Accueil > RED > 2006 > RED 73 - octobre 2006 > Dossier : Moyen Orient > Qu’est-ce que le Hezbollah ? Islamisme et nationalisme arabe

Qu’est-ce que le Hezbollah ? Islamisme et nationalisme arabe

vendredi 12 janvier 2007, par JCR-RED

On nous le martèle dans les médias depuis le mois de juillet : le Hezbollah est une organisation terroriste ! Car c’est bien sûr la capture de deux soldats israeliens qui serait la cause des destructions monstrueuses qu’a connu le Liban, de l’exode d’un million de libanais fuyant les bombes israéliennes sous lesquelles plus de mille civils sont tombés... Le tout commandité, bien sur, par la Syrie et l’Iran. Vous n’y croyez pas trop ? Vous n’êtes pas les seuls : il suffisait de voir le nombre de portraits de Nasrallah (le chef du Hezbollah) fleurissant les voitures des réfugiés regagnant le sud Liban, pour constater que non seulement la plupart des libanais, quelle que soit leur confession, ne l’accusaient pas d’être à l’origine de leurs malheurs, mais le félicitaient plutôt d’avoir réussi, avec un armement limité, à résister à l’une des armées les plus puissantes du monde. Les manifestations populaires de soutien au Hezbollah qui eurent lieu en Egypte et en Jordanie, montrent à quel point l’État d’Israël, qui voulait, après la résistance palestinienne, détruire et délégitimer le parti chiite, a échoué : pour la première fois depuis sa création, Tsahal n’a pas réussi à atteindre ses objectifs militaires, et encore moins politiques : le Hezbollah sort du conflit avec le statut de leader symbolique de la résistance à l’impérialisme dans le monde arabe...

Les origines

C’est dans la continuité de la révolution iranienne de 1979 que s’inscrit la création du Hezbollah. En 1982, après l’invasion par Israël de toute la moitié sud du Liban alors en pleine guerre civile, et notamment après les massacres de milliers de réfugiés dans les camps de Sabra et Chatila à Beyrouth, perpétrés par les phalangistes (milice libanaise chrétienne d’extrême droite) et couverts par Ariel Sharon alors ministre de la défense israélien, que la milice chiite fut fondée. Ses objectifs reflétaient alors sa double nature nationaliste et islamiste : lutter contre l’occupant israélien, et libérer son territoire, mais aussi la perspective d’un état islamique au Liban basé sur une volonté populaire (il est écrit dans le texte de fondation : « Nous ne voulons pas d’un Islam qui règnerait au Liban par la force »).

L’évolution

En 1992, le Hezbollah décide de participer aux élections libanaises et glisse ainsi de la résistance panislamique à Israël à un intérêt accentué pour les affaires intérieures du pays. Malgré l’implication croissante du parti chiite dans l’appareil d’Etat libanais, sa branche armée reste active, car Israël détient encore dans ses prisons de nombreux libanais, et, surtout, occupe toujours une grande partie du Sud Liban. La stratégie de résistance armée s’avèrera payante puisque Tsahal se retire unilatéralement du sud Liban en 2000.

A la suite de la guerre civile en 90, le Hezbollah s’est substitué à l’Etat Libanais dans l’aide aux plus démunis (mise en place d’hôpitaux et d’écoles, aide au logement, aide alimentaire, prise en charge des orphelins). Et cela, pour tous les libanais sans distinction de confession.

C’est cette résistance, sociale et populaire, combinée à la résistance militaire, ainsi que la revendication d’une appartenance à l’Islam qui explique le soutien croissant non seulement chez les chiites (moins favorisés que les autres communautés libanaises), mais aussi chez les pauvres de toutes confessions. Le soutien de l’ancien général chrétien Michel Aoun montre également le soutien d’une partie croissante de la classe politique libanaise, lassée des compromis avec les « parrains » occidentaux (français et américains) et des courbettes devant l’occupant Israélien.

Le Hezbollah à la croisée des chemins

L’irruption croissante de la question sociale qui vient se mêler chez le Hezbollah avec la question nationale et religieuse, accentue ses contradictions. Au mois de mai a eu lieu une manifestation contre les réformes libérales. Quelles forces y étaien ? Le Parti Communiste Libanais, et... le Hezbollah, qui depuis plusieurs années travaillent ensemble. Ce dernier se veut désormais une force de transformation sociale, avec un programme économique keynésien.

Quant à la perspective d’un état islamique au Liban, elle a implicitement été abandonné par le Hezbollah depuis une dizaine d’années : son implication croissante dans le tissu social du pays ayant entraîné chez lui un élargissement et une hétérogénéisation communautaire de sa base, ou du moins de ses soutiens, l’ont rendu conscient de la nécessité de travailler avec d’autres communautés pour pouvoir gouverner.

Les évolutions récentes du Hezbollah, et surtout le rôle qui a été le sien durant le récent conflit avec l’État d’Israël, ont renforcé son poids politique et le pousse à poser la question du pouvoir. Reste à savoir si le Hezbollah continuera à s’allier à la classe dirigeante libanaise elle-même alliée à l’impérialisme US et français, comme il le fit en 2000 et 2004, où s’il se tournera, vers la confrontation avec l’État libanais et ainsi de manière directe, en entraînant l’ensemble de la population, contre l’impérialisme.

Romain, [Censier], Nicolas, [LCR St Denis], Ernesto, [Nanterre]

Erreur d’exécution squelettes/inclure/forum.html

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.