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Moyen Orient : Une zone clé pour l’impérialisme et pour la résistance !

dimanche 8 juin 2008, par Adrien

Septembre prochain sera le septième anniversaire des attaques contre les Twin Towers à New York, l’événement qui a servi de prétexte aux États-Unis pour déclencher un vaste projet de redéfinition de la carte géopolitique du Moyen-Orient, projet appelé « guerre permanente contre le terrorisme ». Nombreuses justifications ont été données pour légitimer ce projet. Mais celle qui paraît aujourd’hui la plus révoltante est celle qui consistait à expliquer que les États-Unis avaient le devoir d’apporter à la région la démocratie et la stabilité et de libérer les peuples de la région des tyrans qui les oppriment. Même sans mentionner le soutien inconditionnel des États-Unis à trois dictatures parmi les plus sanglantes au monde (celle de Moubarak en Égypte, le royaume saoudien et celle de Musharraff au Pakistan) le constat qu’on doit faire aujourd’hui est que le résultat est exactement le contraire des buts affichés. La démocratie n’existe ni en Irak ni en Afghanistan – les deux pays que les États-Unis sont censés avoir libérés – et les tensions et les conflits armés se multiplient dans la région jour après jour. Quant aux peuples censés être libérés par les Américains, ils sont déterminés à se battre contre les occupations ou contre les régimes soutenus par les États-Unis.

Dans l’ensemble de la région allant de l’Égypte au Pakistan une polarisation de plus en plus forte s’opère entre les forces pro-américaines et les forces antiaméricaines. D’un côté, on retrouve les forces d’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan, les régimes arabes dits « modérés » - notamment la Jordanie, l’Égypte et l’Arabie Saoudite – le gouvernement fantoche irakien et les forces armées qu’il contrôle, les forces libanaises composant jusqu’à très récemment la majorité « anti-syrienne », le président Pakistanais Musharraff et puis Israël. De l’autre côté, on retrouve les régimes antiaméricains comme la Syrie et l’Iran, les forces des résistances irakiennes et afghanes qui se battent contre l’occupation (résistances armées, civiles et ouvrières), les organisations qui s’opposent à Israël comme le Hamas en Palestine et le Hezbollah au Liban et les forces d’opposition aux régimes égyptien et pakistanais (qui se composent par plusieurs composantes comme des organisations et mouvements revendiquant des réformes démocratiques mais aussi par des mouvements ouvriers, surtout en Égypte).

Le cœur de la situation

Ce qui est au cœur de ce processus d’affrontement avec l’impérialisme américain est l’occupation de l’Irak. L’armée d’occupation n’arrive pas à s’imposer et cela renforce tous les opposants des États-Unis puisque cela entame la capacité de l’armée américaine à intervenir ailleurs. Cette situation résulte sur deux choses : d’un côté, tous ceux qui ont intérêt à s’opposer aux Américains reprennent confiance et défient ouvertement Bush et de l’autre, face à cet antiaméricanisme renforcé, l’administration américaine se sent obligée d’attaquer plus fort. Soit elle le fait par le biais de ses propres forces armées (comme en Irak ou en Afghanistan avec le renforcement numérique des troupes américaines) soit par le biais de ses vassaux ou alliés (comme en l’été 2006 avec la guerre menée par Israël au Liban, les incursions israéliennes à Gaza ou les envois des troupes supplémentaires en Afghanistan par les alliés comme la France).

Les forces antiaméricaines

Le « bloc » antiaméricain n’est évidemment pas homogène. Il est composé de classes sociales aux intérêts antagonistes mais avec un intérêt commun à combattre l’impérialisme américain. Il est de ce fait composé par des courants politiques avec des références idéologiques différentes, comme par exemple l’islamisme radical (avec des variantes importantes allant de l’islamo-nationalisme du Hezbollah libanais ou de Moqtada al-Sadr en Irak aux Frères Musulmans sunnites en Égypte et au Hamas en Palestine) d’un côté mais aussi des forces issues du mouvement ouvrier comme le Parti Communiste Libanais, le FPLP en Palestine, le syndicat des travailleurs du pétrole du sud de l’Irak (la FISP, cf. article dans RED 90) et d’autres.

L’événement qui donne le plus d’espoir pour voir se renforcer les forces ouvrières qui se battent contre l’impérialisme au Moyen-Orient est la vague de grèves et de contestations qui s’est déclenchée en Égypte depuis janvier 2006 (cf. l’article sur l’Égypte). La classe ouvrière égyptienne est la classe ouvrière arabe la plus puissante car la plus nombreuse. Elle se bat contre l’un des principaux alliés des États-Unis dans le monde (l’Égypte est le deuxième pays après Israël pour l’aide militaire américaine) et ses avancées contre Moubarak renforcent le combat de tous les anti-impérialistes dans le Moyen-Orient. Ses avancées renforcent aussi le développement d’un mouvement ouvrier arabe capable de se battre contre l’impérialisme et pour ses propres intérêts en tant que classe.

Christakis, [Censier]

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