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Résolution politique

dimanche 25 janvier 2009, par Antoine

I.Situation politique

1) La crise et la situation internationale

Le facteur décisif de la situation internationale est la crise, causée par 25 ans d’accaparation des gains de productivité par le patronat. Il s’approprie aujourd’hui 40% de ces gains, contre 30% auparavant.

Les patrons produisent moins cher mais écoulent plus difficilement. La baisse du pouvoir d’achat des salariés limite le marché. Le capitalisme est donc embourbé depuis la fin des années 70 dans une crise de surproduction. Cela bloque les investissements et les milliards supplémentaires dans la poche des patrons alimentent la finance.

La situation va probablement encore empirer : la récession engendre des suppressions d’emploi, donc plus de chômage, donc moins de consommation, donc encore plus de récession… De plus, les turbulences dans la sphère financière n’en sont probablement qu’à leurs débuts : de nombreux marchés sont
encore plus gros et plus risqués que celui des subprimes !

La situation est instable depuis l’effondrement de l’URSS. Les États-Unis sont hégémoniques militairement (plus de la moitié des dépenses militaires mondiales) mais les troupes d’occupation occidentales sont incapables de pacifier le Moyen-Orient. Les capacités d’action de l’impérialisme sont limitées par l’embourbement en Afghanistan et en Irak. Les États-Unis ne peuvent donc intervenir en même temps sérieusement dans une région aussi décisive que l’Amérique Latine. C’est pourtant dans cette région que le rapport de force est le plus en faveur des opprimés : au Venezuela, en Bolivie, à Cuba… Les gouvernements ont été poussés à assumer un certain degré de confrontation avec l’impérialisme, et à lâcher des avancées sociales importantes. Le mouvement de masse est à l’offensive : des situations pré-révolutionnaires s’y développent.

La situation internationale est modifiée par l’émergence de pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, qui regroupent 43% de la population et la moitié
de la main d’oeuvre mondiales, avec une croissance économique explosive. Cette situation attise la concurrence et l’instabilité. Il s’agit aussi d’instabilité politique : l’été dernier, plus de 40 pays ont connu des révoltes de la faim.

Face à cela, l’Europe capitaliste peine à se constituer en force unifiée, alors qu’elle est potentiellement la première puissance économique du monde. Les gouvernements n’ont pas réussi à y écraser la résistance ouvrière. Des luttes ont lieu en France mais aussi en Italie (grève dans l’Éducation), en Allemagne (grève des cheminots)…

2) En France, la classe dirigeante à l’offensive

La bourgeoise française est à l’offensive pour rétablir ses taux de profits, avec des marges de manoeuvres limitées par la crise. Les attaques s’enchaînent contre les droits des travailleurs et au niveau idéologique (unité nationale contre la crise, chasse aux étrangers…).

Les conséquences de la crise se font déjà sentir : plans de licenciements, chômage
technique, hausse des prix… Elles pèsent négativement sur les conditions de vie des travailleurs, mais elles provoquent aussi de la colère.

3) La combativité existe

Malgré, la crise et l’apathie des directions syndicales, le ras-le bol généralisé s’exprime dans des mobilisations des jeunes et des salariés (grèves contre des plans de licenciement, grève historique des travailleurs sanspapiers...).

Des critiques s’élèvent contre la stratégie des journées de grève isolées et sans lendemain. L’idée d’une nécessaire convergence des luttes progresse, surtout dans la jeunesse, car c’est tout son avenir qui est en jeu. Depuis 2002, elle connaît des mobilisations de masse presque chaque année. La nouvelle génération militante accumule une expérience précieuse.

4) La gauche réformiste évolue vers la droite…

La combativité existe, mais il n’y a personne pour l’organiser. Si quelques décantations peuvent s’opérer (score des refondateurs au congrès du PC, départ de Mélenchon du PS), PS et PC continuent de s’adapter au capitalisme. Excluant toute possibilité d’affrontement, ils sont cantonnés à des critiques de formes contre le gouvernement. Même s’ils restent majoritaires à gauche, ils ne représentent plus de nombreux jeunes et salariés. Les directions syndicales ont peur de perdre leurs positions institutionnelles. Des mobilisations d’ampleur les forceraient soit à s’affronter au gouvernement, soit à se couper de leur base. Elles ne proposent
donc que des journées de mobilisation sans lendemain ou des journées d’action sans appel à la grève, et font tout pour empêcher la convergence des secteurs.

