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INTERNATIONALISME...

samedi 16 décembre 2006, par JCR-RED

A- LES VIOLENCES A L’ENCONTRE DES FEMMES

Contrairement aux idées reçues, la violence à l’égard des femmes s’est étendue au cours de cette dernière décennie. La multiplication des conflits, d’un bout à l’autre de la planète, serait une des causes de cette augmentation. Mais elle n’est pas la seule. La précarisation des conditions de vie et l’augmentation généralisée du chômage expliquent aussi cette tendance.

Les brutalités conjugales et domestiques constituent de loin la forme la plus universelle de violence commise contre les femmes. Elles sont même l’une des principales causes de leurs blessures et de leur décès. En effet, partout dans le monde, les violences commencent dans la famille. C’est le cas pour 70% des viols en France. Aux Etats-Unis, une femme est battue toutes les 12 secondes, une autre est violée chaque minute et demie. Le Centre pour le développement social et les affaires humanitaires de l’ONU a constaté, à partir de données collectées en 1979, que depuis le XIXe siècle, la moitié des femmes assassinées au Royaume Uni l’ont été par leur mari ou leur amant.

La plupart des Etats ferment cependant les yeux sur cette réalité sous prétexte qu’elle relève du domaine de la vie privée. C’est ainsi que 44 pays seulement ont adopté une législation sur la violence familiale et 17 ont fait du viol par le conjoint une infraction pénale. Les garanties juridiques des actes de violence contre les femmes se trouvent donc dans une situation d’inégalité d’un pays à l’autre. Seuls le Canada, le Danemark, l’Ecosse et la Pologne reconnaissent le viol conjugal comme un crime. Si en Suède l’interdiction pour un mari de battre sa femme date de 1858, au Brésil les femmes maltraitées par leur mari ne bénéficient d’aucune protection par la loi.

La violence sur le lieu de travail est aussi un abus répandu d’un bout à l’autre de la planète. Il existe très peu de statistiques sur le harcèlement sexuel mais les similitudes sont grandes entre des pays aussi différents que la France et le Japon par exemple. L’acte violent et le chantage sexuel sont le plus souvent commis par un supérieur hiérarchique sur une employée fragilisée économiquement.
La violence institutionnalisée, elle non plus, n’a pas de frontières. Certains Etats pratiquent des violences publiques. En Afghanistan, une femme qui sort sans être recouverte de la tête aux pieds peut être maltraitée, battue sur la place publique par les représentants des forces de l’ordre. Ces mêmes femmes afghanes qui se réunissent clandestinement pour étudier encourent la peine de mort. Lors des conflits, en Bosnie, en Algérie, en Tchétchénie, au Rwanda, des femmes continuent de subir des viols et de se faire massacrer !

A ces maux communs s’ajoutent des violences spécifiques suivant les régions ou les croyances. C’est le cas des mutilations sexuelles, par la pratique de l’excision et de l’infibulation qui touche près de 130 millions de femmes dans une trentaine de pays africains. C’est aussi le cas des violences psychologiques. Le vieux proverbe “ il faut souffrir pour être belle ” ancré au plus profond de chacune continue ses ravages destructeurs sur l’intégrité du corps des femmes. De tous temps elles se sont infligées des souffrances physiques par tradition mais aussi pour plaire aux hommes (petits pieds, longs cous, corset, épilation intégrale...), aujourd’hui les mass-médias, avec tout l’arsenal idéologique qu’ils représentent, ne font que dicter de nouveaux critères de beauté à des femmes soit-disant “ libérées et modernes ” : dans les pays industrialisés les cas d’anorexie chez les jeunes filles ne cessent d’augmenter.
Les violences subies par les femmes sont donc de plusieurs ordres : physique, psychologique, sexuelle, sociale ... Visibles ou déguisées, maintes fois elles sont intentionnellement banalisées par des considérations ou réflexions allant de l’impunité jusqu’à parfois la légalité !

