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Liban : Situation politique après un mois de mai agité
dimanche 8 juin 2008, par
Après une semaine de combats, le retour à un calme relatif au Liban se solde par un succès pour le Hezbollah.
Le gouvernement de Siniora a tenté de reprendre l’initiative contre lui en annonçant la mise hors-la-loi du système de télécommunications du Hezbollah et le limogeage du responsable de la sécurité de l’aéroport de Beyrouth, réputé proche du parti. En réponse, sa milice a pris l’offensive, bloquant l’aéroport et occupant finalement tout l’ouest de la capitale libanaise. Siniora a dû reculer en confiant à l’armée le soin de juger de l’application ou non de ses deux décisions. L’armée ayant décidé de ne pas les appliquer, les milices se sont retirées.
Depuis des mois, et en particulier depuis la guerre menée en 2006 par Israël contre le Hezbollah, la situation est bloquée. Sorti renforcé par l’échec de l’offensive israélienne, le Hezbollah réclame une plus grande place dans le gouvernement. Siniora soutenu par les États-Unis, la France et les régimes arabes pro-occidentaux s’accroche au pouvoir, accusant Nasrallah de n’être qu’un pion dans les mains des régimes iranien et syrien. Depuis des mois, l’élection du président est repoussée, et une partition de fait s’installe entre les zones contrôlées par les différentes milices.
La tentative du gouvernement de marquer des points contre le Hezbollah se solde par un échec. Cela accentue le rôle d’arbitre d’une armée qui, de peur d’éclater entre ses différentes composantes religieuses, doit ménager le Hezbollah et désavouer le gouvernement en place. Celui-ci en sort affaibli, avec la démonstration que ses alliés ne sont pas en état de le soutenir. Israël peut difficilement reprendre l’offensive contre le Hezbollah. Les États-Unis sont suffisamment englués en Irak et en Afghanistan pour hésiter à ouvrir encore un autre front par une intervention au Liban.
Les Libanais n’ont aucun intérêt au rôle d’allié de l’occident impérialiste auquel le gouvernement voudrait enchaîner le pays. C’est ce choix appuyé sur la division en communautés religieuses qui a conduit à la guerre civile de 1975-1990. L’entêtement des dirigeants des communautés chrétiennes, puis musulmane sunnite et druze, à confirmer ce choix, a entraîné en retour le renforcement du Hezbollah au sein de la communauté musulmane chiite.
Tout cela met le pays au bord d’une nouvelle guerre civile. Ce sont les différentes fractions de la population qui payent les choix de leurs dirigeants. Lors de son offensive, la milice du Hezbollah s’en est prise à la population musulmane sunnite, en la chassant de certaines rues et parfois en tuant.
Le Hezbollah cherche à donner à sa lutte un visage social, la CGTL qu’il contrôle ayant par exemple appelé à la grève pour l’augmentation du salaire minimum. Mais ce n’est évidemment pas le premier souci d’un parti qui est aussi celui d’une des fractions des couches dirigeantes libanaises.
Depuis la guerre de 2006, la population souffre notamment des conséquences des destructions, de l’inflation, du blocage de l’économie et du chômage. Cette dernière crise ne fera que rendre les problèmes plus aigus et apporter un lot supplémentaire de souffrances. Aucun des problèmes de la population ne sera résolu sans son intervention directe sur la base de ses propres intérêts.
Molinier, [Argenteuil]
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