Depuis plusieurs années, et encore plus avec la crise, le processus de polarisation politique s’accélère : l’extrême gauche se renforce, mais cela pourrait aussi être le cas pour l’extrême droite, comme dans de nombreux pays industrialisés frappés par la crise. Face à celle-ci, les solutions de repli nationaliste, chauvin, raciste peuvent trouver un espace important, si elles ne sont pas suffisamment combattues par une perspective internationaliste.

5) Un problème majeur : le degré d’organisation

Malgré cette combativité et ce haut niveau de luttes, la conscience de la nécessité de s’organiser collectivement est moins importante. Le PS et le PC organisent beaucoup moins largement la classe ouvrière, il y a moins de salariés syndiqués. Chez les jeunes, ce recul est encore plus important. Cette situation affaiblit la capacité à résister, même si elle affaiblit aussi le pouvoir de canalisation des bureaucraties, qui payent là leur incapacité à proposer une orientation à la hauteur des enjeux de la période.

6) Un nouvel écho politique pour les révolutionnaires et leur projet de nouveau parti, une nouvelle place dans les luttes.

La LCR et les JCR n’ont pas pu
combler le décalage entre haut niveau de luttes et faible niveau d’organisation, mais l’écho des révolutionnaires, de notre courant en particulier, s’est considérablement accru. Dans les mobilisations, notamment dans la jeunesse, nous sommes reconnus comme les meilleurs constructeurs et organisateurs, nos perspectives paraissent crédibles et nous pouvons disputer la direction aux réformistes.

Ce nouvel écho s’est aussi traduit autour du courant de sympathie pour Olivier Besancenot et sur le terrain électoral. Nous avons fait des scores importants à l’élection présidentielle et aux élections municipales, malgré la pression du « vote utile ». Cela nous donne de nouvelles responsabilités et une nouvelle place, d’où le succès du NPA.

En proposant un projet alternatif crédible et en proposant d’organiser les jeunes et les travailleurs contre le système capitaliste, nous sommes apparus comme la force la plus conséquente à la gauche de la gauche. Nous avons pu constater qu’un écho pour les idées radicales conséquentes, pour l’anti-capitalisme et les révolutionnaires existe fortement. Après 10 ans de lutte sociales et politiques, le NPA répond en partie au désir de s’organiser contre le système.

II. Nos tâches.

1.Donner une explication du système et proposer une alternative au capitalisme

Nous devons expliquer que c’est le capitalisme même qui engendre les crises financière, écologique, alimentaire… Les solutions des classes dirigeantes consistent à donner des milliards aux plus riches. Nous en avançons d’autres, qui remettent en cause le fonctionnement du système : reprendre l’argent que les capitalistes nous ont volé, augmenter les salaires et tous les revenus de 300 euros net, indexer les salaires sur les prix, interdire les licenciements, financer l’Éducation, les services publics, une allocation d’autonomie pour tous les jeunes... Mais aussi l’idée d’un contrôle de la population sur l’économie, les banques, avec la levée du secret bancaire, industriel et commercial. Il faut mettre en avant la question du pouvoir, de qui doit diriger cette société.

Seules des mobilisations d’ampleur imposeront ces mesures. Nous nous attelons à les construire.

2. Etre à l’initiative dans la construction des luttes.

Nous ne pouvons pas nous contenter d’un travail d’explication et de dénonciation du système. Nous devons déclencher des mobilisations. Si nous avons de nouvelles responsabilités, nous ne pouvons être attentistes. A l’image de ce que nous avons fait au début du mouvement contre la LRU ou pendant le mouvement lycéen, nous devons être à l’initiative d’assemblées générales, de manifestations : ne pas attendre mais entraîner le maximum de forces, par des réunions unitaires, du matériel commun…

S’il n’existe pas encore de démoralisation massive, les défaites successives risquent à force de peser. Il devient de plus en plus déterminant de porter une orientation, une stratégie qui permette de gagner.

Pour qu’une grève tienne sur la durée et gagne, il faut que la majorité d’une fac, d’un lycée ou d’une entreprise s’implique activement. Les derniers mouvements dans la jeunesse n’ont souvent été portés que par une minorité active sur les blocages, dans les manifs et une majorité qui sans être hostile au mouvement ne s’impliquait pas. Dès le début des mobilisations, nous devons convaincre de la nécessité de se tourner vers le plus grand nombre.

Dans le contexte actuel, aucun secteur n’est en capacité de remporter une victoire de manière isolée. Pour gagner une lutte, et à plus forte raison pour poser concrètement la question d’un changement de société à une échelle de masse, un mouvement d’ensemble, une grève générale est plus que jamais nécessaire. C’est la stratégie dont nous devons chercher à convaincre. Pendant le CPE, des étudiants allaient intervenir dans les boîtes. Nous devons argumenter dès le début des mobilisations sur cette question et tisser des liens avec les autres secteurs.

