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Les luttes et le parti

samedi 25 octobre 2008, par Adrien

Ce qui nous rassemble dans
un parti, c’est un projet
commun. Aux JCR, à la LCR
ou bientôt dans le Nouveau
Parti Anticapitaliste, notre
objectif commun, qui se formule par le biais
du programme du parti, c’est de changer le
monde. Renverser le capitalisme pour mettre
en place une société débarrassée de toute
exploitation, de toutes les oppressions, où
les richesses seront produites non pas pour
les intérêts d’une minorité mais pour répondre
aux besoins de tous.
Des moyens adaptés
aux objectifs
Pour réaliser un tel bouleversement,
nous ne pouvons pas nous contenter d’une
petite minorité qui prendrait le pouvoir
par voix électorale ou par les armes. S’il
n’y a qu’une minorité qui exerce le pouvoir
politique et économique, sans contrôle par
l’ensemble de la population, cette nouvelle
société retombera dans un système d’inégalité,
où certains privilégiés détiennent et
exercent le pouvoir pour eux-mêmes.
Pour construire une société répondant
aux besoins de l’ensemble des travailleurs
et des jeunes, il faut que chacun prenne
part aux décisions et à la mise en place
de ces décisions. Il serait évidemment illusoire
de vouloir renverser les capitalistes,
qui contrôlent la police et l’armée, sans un
mouvement majoritaire des travailleurs.
Il ne suffit pourtant pas d’un mouvement
majoritaire. Il faut que les travailleurs aient
pour but de s’attaquer au système luimême
et agissent consciemment pour le
renverser.
Le problème est qu’en temps normal,
la majorité des travailleurs n’est pas convaincue
qu’un changement de société est
possible. Certains ne veulent pas en changer,
d’autres ne se posent pas la question.
Quand on rentre chez soi épuisé après huit
heures de travail, qu’il faut s’occuper de
ses enfants, qu’on a un loyer ou un crédit
à payer, il est difficile de se préoccuper de
changer le monde. L’idéologie véhiculée à
l’école, à la télé ou dans les journaux _ il
est possible de s’en sortir individuellement
si on ne proteste pas et qu’on ne réclame
pas trop _ pèse aussi sur la volonté de
changer la société.
Lier théorie et pratique
On peut, par la discussion et la confrontation
d’idées, convaincre certaines
personnes qu’il est possible, et nécessaire,
de renverser le capitalisme. Mais pour
la majorité des travailleurs, la tâche est
trop énorme. Ce serait se bercer d’illusion
que de croire qu’un bon discours serait
suffisant.
Pourtant, les choses peuvent changer. Il
n’y a pas besoin de grands discours pour
convaincre les travailleurs de se mettre en
grève sur des petites questions. La grève
permet de dégager du temps pour réfléchir
et comprendre comment fonctionne la
société. En entrant en lutte, en se confrontant
à son patron, à l’État ou à la police,
en agissant collectivement, en prenant
des décisions ensemble, la majorité des
travailleurs peut prendre conscience de la
force que représente cette classe, et donc
des possibilités de renverser la société...
Après tout, si on a battu un patron, pourquoi
on ne pourrait pas les battre tous
 ? Quand on peut bloquer une fac ou un
lycée, pourquoi ne pourrait-on pas les
diriger nous-mêmes, sans les président,
proviseur ou autre ministre ?
C’est en entrant en action pour des
revendications _ pas forcément révolutionnaires
que la majorité commence par se
battre pour ce qui touche directement son
quotidien ou son avenir proche... Et que la
majorité des jeunes et des travailleurs peut
en venir à comprendre la nécessité et la
possibilité de renverser le capitalisme.
Amener de la révolte
à la révolution
C’est pourquoi un parti qui veut renverser
le capitalisme en s’appuyant sur
la grande majorité des travailleurs doit
tourner son activité vers la construction de
lutte. Il ne doit pas attendre que des luttes
se déclenchent d’elles-même et se contenter
d’y intervenir pour y défendre des mots
d’ordre anti-capitalistes. Le parti doit tenter
de déclencher des résistances, mêmes
sur des mots d’ordre qui ne remettent pas
en cause le capitalisme, comme le retrait
de la LRU ou du CPE. De la même manière,
il doit développer des résistances sur des
revendications locales : la régularisation
d’un lycéen sans-papiers, contre le licenciement
de jeunes
travailleurs
d’un McDo...
