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Les émeutes de la faim ou la famine organisée

dimanche 8 juin 2008, par Adrien

Si on écoute les médias occidentaux, les émeutes de la faim seraient un tragique évènement dû à une pseudo « pénurie alimentaire dans ces pays-là ». Pourtant, on produit actuellement deux à trois fois plus de bouffe que nécessaire pour nourrir la population mondiale. Et ce n’est pas depuis quelques mois que plus de la moitié de cette population est affamée. Alors la révolte des peuples de plus d’une trentaine de pays du Sud, majoritairement en Afrique, est plus que légitime et même un nouveau souffle d’espoir pour tous les peuples des pays les plus opprimés par le système capitaliste.

Un seul coupable : le capitalisme

L’explosion des prix (de 30 % à 300 %) des matières premières n’est pas un accident, comme voudraient nous le faire avaler les dirigeants avec un cynisme à faire vomir : c’est le résultat des choix des capitalistes dans un contexte de crise économique. Ils sont prêts à affamer des populations entières en s’accaparant toujours plus les richesses des pays du Sud pour sauver leur argent et augmenter leurs profits (+ 58 % cette année !).

Un cri de révolte qui fait trembler les bourgeoisies au pouvoir

Les populations en lutte dénoncent bien sûr la hausse des prix qui constitue une menace de famine et de morts pour des millions de gens ; mais le ras-le-bol s’exprime également contre toute la misère et l’humiliation que leur font subir les mécanismes du système et du néocolonialisme, en pillant leurs ressources et en maintenant une domination politique et sociale sur le Sud à la solde des bourgeoisies du Nord. Dans les pays confrontés aux révoltes sociales en Afrique, les gouvernements et l’élite européenne ont adopté une stratégie d’étouffement des luttes. Ils répriment militairement les révoltés, ils proposent des mesures d’urgence pour gagner du temps, ils ferment davantage les frontières. Au passage, les capitalistes s’en sortent avec une énième sortie de crise humanitaire grâce à l’ONU, bonne conscience de la mondialisation, qui exige une rallonge de 500 millions de dollars pour le Programme alimentaire mondial et l’amélioration de « l’efficacité du marché ». Il s’agit en réalité d’éviter la mise à nu des modes d’exploitation de l’Afrique, une nouvelle vague d’immigrants en Europe et d’empêcher une révolte généralisée des peuples les plus opprimés qui représentent une véritable menace pour le système capitaliste.

Reconstruire le mouvement ouvrier en Afrique

Au Sénégal ou au Burkina Faso, les mouvements sont à l’initiative de syndicats ; des comités de quartiers existent avec des revendications comme l’augmentation des salaires. Mais la limite de cette révolte est le manque de débouché politique. Le frein essentiel pour la remise en cause du pouvoir est l’absence d’organisation politique anticapitaliste et révolutionnaire implantée. Il est urgent que les éléments les plus conscientisés se rassemblent et s’organisent pour reconstruire un mouvement ouvrier et paysan anticapitaliste, anti-impérialiste en Afrique à l’image des contacts pris à l’occasion des derniers Forums Sociaux Mondiaux. Au Nord, notre tâche est de développer la solidarité internationale, de lutter contre l’impérialisme (campagne pour l’annulation de la dette des pays du Sud, dénonciation de la Françafrique…) et de soutenir les luttes des sans-papiers.

Rosa, [Nanterre]

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