Nous devons combattre la stratégie des directions syndicales, qui appellent systématiquement à des dates éclatées entre les différents secteurs. Il faut chercher au contrairedesdatesquipermettent la convergence ainsi que des revendications qui permettent d’unifier les préoccupations des différents secteurs. Ces dernières années, nous avons mesuré l’importance de l’autoorganisation. Les assemblées générales, les coordinations posent la question de qui
dirige et qui contrôle la lutte : les directions syndicales ou la mobilisation elle-même, dotée de cadres d’auto-organisation assez forts. Cela reste une bataille avec les directions syndicales et les courants autonomistes, qui freinent l’émergence d’une réelle direction des mobilisations par les grévistes eux-mêmes.

3. Reconstruire la conscience de classe : Syndicalisme, travail de masse.

Les nets reculs de la conscience de classe et de la structuration de notre camp social affaiblissent notre capacité à résister. Leur reconstruction une des tâches déterminante de la période. C’est en partie pour cela que nous avons lancé la construction du NPA.

Mais il faut aussi démontrer au quotidien, par la pratique, la nécessité de l’organisation collective. En dehors des mobilisations, nous devons faire ce travail de défense des intérêts immédiats des jeunes et des salariés : régler des problèmes d’inscription à la fac, défendre l’ouverture d’un foyer dans un lycée, régler des problèmes de papiers… Lui seul permet de s’adresser à l’ensemble d’un milieu et pas simplement à une frange déjà radicalisée. Il nous permet de gagner une légitimité militante pour le plus grand nombre.

Le syndicalisme reste le cadre pour effectuer ce travail de défenses des intérêts immédiats.

4. Construire le nouveau parti

a) La démarche de l’appel
à un NPA

Nous avons besoin d’un Nouveau Parti pour poser les bases de reconstruction d’un mouvement ouvrier. Cela passera nécessairement par l’intervention d’un parti qui se donnera comme objectif de reconstruire la conscience de classe, dans les luttes, comme dans toutes les batailles idéologiques. Une intervention commune de milliers d’anticapitaliste sur tout le territoire dans les mobilisations mettra le camp des travailleurs dans de meilleures positions pour déclencher et gagner ces luttes. Le NPA permettra de réduire le décalage entre le niveau des luttes et le niveau d’organisation, entre l’écho des idées anti-capitalistes et nos faibles effectifs. Il sera un parti qui défende sans concession les intérêts des jeunes et des travailleurs et dans lequel ils puissent se retrouver.

Nous avons choisi de nous adresser directement à tous ceux avec qui nous nous sommes retrouvés dans les luttes : militants syndicaux, associatifs ou grévistes de ces dernières années. Tout en nous adressant à eux, nous n’avons pas attendu de trouver un accord avec les autres courants politiques pour lancer le processus et seules la Fraction l’Etincelle de Lutte Ouvrière et la Gauche Révolutionnaire y participent. La création de ce nouveau parti n’est donc pas une recomposition par en haut, c’est un processus de discussions par en bas. C’est en ce sens que ce sont constitués dans toute la France, dans des quartiers, des entreprises, des facs ou des lycées, des comités pour un nouveau parti anticapitaliste.

b) Quelles bases politiques ?

Nous voulons un outil supérieur à ce que sont la LCR et les JCR. Il doit être clair sur la nécessité de ne pas s’adapter au capitalisme, situer son action dans une perspective révolutionnaire. Il s’agit de convaincre que c’est par la lutte qu’on change les choses, non dans les institutions, qu’il faut donc un parti de militants, utile au quotidien, capable d’articuler la reconstruction des cadres de masse, la prise d’initiatives pour déclencher des mobilisations et de donner une orientation efficace aux mouvements, qu’il en soit à l’initiative ou pas. Nous voulons un parti démocratique, où chacun puisse maîtriser l’ensemble des débats, décider et contrôler.

Nous voulons enfin un parti internationaliste, qui envisage son action dans le cadre d’une analyse mondiale, qui traduise concrètement la solidarité internationale, et qui fasse donc partie à court terme d’une internationale.