En entrant en
action les jeunes
et les travailleurs
font l’expérience
de modes d’action,
de stratégies
différentes.
De ces expériences,
ils tirent des
leçons (parfois dans la douleur) de ce
qui marche et ce qui ne marche pas.
Comment chercher à attirer le plus de gens
possibles dans une grève reconductible,
comment ne pas se limiter à une minorité
de grévistes radicaux, comment organiser
des manifestations de masse pour donner
une visibilité au mouvement ? Le résultat
d’une lutte dépend pour partie de facteurs
qui ne sont pas directement contrôlés
par ceux qui sont en mouvement. Mais ce
sont les choix fait collectivement qui sont
décisifs, car c’est avant tout l’action des
travailleurs qui peut changer la donne.
Si à chaque nouvelle lutte, les jeunes et
les travailleurs doivent tout apprendre sans
tenir compte du passé, les mobilisations
ont peu de chance de succès. Le parti doit
donc également servir de mémoire collective
des luttes, permettre que les choix
durant les mobilisations soient effectués
en connaissance des expériences passées.
Dans le mouvement contre la LRU, les
militants des JCR ont tenté d’éviter la coupure
avec la majorité des étudiants que le
blocage minoritaire a produit.
Donner une perspective
politique aux luttes
Cependant, pour renverser le capitalisme,
il ne suffit pas de se contenter de construire
des luttes et d’attendre que les gens
deviennent révolutionnaires d’eux-mêmes.
On ne peut s’attendre à ce que spontanément,
et dans des luttes isolées ou
sectorielles, les travailleurs saisissent dans
toute sa complexité ce système et décident
de le renverser. Il est donc nécessaire de
construire un outil collectif qui puisse
développer une compréhension profonde
du système capitaliste dans l’objectif de le
renverser. Ceci nécessite une expérience
collective importante de mobilisations, un
lien fort avec l’ensemble des travailleurs,
que ce soit au niveau des préoccupations,
revendications ou de l’état d’esprit. La
participation aux différentes luttes sert à
mieux définir une orientation permettant
de partir du réel et de se diriger vers la
transformation révolutionnaire de la société.
Le parti doit s’implanter et se structurer
au plus près de la lutte : dans les entreprises,
les facs, les lycées, les CFA...
L’idée est aussi que cet outil collectif
soit utile à l’ensemble et par conséquent
essaie de transmettre la compréhension
qu’il a de la situation présente et passée,
aux jeunes et aux travailleurs en lutte. Il
doit, par exemple, tenter de donner une
vision d’ensemble aux luttes locales, aider
à comprendre que les attaques anti-sociales
sont les mêmes à l’échelle nationale
mais aussi internationale : les réformes de
l’enseignement supérieur sont les mêmes
partout en Europe, les privatisations touchent
l’ensemble de la planète. Pour tenter
de dépasser le cadre local dont nous sommes
souvent prisonnier, il faut comprendre
les intérêts communs entre les travailleurs
de tous les pays, français ou étrangers,
mais aussi d’un secteur à un autre, du
privé ou du public. Pour cela, le parti doit
être présent dans tous les secteurs de la
jeunesse et du salariat. Il doit aussi être
internationaliste et se lier à d’autres partis
révolutionnaires dans le monde entier.
Ce sont les mêmes patrons, les mêmes
actionnaires qui à travers des multinationales
contrôlent la planète. Mais si
ce sont les mêmes patrons, il est donc
nécessaire de les combattre ensemble, de
participer aux mêmes manifestations, de
taper tous ensemble sur le même clou au
même moment. Il faut également tenter de
saisir que même après une victoire d’un
mouvement de masse la situation n’est pas
forcément renversée. Le retrait du CPE n’a
pas arrêté les réformes antisociales et le
recul de nos droits.
Nous oeuvrons donc pour construire un
mouvement de l’ensemble des jeunes et
des travailleurs, qui ne s’arrête pas aux
revendications partielles, même s’il part de
cela. Un mouvement qui remettra en cause
les fondements du système et ira jusqu’à le
renverser... Seul une telle lutte, une grève
générale où les travailleurs s’affrontent à
l’appareil d’État, permettra d’en finir avec
l’exploitation et la remise en cause des
droits des travailleurs. Ce doit être la boussole
du parti que nous construisons.

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