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Résistance irakienne contre l’occupation

dimanche 8 juin 2008, par Adrien

« Nous ramènerons l’Irak à l’âge de pierre ! " disait Collin Powell en 1991. Cinq ans d’occupation, cinq ans d’une guerre qui fait mal. Les pertes civiles se comptent aujourd’hui en centaines de milliers de morts. Les 3 millions de réfugiés, victimes de pillages et de violences, s’entassent dans des camps. La peine de mort est rétablie depuis 2004. En 2007, au moins 33 personnes ont été exécutées. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 21.2 % des Irakiennes ont été victimes de violences physiques en 2006-2007. Et pour finir, n’oublions pas que les conditions économiques sont déplorables. La plupart des Irakiens manquent de nourriture, d’abris, d’eau et d’hygiène… sans parler de l’accès à l’enseignement, à la santé ou à l’emploi. En juillet 2007, 70 % des Irakiens n’avaient pas accès à l’eau potable et 43 % vivaient avec moins d’un dollar par jour.
Et c’est dans ce contexte économique et social qu’il faut d’abord analyser la situation irakienne.

Résistance populaire et recul des impérialistes

Avant l’invasion américaine, l’Irak était déjà divisée et de nombreuses tensions grandissaient entre Chiites, Kurdes et Sunnites. L’impérialisme US s’est appuyé sur ces divisions pour affaiblir la résistance contre son occupation. Mais cette dernière s’est organisée et parfois l’unité contre l’ennemi commun refait surface. C’est ce qu’il s’est passé à Bassora en mars dernier.

Moqtada al-Sadr mène une grande partie de la résistance, le mouvement sadriste. Il est à cet égard considéré par les USA comme l’une des têtes à couper pour ramener la « paix ». L’attaque de l’armée américaine et de l’armée irakienne contre Bassora s’inscrit donc dans cette logique d’écrasement de sa résistance, Bassora étant le siège de Moqtada.

Pourquoi cette offensive ? Car Bassora représente un enjeu stratégique dans le contrôle du pétrole et que la popularité du mouvement de Moqtada al-Sadr risquait de remettre en question l’autorité du Conseil Suprême Islamique Irakien, lié aux États-Unis, et contrôlant institutionellement la ville.

Mais la population en révolte est descendue dans les rues, créant d’énormes manifestations de plusieurs centaines de milliers de personnes et empêchant les troupes irakiennes d’entrer dans la ville. Une bonne partie de ces troupes refusa d’ailleurs d’engager le combat ou fit défection en faveur des rebelles. Mais ce n’est pas tout car de nombreuses autres villes chiites se soulevèrent telles que Nassiriya, Kut ou Hilla. Surmontant les divisions ethniques qui ont ravagé la région pendant deux ans, parfois jusqu’à la guerre civile, des organisations sunnites ont appelé à la solidarité et l’unité avec la révolte de Bassora.

Seule réponse de la coalition : la violence, avec des raids aériens qui tuèrent un grand nombre de personnes et des tirs de barrages sur Bagdad. Mais il ne leur restait plus qu’à appeler à une trêve. Le gouvernement irakien perd ainsi toute légitimité en révélant sa subordination aux intérêts états-uniens. Après la grève des travailleurs contre la privatisation du pétrole et l’épisode de Bassora, la résistance vient porter un nouveau coup d’arrêt à la politique de Bush dans la région.

Romain et Keira, [Lille]

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