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Sur la situation en Italie

par un camarade italien de la 4è Internationale

vendredi 12 janvier 2007, par JCR-RED

Après cent jours de gouvernement Prodi, il est déjà possible de tirer un bilan : ce gouvernement est en train de décevoir toutes les attentes qui existent encore dans du peuple de gauche italien, après cinq ans de mouvement contre le gouvernement Berlusconi.

Changement de tête mais pas de politique

Les mobilisations des dernières années ont été caractérisées par de forts élans antilibéraux et pacifistes, mais le gouvernement a tout de suite mis en place une augmentation des dépenses militaires, et a annonçé un budget qui attaque les retraites, la santé, l’école et les services sociaux.

La politique extérieure a particulièrement caractérisé les premiers pas de ce gouvernement. Le retrait annoncé des soldats italiens d’Irak a été repoussé à Decembre, sans condamnanation claire de la guerre, et l’engagement italien en Afghanistan a été confirmé. Le nouveau rôle imperialiste de l’Italie a été relancé avec force à travers la mission de la Finul au Liban, avec 2500 militaires italiens en plus, qui prendront bientôt le commandement de la mission.

Toutes ces décisions ont trouvé un large accord au parlement, depuis Berlusconi jusqu’au Parti de la Refondation Communiste (PRC, dans lequel sont les camarades, ndlr).
En choisissant de participer à ce gouvernement avec ses propres ministres, le PRC se trouve prisonnier de la logique gouvernementale, et va jusqu’à justifier le refinancement de la guerre en Afghanistan au nom d’un soi-disant “moindre mal” du fait du retrait d’Irak et de la non augmentation des troupes italiennes, pour après appuyer fermement la mission au Liban en la faisant passer pour une mission de paix.

Une opposition de gauche anticapitaliste...

Pour toutes ces raisons, la tendance Sinistra Critica (Gauche Critique) que nous animons depuis deux ans dans le PRC et les Giovani Comunisti (Jeunes Communistes), se confronte de plus en plus avec la direction du Parti, en maintenant fermement les positions d’une gauche anticapitaliste et radicalement contre la guerre, notamment à travers la visibilité de nos 3 parlementaires (un député et deux sénateurs). C’est grâce à nous qu’il y a eu, au Parlement et dans le mouvement, une opposition à la mission en Afghanistan, et la constitution un front large avec une grande assemblée le 15 juillet, sans la participation de la majorité du Prc.

A l’Assemblée Nationale, le résultat du vote a été de 549 voix pour la mission et 4 contre, dont Salvatore Cannavo de Sinistra Critica. Au Sénat, où nos deux sénateurs sont décisifs pour le maintien d’une majorité gouvernementale, Prodi a décidé de faire voter ensemble le financement de la mission en Afghanistan et la confiance au gouvernement, ce qui a empêché le centre-droit de voter pour, faisant ainsi peser sur nos deux sénateurs la responsabilité de faire tomber le gouvernement peu de temps après son entrée en fonction. Nos deux sénateurs, avec d’autres, ont alors posé un ultimatum au gouvernement, en déclarant qu’en Janvier - lorsque sera voté le refinancement de la mission - ils ne voteront pas pour, même si cela veut dire faire tomber le gouvernement. C’est une tactique pour relancer la mobilisation, en affaiblissant le gouvernement, et en donnant un prochain rendez-vous au mouvement, pour essayer de démontrer à une échelle de masse la nature liberale et pro-imperialiste du gouvernement Prodi.

Le budget et l’affaire du Liban accèlerent cette démonstration, et sur ces points le développement de mobilisations de masse sera décisif.

... pour une politique autonome !

Dans ce contexte le PRC menace sans cesse d’exclure nos parlementaires, et restreint déjà les espaces de pluralisme interne. Un parti qui pense déjà à se transformer, au travers de la constitution du parti de la Gauche Européenne - en lien étroit avec le PCF - ce qui, en Italie, se traduira par un élargissement à des morceaux issus de la direction des Democratici di Sinistra (Démocrates de Gauche, parti social-démocrate issu de l’aile droite de l’ancien Parti Communiste Italien, le PRC ètant issu de l’aile gauche, ndlr).

C’est pourquoi nous avons décidé de transformer la tendance Sinistra Critica en association / fraction publique, afin de se doter des instruments politico-organisationnels dont nous avons besoin pour construire les luttes indépendamment de la ligne du PRC, pour défendre nos positions de manière conséquente, notamment dans les prochaines écheances parlementaires sur le budget et l’Afghanistan, et aussi pour affronter les menaces d’exclusion.

Giulio, [Sinistra Critica, Giovani Comunisti, Rome]

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