B- LA PAUVRETE DES FEMMES DANS LE MONDE

La féminisation de la pauvreté est un phénomène qui ne cesse de s’amplifier, sous les coups conjugués de la logique néolibérale et des politiques d’ajustement structurel. Elle se caractérise par une situation qui peut se résumer ainsi : “ les femmes représentent la moitié de la population du monde, constituent 1/3 de la main-d’oeuvre salariée, disposent de 1/10 des revenus, de 1/100 des propriétés, et 2 illettrés sur 3 sont des femmes ”. Le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) révèle des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : environ un milliard trois cents millions d’individus sur la planète vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue, les femmes représentent 70% d’entre eux.

Les politiques d’ajustement structurel imposées aux pays en voie de développement se sont traduites par des restrictions budgétaires, la privatisation des services publics et la remise en cause des systèmes d’aide économique aux populations. Les conséquences sont multiples : difficultés d’accès aux soins et à l’éducation, coût élevé de la vie, baisse du revenu. Les femmes subissent au premier chef ces politiques.
Les pays dits développés connaissent eux aussi une augmentation de la féminisation de la pauvreté. De façon épisodique et récurrente, technocrates et gouvernants de tous bords imaginent que les femmes pourraient bien, à la faveur de quelque allocation ou salaire maternel déguisé, se retirer du marché du travail et laisser place aux hommes. Pourtant, vingt ans de crise de l’emploi n’ont pas réussi à entamer la croissance inexorable de l’activité féminine. Ceci dit, le chômage pèse de tout son poids sur les conditions de travail et d’emploi des femmes.

Les femmes représentent entre 49% et 82% des salariés à faibles revenus dans les Etats de l’Union Européenne. Les écarts de salaires persistent : les salaires horaires des femmes en Suède représentent 84% de ceux des hommes, 73% en France et en Espagne, 64% au Royaume-Uni. Leurs emplois sont entre 76% et 90% à temps partiel. Elles sont par ailleurs en “ sur-chômage ” par rapport aux hommes, dans des proportions allant parfois du double au triple. Elles le sont en général plus longtemps, quelque soit le niveau de qualification ou de diplôme, et elles sont en moyenne moins indemnisées. Les femmes immigrées subissent doublement la précarité et la paupérisation d’autant qu’elles ne bénéficient dans aucun des Etats de l’Union Européenne d’un statut autonome vis-à-vis de leur conjoint.

L’appauvrissement des femmes est une tendance générale, prête à s’accentuer au prochain millénaire. Leur autonomie financière est donc remise en cause.

C- LUTTES ET RESISTANCES

Partout dans le monde des femmes, parfois au péril de leur vie, se battent pour leurs droits. Nous n’avons malheureusement pas la possibilité de mentionner tous ces combats, mais nous tenons à rappeler que nous les soutenons tous, que se soit par exemple celui des femmes en Afghanistan ou le combat des sans-papières en France.

FEMMES EN AFGHANISTAN

Depuis l’arrivée au pouvoir en 1990 des Talibans (groupe ethnique ultra-intégriste afghan), le pays a été soumis, par la violence, a un retour des mentalités à une barbarie digne du moyen-âge. En effet, toutes les libertés ont été supprimées. Les femmes furent les premières touchées : plus de droit de sortie du domicile - sauf accompagnées d’un homme appartenant à leur famille -, de droit au travail, de droit aux études, mais également plus d’accès aux soins ! Pourtant des réseaux de résistance se sont organisés. Les femmes ont pris en charge - dans l’illégalité - l’éducation des enfants, des soins, souvent au péril de leur vie. Subissant un ignoble régime phallocrate, elles ont continué leur lutte nationalement, mais aussi au niveau international. Subissant des répressions pour toute expression humaine - parler avec un homme signifie être brûlée vive -, elles continuent malgré tout la lutte. Elles sont le symbole d’une lutte trop souvent ignorée par les médias.

