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Kanaky : le colonialisme n’est pas encore aboli !

samedi 25 octobre 2008, par Adrien

Mise sous silence aussi
bien par L’État que par
les grands médias, la
politique Française
en Kanaky (l’actuelle
Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique) est
pourtant la preuve que la France n’a pas
encore perdue ses pratiques coloniales.
Une histoire de luttes
La Kanaky est « découverte » (du point
de vue européen) par James Cook en 1774,
qui la baptise « Nouvelle-Calédonie ». Elle
devient colonie française en 1853 : les
terres sont volées et toute rébellion est
réprimée. Les Kanaks sont massacrés par
les armes, l’alcool et les maladies : de
100 000 en 1853, ils ne sont plus que 20
000 en 1920. Un statut d’indigène est mis
en place en 1864, des Kanaks sont exposés
à l’exposition coloniale de Paris en 1931...
La République française est alors officiellement
raciste.
Après la Seconde guerre mondiale, le
code de l’indigénat est supprimé. Le droit
de vote est accordé en 1957 et les premières
élections ont lieu en 1958. C’est l’Union
Calédonienne (mouvement d’émancipation
sociale qui ne conteste pas le statut
colonial) qui est majoritaire. Toutefois le
régime Gaulliste refuse de faire évoluer le
statut de ce territoire notamment à cause
de la découverte du Nickel dans les années
60. La Kanaky en est aujourd’hui le 3ème
producteur mondial.
Mais le chômage de la population Kanak,
la politisation issue des événements de mai
68 en métropole et la nécessité d’étendre
la terre avec l’arrivée de nouveaux colons
entraînent une radicalisation du mouvement
politique en Kanaky. Les différents
courants autonomistes se rassemblent en
1976 dans le Palika (Parti de la Libération
Kanak), parti pour « l’indépendance Kanak
populaire et révolutionnaire », qui se trouve
à la pointe de la grève des ouvriers du
Nickel en 1978.
Le mouvement aujourd’hui
En 1981, la gauche arrivée au pouvoir
refuse l’indépendance. En 1984, le Front
de Libération National Kanak et Socialiste
(FLNKS) est créé. Il boycotte les élections,
organise des barrages, des occupations de
terres et crée un gouvernement provisoire
de Kanaky. Mitterrand fait alors assassiner
Eloi Machoro et Marcel Nonnaro, deux des
leaders du FLNKS, en janvier 1985. En avril
1988, alors que le FLNKS organise une
action sur tout le territoire, les militants
prennent en otage des gendarmes et se
réfugient dans la grotte d’Ouvéa. L’armée
donne l’assaut et assassine 19 Kanaks.
Les accords Matignon-Oudinot de juin
1988, accordent une autonomie relative
à la Kanaky et prévoyent un référendum
sur l’avenir du territoire. Mais en 1998, les
accords de Nouméa accordent une autonomie
plus large tout en repoussant la
date du référendum à 2014-2015 ! La majorité
du FLNKS s’engage au fur et à mesure
dans un processus de cogestion.
En 2006, l’Union Syndicale des Travailleurs
Kanaks et des Exploités (USTKE), principal
syndicat kanak (indépendantiste) décide
de créer le Parti Travailliste (PT), afin de
défendre la revendication indépendantiste,
abandonnée par le FLNKS. Le PT défend le
droit à la priorité à l’emploi de la population
locale (Kanaks ou enfants
de colons) dans une situation
où les métropolitains sont privilégiés
même à diplôme égal.
Il veut une réforme du code
du travail (dans un territoire
où les prud’hommes n’existent
pas !), le respect du protocole
de Kyoto, la fin de l’exploitation
du nickel, le droit à un enseignement
secondaire et supérieur
public...
Solidarité avec
Gérard Jodar
L’USTKE agit sur le terrain des
luttes sociales en soutenant les
salariés en grève comme ceux de Carsud
début 2008 (filiale de Véolia Transports).
Mais face aux nombreuses journées de
grève générale l’État réprime avec l’envoi
massif de gendarmes mobiles et du GIGN
sur les piquets de grève. Présents lors de
cette action, les syndicalistes de l’USTKE
ont été accusés d’incitation à la violence
contre les forces de l’ordre et d’avoir
transformé une manifestation syndicale
en manifestation politique alors que les
troupes d’État ont attaqué les quelques
dizaines de salariés en grève à près de 200
 ! Gérard Jodar, le président de l’USTKE, a
été condamné à 6 mois de prison ferme et
3 ans de privation de ses droits civiques,
alors qu’il n’était même pas sur place !
Au grand plaisir du MEDEF local... Cette
répression vise, à travers l’USTKE, le PT, ce
qui n’empêche pas celui-ci de s’implanter
en obtenant 33 élus dans 14 communes
aux dernières municipales. Il se présentera
aux élections provinciales de 2009, l’équivalent
de nos législatives.
Il est urgent de soutenir la cause Kanak,
celle du PT et celle de l’USTKE, au nom du
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes,
en marquant notre solidarité contre la
violence d’État, la répression politique et
syndicale.
La lutte des travailleurs est internationale.
Les militants de France ont une grande
responsabilité, car c’est notre propre impérialisme
qui agit.
Il est fini le temps des colonies !

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