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Après le mouvement lycéen, continuer la lutte !
vendredi 12 janvier 2007, par
La version papier de cette brochure est disponible auprès des militants ou en envoyant 1 euro (ordre du chèque : APEIJ) à :
JCR
2, rue Richard Lenoir
93 100 Montreuil
I. Le mouvement lycéen
Quatre mois de lutte
Les prémices du mouvement
Le 6 janvier, le ministre de l’intérieur Dominique
de Villepin organise une opération de Police devant plus de 1 200 établissements
scolaires, mobilisant 8 000 policiers. Résultat : 101 interpellations
dont 75 pour « infraction
à la législation contre les stupéfiants » et treize pour « port d’arme prohibé. » Il s’agit pour le ministre de montrer que lui aussi sait faire preuve de l’autoritarisme de son prédécesseur Sarkozy, mais surtout de faire un test. Alors que Fillon est prêt à publier la version définitive de son projet de loi, comment la population
accueillera-t-elle le déploiement des forces de Police devant les lycées ?
Dès le mois de septembre,
une mobilisation s’était esquissée autour des élèves sans lycée faute de moyens. La publication
du Rapport Thélot
pendant l’été a montré les objectifs du gouvernement
en matière d’éducation.
Il commence à être lu, diffusé et analysé, notamment par les JCR dès septembre. Dans plusieurs
lycées existent des mouvements locaux, notamment
en Seine-Saint-Denis pour la défense des élèves sans-papiers. Dans d’autres lycées, des mouvements
sur les moyens ont lieu, comme à Fontenay-
sous-Bois pour la titularisation d’un professeur
vacataire ou St Denis contre la fermeture d’une classe prépa. Plusieurs écoles sont mobilisées contre des fermetures de classes. Une manifestation
des profs a eu lieu en décembre.
Toutes les conditions sont donc prêtes pour qu’une lutte lycéenne s’organise. La semaine de mobilisation du 17 au 21 janvier arrive donc à point nommé. Le mardi
18, ce sont les postiers qui ouvrent la marche. Le lendemain, c’est au tour de la SNCF, d’EDF et de GDF. Le jeudi 20, ce sont les fonctionnaires et les enseignants qui défilent, à l’appel des syndicats CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU et UNSA. De nombreux lycéens se sont joints aux cortèges de leurs professeurs
ou en ont formé eux-mêmes. Les militants des JCR parcourent la manif
en appelant à une AG le soir même à la fac de Jussieu.
La naissance d’un mouvement massif et de la coordination
Cette AG réunit une vingtaine de lycées différents.
C’est la première fois que s’esquisse une telle coordination, qui va tenter d’organiser la mobilisation.
L’AG appelle à une réunion suivante le samedi. C’est là qu’est décidée la présence à un rassemblement appelé par la FIDL, le 1er février devant le Ministère de l’Éducation. Il est également
voté de participer à la manif du 5 février pour la défense des 35 heures. Les lycéens y formeront un cortège contre la loi Fillon.
Le 1er février est un premier succès. La coordination
qui s’est formée a mobilisé largement et le simple rassemblement voulu par la FIDL se transforme
en manifestation de plus de 3 000 personnes
dans Paris. Pour la première fois le syndicat est dépassé, car il a sous-estimé les possibilités de mobilisation. Le soir même, une AG se tient à Jussieu, en présence de dirigeants de la FIDL. Ceux-ci tentent de s’affirmer
comme direction du mouvement, mais sont trop faibles pour s’imposer
dans la coordination.
Une autre manifestation est appelée le jeudi 10 février.
Cette journée est un nouveau succès avec plus de 100 000 lycéens dans les rues. La mobilisation s’étend maintenant petit à petit à toutes les villes qui ne sont pas en vacances
(la première zone est partie le 5 février). Fillon recule sur la question du bac, espérant désamorcer
le mouvement. Soucieuses
de maintenir leur crédibilité vis-à-vis des lycéens et du Ministre à la fois, les organisations syndicales relayent l’appel
à une nouvelle manifestation
le 15 février, tout en acceptant de négocier avec Fillon. La FIDL accepte
de participer au groupe de travail sur la réforme du bac. L’UNL en claque la porte mais met en avant la revendication du maintien des TPE et non celle des moyens, du bac et du rejet du « socle commun de connaissance
». Cependant, elle accepte de participer à la Coordination qui regroupe
jusqu’à quatre-vingts lycées en région parisienne.
La FIDL, au contraire, quitte la coordination en se rendant compte qu’elle ne peut plus la contrôler et la dénonce comme affiliée
à l’extrême gauche.
