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Il y a 70 ans, la Quatrième Internationale !

dimanche 8 juin 2008, par Adrien

Dès sa naissance au XIXe siècle, le mouvement ouvrier s’est créé sur des bases internationalistes, ainsi que le formulaient Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » et « Les travailleurs n’ont pas de patrie »

Histoire des internationales ouvrières

La Première internationale, créée en 1864, est essentiellement un regroupement d’associations de secours mutuelles et des syndicats de certains pays (notamment l’Angleterre). Elle est dissoute en 1872, après la défaite de la Commune de Paris, suite à de fortes divergences internes entre les courants anarchistes et marxistes.

En 1892, à l’initiative d’Engels, est fondée l’Internationale Ouvrière, ou Deuxième Internationale. Elle rassemble les partis socialistes et les premières organisations de masse du mouvement ouvrier. Dans certains pays, comme l’Allemagne, ses organisations regroupent des millions de travailleurs. Son développement correspond à une longue phase d’expansion du capitalisme. Ce qui fait émerger, chez certains dirigeants, l’idée que le capitalisme pourrait aller progressivement vers la résolution de ses contradictions, sans qu’il y ait besoin de le renverser.

La Deuxième Internationale va connaître une dérive institutionnelle et réformiste. Petit à petit, les décisions se prennent par en haut, par une minorité de bureaucrates syndicaux et politiques confortablement installés dans leurs privilèges. Ce qui s’accompagne de l’idée que l’essentiel de l’action politique se situe dans les institutions bourgeoises, dans les Parlements, et non plus dans la rue et dans la confrontation avec ces institutions du système. Cette évolution se transforme en trahison historique lors du déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Jusque-là, les organisations de la Deuxième Internationale faisaient toutes campagne contre la guerre qui menaçait. Mais il a suffit que les partis bourgeois de chaque pays leur mettent la pression pour que ces organisations ouvrières intègrent l’ « Union Sacrée », c’est-à-dire soutiennent chacune leur bourgeoisie nationale contre les autres pays. Dans presque tous les pays, les députés ouvriers ont voté pour la guerre, avec leur bourgeoisie. Résultat : une boucherie où 10 millions d’ouvriers se sont massacrés pour permettre à leur bourgeoisie de plus s’enrichir que la bourgeoisie voisine…

Cette trahison et l’impact de la Révolution Russe de 1917 vont amener à la création des partis communistes, opposés à la guerre et aux institutions bourgeoises. Ils se regroupent en 1919 dans la Troisième Internationale. Dans cette vague mondiale de radicalisation, des partis communistes se créent partout sur la planète, et regroupent les militants ouvriers les plus combatifs dans un véritable parti mondial de la révolution. À partir du milieu des années 1920, l’épuisement des forces vives de la Révolution Russe et son isolement international, vont favoriser l’émergence d’une bureaucratie qui va mettre en place la contre-révolution stalinienne. La stalinisation touche aussi rapidement l’Internationale Communiste. De parti mondial de la révolution, elle se transforme en un simple outil diplomatique de l’URSS, qui lui permet de maintenir l’équilibre des forces internationales pour garantir la tranquillité de la bureaucratie stalinienne. Cette dérive va même jusqu’à lui faire abandonner et trahir plusieurs révolutions. Ainsi, la politique dramatique de l’Internationale Communiste stalinisée est la cause principale de la défaite de la Révolution chinoise en 1925-1927, de la victoire du nazisme dans l’Allemagne des années 30, de l’arrêt des grandes grèves de 1936 en France, de la défaite de la Révolution espagnole en 1936-1939… Bref, le bilan est lourd !

La Quatrième Internationale tire ses origines du courant oppositionnel à la politique stalinienne en URSS, l’Opposition de Gauche, dirigée par Léon Trotski. Celui-ci fonde cette nouvelle internationale en 1938, avec les quelques oppositionnels qui ont échappé au goulag et au fascisme. Très minoritaire dès sa création, la Quatrième Internationale a quand même permis la sauvegarde et la transmission des idées marxistes révolutionnaires et internationalistes, au moment où fascisme, impérialisme et stalinisme écrasaient les espoirs de toute une génération, avec la Deuxième Guerre Mondiale qui approchait à grands pas .

