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L’éducation dans la Révolution Russe

vendredi 12 janvier 2007, par JCR-RED

La révolution d’octobre s’attaqua à la question éducative dès le départ. Le premier décret la concernant trace les grandes lignes des innovations qui furent mises en œuvres dans les premières années de la révolution : éradication de l’analphabétisme par l’enseignement général obligatoire et gratuit, éducation du peuple par lui-même, décentralisation, etc. Le document distingue entre enseignement, la transmission de connaissance toute faite de maître à élève, et éducation comme forme collective de culture : « Les masses populaires laborieuses ont soif d’apprendre à lire et à écrire, […] d’apprendre toutes les sciences. Mais elles aspirent également à l’éducation, qui ne peut leur être donnée ni par l’Etat, ni par les intellectuels, ni par aucune force, quelle qu’elle soit, en dehors d’eux-mêmes ».

L’école révolutionnaire

Malgré les conditions effroyables créées par la guerre civile et l’opposition de la majorité des enseignants (soutenant la contre-révolution), les écoles vont alors être radicalement transformées par l’action révolutionnaire des élèves, d’une minorité d’enseignants et des soviets locaux, encouragés par le gouvernement. Se développe alors le principe d’une éducation « polytechnique », pluridisciplinaire, reliant le travail pratique à l’étude des théories et des sciences.

Les évaluations et les examens furent abolis. L’université fut rendue gratuite et accessible à tous ceux qui le souhaitaient, si bien que le nombre d’étudiants doubla en 1919. L’école fut rendue gratuite et obligatoire pour tout individu jusqu’à 17 ans (!), même si les conditions d’alors rendait cet objectif difficile à atteindre.

Les bases sur lesquelles reposaient ces écoles révolutionnaires exigeaient alors une complète démocratie. L’enseignant devait entretenir des relations de camaraderie avec les enfants. Dans chaque école, on élisait des comités pour les élèves, les enseignants et le personnel non enseignant. Ces comités élisaient alors la direction de l’école révocable à tout moment. Le soviet de l’école, regroupant élèves, parents et personnel, était en relation étroite avec le soviet local et les syndicats pour décider des orientations générales de l’école. Concernant la discipline, le pédagogue soviétique Pinkévich expliquait : « Même si des actions, mauvaises de notre point de vue, sont commises parfois, la chose importante est que les mesures de régulation soient prises par les élèves eux-mêmes, avec la participation active des enseignants et ces mesures peuvent ainsi être mises en application par la collectivité. Ainsi… il doit y avoir aussi peu de lois et de règles que possible ».

Dégénérescence

Mais, à cause de la guerre civile et de la coalition impérialiste contre la Russie soviétique, la destruction quasi-complète de l’industrie créa une forte demande en enseignement de matières professionnelles, ce qui se fit au détriment de l’enseignement général. De nombreux éducateurs révolutionnaires protestèrent pourtant, comme Kroupskaïa, la femme de Lénine : « L’éducation professionnelle ne doit pas mutiler l’homme en faisant de lui un spécialiste dans un domaine limité trop précocement ».
Pourtant, les ravages de la guerre civile et l’ascension de Staline mirent fin à ce déploiement de créativité prometteur d’une éducation nouvelle pour lui substituer un modèle hiérarchique et autoritaire qui n’avait rien à envier aux pires moments de l’école tsariste. Toutefois, ce que la Russie arriérée du début du 20ème siècle fut capable de réaliser reste aujourd’hui riche d’enseignement.

Cédric, [Censier]

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