FEMMES ET IMMIGRATION

Les inégalités entre hommes et femmes se retrouvent au niveau de l’immigration ; non pas qu’il y ait deux législations différentes, mais occultant entièrement la question de l’oppression spécifique des femmes, la législation en matière d’immigration est la cause de nouvelles situations d’oppression. Loin de vouloir dresser un panel exhaustif de ces différentes situations, quelques exemples suffiront pour comprendre que face à l’immigration, l’inégalité hommes/femmes se maintient, voire se renforce.
Le Droit d’asile par exemple, n’est accordé qu’aux personnes dont la vie est menacée par l’Etat dans lequel elles vivent ; cette législation exclue donc du Droit d’asile toutes les femmes menacées par leur mari, battues, violées, toutes les femmes subissant des sévices indicibles imposés par une religion, une croyance, une tradition. En Algérie par exemple, les islamistes n’étant pas aux pouvoir, les algériens
et algériennes menacéEs par ceux-ci ne peuvent pas bénéficier du Droit d’asile en France !
A un autre niveau, celui du regroupement familial par exemple, les femmes sont généralement “acceptées” sur le territoire français à travers leur “statut” d’épouses ; or, dans quelle situation se retrouvent-elles en cas de rupture ? Dans une situation d’illégalité ? … Ainsi, construisant la législation en matière de regroupement familial autour de la figure du père/époux, elle consacre en conséquence un réel droit de tutelle du mari sur la femme.
De plus, dans le cadre de sa politique d’intégration, la législation française pousse à exclure des femmes qui, parce qu’elles subissent des oppressions dues à une religion ou une tradition, ne sont pas “ aux normes françaises ”. L’affaire des foulards en est un exemple criant : sous couvert de refuser ce signe extérieur de croyance, les jeunes filles portant le voile devaient être exclues de l’Education nationale. Ainsi, non seulement elles subissent leur religion qui leur impose ce signe de soumission, mais se voient interdire, par-là même, l’accès aux études, ce qui conduit à les renvoyer aux cloisons de la sphère privée.
Enfin, en matière de Droits des femmes la législation est discriminatoire par rapport aux femmes étrangères : l’avortement par exemple, prévoit une durée de séjour minimum de trois mois sur le territoire français. Vu les délais légaux avant IVG (11 semaines), cela revient à interdire le Droit à l’IVG à nombre de femmes étrangères. De plus, pour les femmes extra communautaires, le coût de l’IVG n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale, pas plus que celui de la pilule ou des honoraires du gynécologue.
C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui au côté des sans-papières et de toutes les femmes immigrées qui luttent contre leur double oppression, en tant que femme et en tant qu’immigrées.

D- SOLIDARITE DES FEMMES DU MONDE ENTIER

UNE MARCHE MONDIALE DES FEMMES CONTRE LES VIOLENCES ET LA PAUVRETÉ.

L’idée d’organiser une marche mondiale des femmes est née suite à celle des femmes contre la pauvreté qui a eu lieu en 1995 à Montréal. La fédération des femmes du Québec avait organisé, cette année là, une marche pour “ du pain et des roses ” qui eut un énorme succès. Suite à cela, en octobre 1998, des femmes de tous les continents, appartenant à des associations de lutte pour les droits des femmes, ont décidé d’organiser ensemble une marche mondiale des femmes pour l’an 2000.
Les objectifs de cette marche sont multiples :

* Stimuler un vaste mouvement de solidarité des femmes du monde entier,
* Promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes,
* Mettre en avant les revendications et les propositions alternatives communes aux femmes de tous les continents, autour des thèmes de la pauvreté et des violences à l’encontre des femmes,
* Amener les gouvernements, décideurs et membres de la société civile à soutenir et à effectuer les changements qui s’imposent pour améliorer les conditions et la qualité de vie des femmes du monde.

Ces marches correspondent à une étape et l’on espère que ce nouveau millénaire sera féministe ou ne sera pas.

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