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Liban : L’Intifada de l’opposition.

mercredi 10 janvier 2007, par JCR-RED

L’assassinat du député Pierre Gemayel, le 22 novembre, avait retardé l’échéance. Mais le Hezbollah a néanmoins tenu sa promesse, et c’est ce vendredi 1er décembre que près d’un million de personnes sont descendus dans les rues du centre ville de Beyrouth. La rupture est désormais définitivement consommée entre l’opposition emmenée par Hassan Nasrallah et le leader chrétien Michel Aoun d’une part, le gouvernement de Fouad Siniora d’autre part. Les manifestations ne vont désormais plus cesser, et les principaux centres institutionnels du pays sont bloqués par les manifestants, qui ont également installé des campements sur les principales places de la ville.

Unité des forces contre le gouvernement de Siniora

L’opposition regroupe le Hezbollah, le mouvement Amal, second parti de la communauté chiite, les mouvements pro-syriens, comme les Marada du député Sleiman Frangie, le Courant patriotique libre du général Michel Aoun, très implanté dans la communauté chrétienne, ainsi que des forces nationalistes et progressistes, comme le Mouvement du Peuple de Najah Wakim, ou la Troisième Force de l’ancien Premier Ministre Selim Hoss. La Mobilisation est également soutenue par nombres d’intellectuels et de journalistes de la mouvance nationaliste et de gauche. Le Parti communiste libanais, pour sa part, a assuré une présence à cette manifestation, avec nombre de ses dirigeants et militants, bien qu’il n’appelle pas officiellement a y aller. Il organise une manifestation le dimanche 3 décembre, ainsi qu’une conférence de toute la gauche libanaise le 6. Il laisse cependant les portes ouvertes à la discussion avec Hezbollah, d’autant plus que les deux mouvements se sont considérablement rapprochés au cours de la guerre du Liban de cet été, et que nombre de sympathisants des deux mouvements plaident pour un accord politique entre eux. Il a ainsi présenté des listes communes avec le Hezbollah et Aoun au cours des récentes élections professionnelles et étudiantes. La manifestation du 3 décembre sera d’ailleurs commune.

Résister face au risque d’une guerre civile

La démission du cabinet Siniora d’orientation pro-occidentale reste l’objectif principal des manifestants : il vise son remplacement par un cabinet d’unité nationale, et par la tenue de nouvelles élections. La radicalité des manifestants est perceptible : critique d’un gouvernement corrompu aux ordres de paris et Washington. Tous les partis, quels qu’ils soient, soulignent aussi la nécessite de recourir à des moyens pacifiques, et de ne pas céder aux provocations venant de la droite libanaise pro-occidentale : une atmosphère sourde de guerre civile résonne dans le pays, alimentée par l’assassinat de Pierre Gemayel, par les attaques contre les dirigeants de l’opposition, par des affrontements entre chrétiens pro-aounistes et chrétiens partisans des Forces libanaises de Samir Geagea.

Le quotidien As Safir a ainsi révélé une affaire de camps d’entraînement armé de ces derniers, et de projection de tentatives d’assassinat du général Michel Aoun, le tout alimente par la question d’arrivée d’armes via l ambassade américaine. Les divisions entre chiites et sunnites anti- syriens font également peser un grand risque sur le pays et sur la résistance.

La question de la construction d’une société de résistance et d’un état de résistance posée par Hassan Nasrallah, celle de la déconfessionnalisation du système politique libanais posée par la gauche, sont étroitement liées : mais les opposants à cette perspective sont nombreux, et les États-Unis, comme les élites libanaises pro-occidentales, n’hésiteront a aucun moment à réveiller le cauchemar de la guerre civile et des affrontements communautaires pour éviter toute alternative crédible au Néocolonialisme dans la région.

Nicolas, [LCR Paris], en direct du Liban

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