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Travailler à la chaà®ne aujourd’hui

Interview de Julien, 26 ans, ouvrier àRenault Cléon

vendredi 12 janvier 2007, par JCR-RED

RED : Comment es-tu rentré à Renault Cléon ?


Julien :
Je cherchais du boulot. J’avais besoin de trouver un emploi. J’ai passé les tests : psychotechniques, français, maths, des études sur le travail en groupe. Ils m’ont pris en intérim pendant 5 mois et ils m’ont embauché rapidement. J’avais mon bac électronique ce qui a du faciliter. Je suis en CDI depuis 3 ans. Je travaille 40h avec des RTT. Je fais les 2/8 : 5h30-13h30, et 13h30-21h30. Dans certains secteurs, il y a encore une équipe de nuit.

RED : En quoi consiste ton travail ?

Julien : Je suis à la chaîne, je m’occupe du montage moteur. On est encore 50 sur la chaîne. Toutes les opérations sont découpées et réparties. On est amené à faire tous les postes quand même. Actuellement, je gave le moteur de gasoil, et je mets en place la courroie accessoire.

RED : Quel rapport as-tu avec les chefs ?


Julien :
C’est très hiérarchisé. On est réparti en équipes avec un agent de maîtrise qui s’occupe des congés, de la production, de la qualité... Sur une chaîne, il peut y avoir 3 ou 4 agents de maîtrises. Au dessus, chaque chaîne est gérée par un chef d’atelier ou cadre. Ils sont derrière nous en permanence pour nous faire respecter la cadence. Par exemple, je dois mettre 40 secondes pour réaliser mon opération.

RED : Quel rapport as-tu àvec tes collègues ?


Julien :
Certains, se donnent des coups de main. Mais, il existe une mentalité un peu individualiste poussée par le management. On demande aux ouvriers de devenir acteurs de progrès, de stopper les pièces défectueuses fournies par les sous-traitants. On devrait embaucher pour ces contrôles ! Ils veulent le beurre et l’argent du beurre !

RED : Y a-t-il souvent des grèves ?


Julien :
A Cléon, avec le nouveau management, si tu débrayes ou tu fais grève, ta promotion individuelle te passe sous le nez. Tout passe par la promotion individuelle, il s’agit de mettre les gars en concurrence. Cela coupe complètement les solidarités pour partir en mouvement. Par exemple, ils nous ont interdit de fumer dans les bâtiments. Nous demandions un local : on a débrayé 5 ou 6 fois 20 minutes, à 8 sur 50 ouvriers. Du coup, ils ont éclaté le noyau des grévistes : on est resté à 3 sur ma chaîne.

RED : Comment est perçu le fait d’être syndicaliste ?


Julien :
Il y a de la propagande continuelle contre la CGT. Dès qu’il y a une grève, une lettre d’information de la boite est distribuée pour nous accuser de risquer la pérennité du site. Quand j’ai pris mon mandat, ils m’ont mis à l’autre bout de la chaîne, dans un coin tranquille pour éviter d’être trop prêt des mecs. Dès qu’on s’entend bien, ils essayent d’éclater le noyau.

Propos recueillis par Fanny, [Saint-Denis]

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