La Quatrième Internationale, même petite et isolée, a réussi à soutenir activement les révolutions anticoloniales de l’après-guerre, notamment la lutte de libération nationale algérienne. Les militants trotskistes français et belges, par exemple, ont réussi à créer une filière de faux papiers et à monter une usine d’armement clandestine pour les Algériens, et certains se sont fait arrêter alors qu’ils essayaient de déstabiliser l’économie coloniale française avec un réseau de fausse monnaie…

Les années 60 et 70 ont connu un essor de la Quatrième Internationale. Ses militants ont réussi à jouer un rôle décisif dans les mouvements de masse, notamment dans la jeunesse : mouvement contre la guerre du Vietnam aux États-Unis, Mai 68 en France, révoltes étudiantes et ouvrières en Europe…

Aujourd’hui présente dans plus de quarante pays, elle n’attend pas le « grand soir », mais tend vers un mouvement international de masse, en stimulant l’unification des luttes sociales à travers le monde. Il s’agit donc avant tout d’un mouvement qui propose des pistes alternatives au capitalisme.

Notre internationalisme

À l’heure actuelle, l’impérialisme va de pair avec l’économie capitaliste. Les forces productives et le capital sont depuis longtemps organisés internationalement, et continuent de s’organiser à travers le processus de mondialisation. Il y a donc une nécessité, au nom de la lutte des classes, de nous aussi nous organiser de manière structurée au niveau international. Le fait est qu’une révolution dans un seul pays est vouée à l’échec, car elle serait victime de la répression des pays capitalistes, puis de la bureaucratisation, comme ce qui est arrivé en URSS. Pour que cette révolution s’internationalise rapidement, il faut donc s’appuyer sur les luttes sociales à un niveau international et battre le fer tant qu’il est chaud !

La IVe Internationale refuse le principe d’exploitation de l’homme par l’homme, il s’agit donc d’un programme chargé d’améliorer et d’appliquer les théories et pratiques marxistes révolutionnaires avec l’aide de ses militants. La vision internationaliste de l’organisation passe donc par l’anti-impérialisme, avec notamment le droit à l’autodétermination des peuples (luttes au Pays Basque et en Corse par exemple).

Mais cette vision passe également par les luttes contre le racisme, ce dernier tentant de diviser les populations qui ont les mêmes intérêts dans le but de mieux régner.
La IVe Internationale est également partie prenante des luttes contre le sexisme, l’homophobie et toutes les oppressions spécifiques, sur lesquelles s’appuient les États bourgeois.

Enfin, la IVe Internationale s’inscrit dans les luttes écologistes, qui rejoignent celles contre le capitalisme, car c’est dans sa recherche effrénée de profits que celui-ci détruit notre planète.

Nous voyons donc que les problèmes les plus urgents de notre temps sont internationaux : les paradis fiscaux, la dette du Tiers-Monde, la menace de catastrophe écologique, les discriminations envers les minorités exploitées sont des thèmes récurrents qui exigent des solutions mondiales. La IVe Internationale est donc un outil révolutionnaire, qui s’oppose au capitalisme par un projet international émancipateur, démocratique, égalitaire. De nouvelles formes de luttes apparaissent, avec notamment le mouvement altermondialiste, né avec la révolte des Indiens du Chiapas, en 1994, au Mexique, et le rassemblement des forces syndicales, écologistes, et anticapitalistes contre l’OMC à Seattle en 1999. La création de partis de masse anticapitalistes permettra donc à terme de rassembler ces forces, et de pouvoir lutter plus efficacement pour pouvoir révolutionner cette société qui marche à l’envers.

Victor et Elsa, [Tarbes], Carlito, [Nanterre]

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