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Bolivie, entre espoir et difficultés
vendredi 12 janvier 2007, par
Depuis 2002, il y a de nombreux mouvements sociaux en Bolivie. Le 8 décembre 2005, Evo Morales, candidat du MAS (mouvement vers le socialisme) est élu à la présidence. Le MAS axe son programme de transformation radicale mais démocratique de la société sur la reconnaissance des populations indigènes, sur la décriminalisation de la coca et la justice sociale.
Timidité sur les hydrocarbures
Cependant, dès janvier 2006, Morales organise une tournée diplomatique en Europe, où il rassure les gouvernements et les multinationales. Le 1er mai, il annonce une nationalisation des hydrocarbures, mais sans expropriation mais avec renégociation des contrats. Cette politique mesurée n’empêche pas une « grève » réactionnaire violente de la droite et du patronat dans la région de Santa Cruz le 6 septembre. Le MAS suspend alors le 15 septembre la résolution ministérielle rendant effective la prise de contrôle de l’Etat sur les deux raffineries de la société brésilienne Petrobras. Andrés Soliz, ministre des hydrocarbures, démissionne. Il était partisan d’une nationalisation avec expropriation.
Vers un changement institutionnel
Mais Morales a tout de même fait le choix d’une transformation de la société, au moins sur deux plans : celui des institutions et celui de la terre. Ainsi, le 25 janvier, il a diminué le salaire de président et touche donc 1397€ par mois. Mais surtout, le 7 février, il annonce un projet d’assemblée constituante qui doit rédiger une nouvelle constitution.
La campagne électorale se focalise sur l’autonomie des régions notamment sous la pression de la droite (podemos). Le 2 juillet, l’assemblée constituante est élue. Le MAS obtient 53,7% des sièges. Ce résultat est insuffisant pour ratifier la constitution. Difficile de modifier le mode d’adoption, mais il reste la possibilité d’un référendum.
Cette question est très contestée par la droite et les autonomistes. Ce sont les régions les plus riches, possédant des hydrocarbures (Santa Cruz, Tarija) ou la forêt amazonienne (Beni, Pando) qui ont voté majoritairement pour l’autonomie. En tout état de cause, depuis le 6 août, début de l’assemblée constituante, on assiste à une très violente opposition entre le MAS et Podemos. L’annonce de la réforme laïque du système scolaire, le 25 juillet, a également créé de vives tensions avec l’Eglise catholique et un lobby évangéliste de plus en plus présent.
La question agraire au centre des préoccupations
Les profondes inégalités de la société bolivienne sont particulièrement visibles lorsque l’on soulève, le 16 mai, la question de la redistribution des terres. La réforme agraire débutera par la redistribution de terres publiques et sera suivie par une étude des terres privées non cultivées qui pourraient être redistribuées. Dès le 3 juin ont lieu les premières redistributions, qui posent problème pour les rapports entre les communautés andines (Aymara, Quechuas) et amazoniennes. Ces divisions sont utilisées par la droite contre la réforme agraire. De fait, elle s’oppose aussi à la nationalisation des forêts, effectuée le 28 août.
La stratégie du MAS
Le MAS a choisi la voie de la réforme pour transformer la société. Mais ces réformes ont du mal à s’imposer puisque les réactionnaires exercent une pression intense. Par ailleurs, Le Brésil proteste contre la nationalisation des hydrocarbures et le Chili rend difficile l’accès à la mer. Tandis que les plus radicaux dans le MAS estiment que certaines réformes sont trop timides, Morales suscite toujours beaucoup d’espoirs dans la population bolivienne, pourra-t-il y répondre ? La signature, le 26 mai, du Traité du Commerce des Peuples entre le Venezuela, Cuba et la Bolivie est un élément encourageant qui montre que le processus de transformation est international !
Loïc, [Saint-Denis]