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Renouveau des luttes en Egypte

dimanche 8 juin 2008, par Adrien

« Depuis des années, il y avait de petits réseaux militants qui avaient du mal à aboutir. Puis tout d’un coup, il y a ce mouvement de dizaines de milliers de gens qui obtiennent leurs revendications ». Cette phrase du camarade égyptien Sameh Naguib résume bien la situation politique que traverse ce pays. Paralysé par la crise économique, la pénurie de pain, et par le parti pris pour l’impérialisme US, le régime de Moubarak fait face au développement de puissants mouvements sociaux ces dernières années. La ville de Mahalla, qui abrite le plus grand complexe d’usines du Moyen-Orient, est le fer de lance de ce renouveau des luttes. De cette dynamique émergea une nouvelle génération militante, dont beaucoup de femmes. Ce sont les travailleuses du textile qui ont entraîné les hommes à faire grève. Les tâches des révolutionnaires engagés dans le mouvement sont de reconstruire un réseau de luttes, démonter les bureaucraties syndicales contrôlées par le pouvoir, et d’axer ces luttes vers un mouvement général contre l’impérialisme et ses alliés.

Le point culminant a été atteint par la grève générale du 6 avril, appelée par divers secteurs en lutte. Elle a donné lieu à des manifestations massives réunissant étudiants, universitaires, ouvriers, et habitants des villes. La répression et les combats de rue ont été terribles. Selon l’appel du Centre d’études socialistes du Caire, on dénombre 800 arrestations au Caire, dont 150 militants, et 600 à Mahalla, dont pas mal de femmes et d’enfants. Les deux organisateurs clés du mouvement, deux ouvriers à Mahalla qui sont Tarek Amin et Kamal el-Faioumy, ont été arrêtés. Cette journée rappelle pour beaucoup d’Égyptiens l’ « Intifada du pain » de 1977. Ce soulèvement intervient la veille des municipales, et a démonté de manière éclatante cette farce électorale. Cette fois, et on le voit clairement, ce sont les luttes ouvrières qui affrontent le pouvoir, et montrent que la voie du changement, ce ne sont ni les concessions, ni les élections. Et on comprend pourquoi cette initiative, à cette date-là, n’a pas du tout plu au régime ! Les jours suivants, Mahalla fut encerclée par les forces de l’ordre, et les protestations continuèrent.

Des victoires sont possibles, et des augmentations de salaire ont été obtenues. Mais la répression d’État est terrible. L’état d’urgence existe depuis près de 30 ans, et donne droit à la pire des tortures. Les camarades nous demandent de les soutenir, d’organiser des manifestations devant l’ambassade d’Égypte pour libérer les prisonniers politiques. De même, le projet d’Union Méditerranéenne entre Sarko et Moubarak donne lieu à des manigances néolibérales et guerrières que nous devons dénoncer.

Sellouma, [Sorbonne-Tolbiac]

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