2007), aux résultats très contestés, ont été une répétition générale : le parti de Poutine, « Russie unie », y a récolté plus de 64 %, emportant une écrasante majorité à la Douma, chambre basse du Parlement. Pour des élections présidentielles (mars 2008) que chacun considérait comme jouées d’avance, l’enjeu résidait dans la participation. Medvedev, ancien vice-premier ministre de Poutine et président du CA du grand groupe énergétique Gazprom, était en effet le successeur désigné du président russe : soutiens financiers, grands médias aux ordres, impossibilité pour nombre de groupes d’opposition de faire la campagne, un consensus général s’était ainsi établi pour laisser à Poutine les rênes du pouvoir, sans qu’il ait à changer la constitution (qui lui interdit de briguer un troisième mandat).
Les dernières élections
Il s’agissait donc de faire voter une population russe assez peu dupe du jeu truqué auquel elle était conviée. De l’incitation à la pression, le pas a été largement franchi dans un certain nombre de régions. Avec près de 70 % de participation, l’élection de Medvedev a atteint son objectif. Le candidat du Parti communiste de la Fédération de Russie (PCFR), Ziuganov, a trop déçu par ses accointances avec le Kremlin. Avec le populiste d’extrême droite Zhirinovski et le « quatrième candidat », centriste, Bogdanov, il a permis à « l’opposition » de Medvedev d’être à la fois suffisamment présente et peu dangereuse pour sauver les apparences. Le nouvel empire russe a désormais un dirigeant que les démocraties occidentales reconnaissent comme légitime.
Medvedev a pour objectif de poursuivre la casse de toutes les conquêtes sociales entreprise par Poutine : code du travail, immobilier, droit à l’avortement… Il s’agit de poursuivre la réforme des retraites et la privatisation des services publics d’éducation et de la santé.
Les dernières luttes
Depuis 2004 le mouvement social russe se constitue et s’organise. Malgré l’absence d’alternative politique connue et crédible, malgré une répression féroce de toute tentative de contestation d’un régime clairement autoritaire, ça bouge. Un mouvement d’ampleur nationale a su, en 2004, puis en 2005, faire reculer - partiellement, certes, mais le fait est inédit - le gouvernement sur la « monétisation des avantages sociaux » qui, entre autres mesures, supprimait le droit aux transports gratuits dont bénéficiaient des milliers de personnes – les plus économiquement fragiles.
Depuis 2005-2006, les logements collectifs sont remplacés par des duplex aux loyers prohibitifs, refoulant loin des villes des populations précaires qui n’ont plus les moyens de se loger dans les centres urbains. Des soviets (conseils) de quartier se mobilisent encore régulièrement pour lutter contre ces attaques.
Des collectifs se sont aussi créés autour du refus de la loi « d’autonomisation des institutions », qui tend à privatiser tout le système scolaire : elle condense tout ce contre quoi ont lutté les étudiants et lycéens européens ces dernières années. Privatisation, « harmonisation » européenne (les mandarins des universités russes louchent sur le LMD), augmentation des frais d’inscription. Face à la répression étatique et universitaire, la plupart des tentatives de créer des syndicats étudiants de lutte ont échoué ; mais les collectifs « l’éducation pour tous » tend à pallier ce manque.
Des organisations politiques prétendent se distinguer des vieux outils peu crédibles comme le PCFR de Ziuganov : Iabloko avec Iavlinski, L’Autre Russie avec Kasparov. Mais les bases politiques social-démocrates du groupe de Kasparov ne peuvent laisser aucune illusion quant à l’alternative proposée.
Malgré tout la participation des militants du mouvement social russe croît dans les rassemblements altermondialistes.
Parallèlement, la lutte des travailleurs semble s’intensifier ces dernières années ; du moins des perspectives s’amorcent : une nouvelle génération de salariés, souvent plus jeunes, sans illusion sur le syndicalisme d’accompagnement, se réunit dans la Fédération des Syndicats de Russe, nouvelle fédération dite « alternative ». Zachita Truda, syndicat alternatif et radical (90 000 adhérents), connaît un certain essor. Les travailleurs s’organisent, mais doivent faire face à une forte répression dans les boîtes comme dans la rue (interdiction de la plupart des manifestations) qui conduit parfois les salariés mobilisés à employer des moyens comme la grève de la faim (dernièrement à Iaroslav).
En avant !
Participant à toutes ces initiatives – collectifs, nouveaux syndicats – les militants du groupe trotskyste Vperiod (en russe, signifie « en avant ») présents essentiellement à Moscou, mais aussi à Samara, Saratov ou Iaroslav, sont extrêmement actifs malgré toutes les difficultés qui se posent en Russie à qui veut militer.
S’investissant autant dans le milieu étudiant qu’ouvrier, ils posent les jalons pour construire une nouvelle force qui saura s’opposer et offrir une alternative à la politique ultralibérale qui, le 2 mars, a simplement changé de serviteur.
Fanny, [Bordeaux]
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