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Processus de Bologne : L’université au service des patrons
vendredi 12 janvier 2007, par
Le 25 mai 1998, les quatre ministres de l’enseignement supérieur d’Allemagne, de France, de Grande Bretagne et d’Italie se sont retrouvés pour un colloque à La Sorbonne. Ils ont alors (à l’initiative de Claude Allègre...) lancé un appel à la construction d’un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES).
Le 19 juin 1999, à Bologne, 29 pays ont adopté un texte commun visant à la construction de cet espace avant 2010. Depuis de nombreuses rencontres ont eu lieu (Prague en 2001, Berlin en 2003, Bergen en 2005 où 40 pays étaient alors représentés). La prochaine rencontre aura lieu à Londres en octobre 2007.
Les principales mesures de cette réforme de l’éducation supérieure au niveau européen sont ; la modification de la structure des études (par le biais du LMD), la modification des sources de financement des universités, la mise en place d’un système d’autonomie de celles ci et la mise en oeuvre de critères et de méthodologies communes en matière de contrôle de la qualité de l’enseignement (notamment par le système des ECTS).
Les entreprises mènent la danse
En bref, le renforcement de la concurrence entre les universités à l’échelle européenne. La logique est claire, les universités ne sont plus considérées comme des services publics, financés par l’Etat, et ouvertes à tous. Elles ne sont plus destinées à l’éducation, à l’accès au savoir, mais à répondre aux attentes du marché du travail, à la demande des patrons. La marchandisation de l’université a aussi des conséquence sur la recherche, les entreprises passeront des gros contrats avec celles qui leur offrent les meilleurs services et qui ont la meilleure réputation. L’objectif ne sera plus la recherche dans un domaine utile à la majorité de la population, mais de produire des résultats qui permettront aux financeurs de faire du profit !
Les riches à la fac, les autres à la chaîne...
La mise en compétition des facs, c’est avant tout un accroissement des inégalités dans la possibilité d’accéder à la formation que l’on souhaite suivre, dans l’université de son choix. Les frais d’inscription seront fixés au bon vouloir des facs (déjà aujourd’hui les frais illégaux sont monnaie courante...). La grande majorité des étudiants ne pourra donc accéder qu’à des études courtes, professionnalisées et axées sur les besoins des entreprises sponsorisant leurs études (La licence pro crédit mutuel à Nanterre, carrefour à Toulouse, thomson à Rennes...) Car, comme c’est le cas aux Etats Unis, les quelques universités de « top niveau », seront réservées aux plus fortunés (25 000 euros l’année aux USA...) Le processus de Bologne s’inscrit ainsi dans un mouvement initié dès la fin des années 80 destiné à être compétitif par rapport au marché éducatif des Etats-Unis et de l’Asie.
Résistance à l’échelle européenne
Face à cette attaque sans précédents, l’année 2006 fut celle des mobilisations étudiantes. En Grèce, le plus grand mouvement étudiant depuis quinze ans, 95% des universités bloquées et occupées (430/450) et des manifestations historiques. Un mouvement qui a forcé le gouvernement à reculer sur un certain nombre de mesures (renvoi de l’université en cas de retard de plus de 18 mois dans le cursus, nombreux frais supplémentaires, présence de la police sur les campus...) Dans l’Etat Espagnol, l’application de la réforme est déjà bien avancée, les universités privées se multiplient, la concurrence entre les facs s’accroît, les frais d’inscription augmentent donc (jusqu’à 1800 euros en Master) et les diplômes au rabais se multiplient. De nombreuses manifestations ont eu lieu et la coordination au niveau national s’est développée, ce qui a donné lieu à une journée de mobilisation le 17 novembre dernier. En France, (voir l’article sur la sélection) le potentiel est là, la mobilisation de l’an dernier nous l’a montré, ainsi que celles des années précédentes. Cette société, cette université là, nous n’en voulons pas ! Alors tous ensemble, lycéens, étudiants mobilisons nous !
Pauline [Saint-Denis]
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