C’est sur ces bases politiques que le processus a été lancé. Elles ont été proposées et débattues dans les comités. Après plus d’un an de discussions, les textes qui seront soumis aux votes du congrès de fondation vont dans cette direction. Nous aurons une responsabilité particulière dans les discussions qui continueront après le congrès de fondation, celui-ci n’étant qu’une étape.

c) Le NPA et les jeunes

La jeunesse est un secteur déterminant, qui se mobilise massivement et fréquemment. Ces dernières années, ses luttes ont permis de redonner confiance à notre camp social.
Elle peut être l’étincelle des mobilisations. Il est décisif que le NPA cherche à organiser la nouvelle génération, soit un outil pour intervenir dans ses mobilisations. Il doit prendre en compte les spécificités de la jeunesse : ses préoccupations, ses rythmes de mobilisation et de conscientisation particuliers (plus grande disponibilité pour la lutte, plus de spontanéité pour l’action, une plus grande facilité à s’identifier à l’idée de révolution…). Pour cela, il faut une certaine autonomie dans la structuration des jeunes.

(Version 1 : majoritaire)

Notre expérience nous a convaincus que le meilleur outil est une organisation de jeunesse. Mais les jeunes doivent aussi pleinement participer à la fondation du NPA, tant pour lier leur expérience à celle d’autres secteurs et prendre pleinement part à l’élaboration d’un nouveau projet et à la construction de l’organisation capable de le porter, que pour défendre l’importance et le rôle spécifique de la jeunesse dans la lutte des classes et convaincre l’ensemble du NPA de se tourner vers ce secteur. C’est sur ces bases que doivent avoir lieu les débats sur une structuration spécifique, et sur l’utilité ou non d’une organisation séparée.

C’est pour ça, que dans la situation actuelle, nous pensons qu’il faut trouver les moyens d’une structuration autonome des jeunes dans le NPA.

Dans l’immédiat, nous construisons des comités jeunes NPA, comme cadre principal de réunion et d’élaboration de l’activité des jeunes. Nous cherchons à en convaincre le plus largement possible. Pour permettre une orientation
coordonnée en direction de la jeunesse, nous mettons en place et nous cherchons à convaincre de l’utilité des réunions nationales de tous les jeunes du NPA, ainsi que d’un secrétariat jeune qui élabore du matériel spécifique, un journal jeune et qui puisse coordonner les différents comités jeunes, en lien avec toute la direction du NPA.


(Version 2 : minoritaire)

Les JCR se donnent pour objectif que les jeunes participent pleinement à la fondation du NPA : tant pour lier leur expérience à celle d’autres secteurs que les siens, prendre pleinement part à l’élaboration d’un nouveau projet et à la construction de l’organisation capable de le porter ; il s’agira pour nous de défendre l’importance et le rôle spécifique de la jeunesse dans la lutte des classes et convaincre l’ensemble du NPA de se tourner vers ses secteurs.

Correspondant à différentes réalités, différents secteurs d’intervention, nous construisons des comités jeunes NPA, comme cadre principal de réunion et d’élaboration de l’activité des jeunes
en fonction de ses différents lieux d’organisation : facs, lycées.

Nous cherchons à en convaincre le plus largement possible. Pour permettre une orientation coordonnée en direction de la jeunesse, nous cherchons à convaincre de l’utilité des réunions nationales de tous les jeunes du NPA, ainsi que d’un secrétariat jeune qui élabore du matériel spécifique et qui puisse coordonner les différents comités jeunes, en lien avec toute la direction du NPA. [Fin]

Il existe 400 à 450 comités, qui représentent environ 10 000 personnes. Il existe 50 à 60 comités jeunes. Le NPA est plus implanté, et dans plus de secteurs, que la LCR et des JCR. Les comités jeunes sont composés de militants syndicaux, de jeunes qui ont participé aux mobilisations de ces dernières années (CPE, LRU, mouvement lycéen…). Dans plusieurs villes, le processus a permis de passer d’un cercle JCR ou d’un secteur jeune LCR à plusieurs comités jeunes NPA (sur les facs, les lycées, et même des comités jeunes
travailleurs). Le processus permet aussi de commencer à unifier l’intervention jeune qui était divisée dans notre courant, entre les JCR, les secteurs jeunes. C’est une large majorité de ces jeunes qui construit des comités jeunes et participe au secrétariat jeune. Il reste toutefois de nombreux progrès à faire dans la construction de comités jeunes. L’objectif est qu’il en existe plusieurs dans chaque ville.

Le processus de lancement du NPA connaît actuellement un succès plus important que ce qu’on aurait pu imaginer, malgré des difficultés inévitables. C’est actuellement l’outil en capacité de répondre aux enjeux de la période décisive que nous traversons, et d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Parce que ce succès dépend notamment de la capacité des révolutionnaires à s’y investir pleinement, les JCR font le choix de se dissoudre pour participer à la construction de ce nouveau parti.

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