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« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !  »

mercredi 10 janvier 2007, par JCR-RED

En 1848, Marx et Engels concluaient leur Manifeste du parti communiste par cette très célèbre phrase. En ce début de XXIe siècle, dans un contexte international très différent de celui de l’époque de Marx, avec les enseignements tirés des expériences des 19e et XXe siècles, peut-on dire qu’elle est toujours d’actualité ?

Avec le formidable développement de la mondialisation économique provoqué par le capitalisme, la classe dominante des pays riches s’est créée des outils politiques pour mieux imposer sa domination économique sur tous les peuples, que ce soit ceux des pays riches ou ceux des pays pauvres. Ces outils politiques, ce sont les organisations telles que l’OMC, l’UE, l’ONU, l’OTAN, le FMI, etc.… La stratégie consiste à bâtir par tous les moyens (y compris la guerre ou le soutien de certaines dictatures) un espace mondial dérégularisé, où la liberté d’entreprendre et surtout d’exploiter est respectée, où toutes les activités humaines sont régies par le marché (sans considération des besoins vitaux des populations) et où les marchandises et les capitaux peuvent circuler librement. Les victimes directes de cette politique sont les peuples du Sud, mais la pression des délocalisations vers ces pays fait que les travailleurs des pays développés en souffrent aussi.

Cette offensive libérale mondiale s’accompagne d’un travail idéologique visant à faire croire aux travailleurs que le clivage dans cette société se situe entre les peuples. On a souvent entendu lors de la campagne du TCE qu’il fallait voter pour la Constitution pour faire « contrepoids » au géant américain ; il n’est pas rare qu’un patron impose à ses salariés de refuser les 35 heures, sous peine de délocalisation de l’entreprise vers les pays de l’est.

Non, l’ennemi n’est évidemment pas le peuple américain, mais bien les capitalistes américains et européens. Non, les ennemis ne sont pas les travailleurs roumains, mais bien leurs patrons (qui sont aussi parfois les nôtres). Avec le développement toujours plus massif du prolétariat mondial, avec des paysans toujours plus démunis face aux multinationales, avec des inégalités toujours plus grandes au sein des pays développés, avec des dirigeants impérialistes toujours plus enclin à faire la guerre, la communauté d’intérêts entre tous les opprimés n’a jamais été aussi importante.

Il est donc nécessaire que face au capitalisme mondialisé nous mondialisons nos luttes. Le courant trotskiste a toujours défendu l’internationalisation des luttes, c’est la raison d’être de la 4ème internationale. Mais il est évident que la 4ème internationale, à cause de sa faiblesse, est très loin de donner une réponse satisfaisante aux enjeux actuels. Vers la fin des années 90, le mouvement altermondialiste est né pour tenter de répondre à ces enjeux. Ce mouvement, relativement massif, rassemble des gens d’horizons très divers, tend aujourd’hui à se coordonner (forums sociaux mondial, européen…). Il a parfois fait des démonstrations de force impressionnantes comme en 2003 où une manifestation mondiale contre la guerre en Irak avait rassemblé des millions de personnes. Pour autant, ce mouvement peine à proposer de vraies perspectives politiques. Pire, de nombreuses composantes de ce mouvement refusent de s’inscrire consciemment dans le cadre de la lutte des classes. Bref, il y a encore beaucoup de travail pour que ce mouvement puisse présenter un jour une vraie alternative politique.

Mais cette nouvelle situation ou les luttes s’accélèrent et où les travailleurs ont de plus en plus conscience de la nécessité de s’organiser à l’échelle internationale est porteuse d’espoir. Pour transformer ces espoirs en réalité, le célèbre mot d’ordre de Marx et Engels reste manifestement valable.

Clément, [Rouen]

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