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Non à la marchandisation de l’université !

samedi 16 décembre 2006, par JCR-RED

Fin octobre, un rapport a été remis au gouvernement concernant l’université. Les mesures qui y sont proposées sont probablement les plus graves depuis dix ans. D’après le rapport, il faut
résoudre le fameux problème du chômage des jeunes en adaptant lieux l’université au monde du travail... en réalité, lis veulent
mieux adapter notre éducation aux besoins des patrons !

Non à la sélection à l’entrée de l’université !

Parmi les propositions-phares du rapport : la pré-inscription à
l’université. En février de l’année de terminale, un jury composé
du conseil de classe, de représentants de l’université et du patronat décidera si le choix de l’université et de la filière effectué par
le lycéen conviennent. S’il y a « problème », le lycéen sera convoqué à un entretien… Bien sûr, d’après le rapport, les lycéens
seront libre du choix dans l’inscription. Cependant, dans un
article du Figaro intitulé « Instaurer la sélection à l’entrée de l’université » (3/10/06), le président de l’Université Paris 4–Sorbonne
explique : « On ne peut plus accepter des étudiants titulaires d’un
bac professionnel d’ébénisterie qui s’inscrivent en philo. C’est
insupportable. Ils courent à l’échec alors qu’il y a encore 16 000
places libres en IUT et en BTS cette rentrée. »
Les choses sont
claires : on parle bien de sélectionner non seulement à l’entrée
de la fac mais aussi entre la 3ème et la 4ème année, comme le
conseille le rapport Hetzel.

Les patrons, nouveaux maîtres de l’école ?

D’après le rapport, il faut gérer les universités comme des
entreprises : l’autonomie financière des universités, leur capacité
à répartir elles-mêmes leur budget et à se procurer elles-mêmes
leurs ressources auraient de graves conséquences. Les facs pourraient licencier à leur guise, et elles pourraient également encore
augmenter les frais d’inscription : la dégradation des conditions
d’études et de travail s’accompagnerait d’une explosion des
inégalités entre universités et filières (le rapport propose de les
financer en fonction des performances en termes d’insertion professionnelle...). De plus, les facs pourraient librement faire appel
à des financements privés : les entreprises dicteraient leur loi....
Tout est déjà prévu par le rapport : les patrons débarqueraient en
force dans les conseils et institutions dirigeant les universités et
celles chargées de définir le contenu des diplômes... Sans oublier
la généralisation des stages et de l’alternance à l’université.

Ce que veut la classe dirigeante, faire baisser le niveau de qualification des jeunes en multipliant les diplômes jetables adaptés
à des postes précis dans des entreprises, comme la future licence
pro Renault « dentures et engrenages », par exemple : avec un
tel diplôme en poche, on a de bonnes chances d’être embauché,
mais si Renault licencie et délocalise... à quoi servira d’avoir un
tel diplôme ? Le patronat vaut faire baisser le niveau de qualification de la main-d’œuvre entrant sur le marché du travail pour
moins la payer, et il veut également des salariés directement
exploitables... et jetables !

Les vrais responsables du chômage

On veut nous faire croire que l’université est responsable du
chômage. Et pourtant, plus le niveau de qualification d’un jeunes augmente à sa sortie d’études, moins il a de chances de se
retrouver au chômage : 17 % de chômage pour les diplômés du
supérieur, 22 % avec un CAP ou un BEP, 42 % pour les non-diplômés (source INSEE – Enquête emploi 2003). Et de toute façon,
pour 100 jeunes qui sortent du système de formation, s’il n’y a
pour eux que 80 emplois disponibles, on peut modifier la formation tant qu’on veut, il y a aura toujours 20 chômeurs à l’arrivée...
« Adapter » les formations comme le souhaite Hetzel et ses amis
ne fera pas baisser le chômage mais augmentera l’exploitation
des jeunes.

Ceux qui sont réellement responsables du chômage, ce sont les
patrons licencieurs. C’est l’Etat qui supprime encore cette année
15 000 postes dans la fonction publique.

Les mesures pour faire reculer le chômage, en particulier chez
les jeunes, les voilà : donner une allocation d’autonomie égale
au SMIC à tous les jeunes en formation (qu’ils soient à la fac, au
lycée, en apprentissage ou en recherche d’un premier emploi)
de 16 à 25 ans. Plus un seul jeune ne serait au chômage, et cela
obligerait à l’embauche de près d’un million de personnes remplaçant les emplois occupés par des jeunes. Cela doit aller avec la
titularisation des précaires et avec les 32 heures, sans pertes de
salaires et avec embauches correspondantes : c’est en partageant
le travail et les richesses qu’on peut faire reculer le chômage des
jeunes et des moins jeunes. C’est en s’attaquant aux profits, et
pas à notre droit à la formation !

Rapport disponible sur
www.recherche.gouv.fr/rapport/rapporthetezl.pdf

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