Le 15 février est une journée
de mobilisation nationale
de toute l’éducation. Ce sont cette fois-ci plus de 150 000 personnes qui défilent, y compris dans des villes alors en vacances
! Cependant, ce sont assez peu de professeurs et d’ATOS qui s’y joignent, sauf à un niveau local.
Pendant les vacances de la zone C (académies d’Ile-de-France et de Bordeaux)
les manifestations continuent, notamment les 24 février et 1er mars, où ce sont plusieurs dizaines
de milliers de lycéens qui manifestent, alors que ce sont les zones les moins mobilisées qui rentrent de vacances. Le 2 mars, la loi est votée à l’Assemblée. À l’appel de la Coordination parisienne
et de l’UNL, une coordination
nationale se réunit
le 5 mars, avec l’aide des JCR et de l’UNEF. Elle réunit une quarantaine de villes et régions. L’UNL et la direction de l’UNEF y participent mais ne parviennent
pas à défendre une orientation cohérente.
La coordination a beaucoup de difficultés à fonctionner et à prendre des décisions claires. De justesse, une plate-forme consensuelle est votée. Elle demande : le retrait intégral de la loi sur l’École
; le rétablissement immédiat
des 90 000 postes supprimés depuis 2002 et un plan de recrutement ; le maintien de toutes les options et filières ; le maintien des TPE en terminale
et de réels moyens pour les assurer ; la gratuité
d’accès à toutes les filières, avec notamment la gratuité des trousseaux
professionnels ; des pions, pas de flics dans les lycées.
Le même jour, la FIDL organise une coordination
nationale concurrente,
qui rassemble autant de monde. Mais, parce qu’elle est construite avec des valises de billets, pas avec une implantation à la base, elle sera sans suites.
De la véritable Coordination
émanent deux rendez-vous nationaux qui sont la manifestation du 8 mars et la participation
à la mobilisation interprofessionnelle du 10 mars. Le 8 mars est un succès national, notamment
à Toulouse (12 000) et Lille (8 000). Il s’agit de la mobilisation la plus forte de tout le mouvement avec plus de 200 000 personnes dans la rue. Cependant, à Paris, elle est peu massive et est très perturbée par les « casseurs ». Alors que le service d’ordre (SO) commun
de la Coordination est débordé, la police se contente de regarder. Il est également clair que, sans parler de conspiration ou de manipulation totale, des agents provocateurs de la police se sont glissés
dans la manifestation pour échauffer les esprits.
Ces incidents sont révélateurs
de difficultés importantes. Il y a un manque de structuration locale (peu d’Assemblées générales) qui conduit à une absence de cortèges et de SO à la base. De plus, on observe une diminution
du nombre de manifestants par rapport à avant les vacances : à Bordeaux, on passe de 15 000 à 7000, à Paris de 30 000 à 20 000. Un essoufflement
se fait ressentir,
dû aux vacances, au retrait sur la question du bac et au premier vote de la loi. Cet essoufflement et le coup porté au mouvement
à Paris auront des conséquences décisives sur le mouvement.
La journée du 10 mars est au contraire un succès
car ce sont plus d’un million de salariés qui sont en grève, dont une grande partie du privé et de l’éducation. Le mouvement
lycéen a contribué fortement à la réussite de cette journée. Cependant, les centrales syndicales ne reconduisent pas la grève et cette journée est sans lendemain. Malgré
le soutien des autres secteurs et de toute la population, pour le mouvement
lycéen, il s’agit donc de continuer à tenir seul. Par ailleurs, dans le cortège de la manifestation
parisienne, les SO de l’UNSA Police et de SOS-Racisme, appelés par la FIDL, ainsi que celui de l’UNEF, semblent faire du zèle contre les casseurs et agressent beaucoup de lycéens selon des critères de faciès. Toute cette violence participe à décourager
les lycéens de manifester.
Continuer malgré tout
La FIDL, l’UNL et l’UNEF profitent de ces incidents pour abandonner le mouvement.
Il sera quasiment impossible de renouer avec des journées de mobilisation
nationale massives.
Mais, fort du potentiel de mobilisation qui est apparu les semaines précédentes,
fort aussi d’un contexte de grèves de salariés
importantes (SNCF, marins, postiers, urgentistes...)
et doté d’une coordination
nationale faible mais existante, le mouvement
tente de continuer.
Beaucoup de lycéens pensent que les manifestations
ne servent plus à rien car Fillon ne cède toujours pas. Les chiffres commencent à faiblir, sauf à Clermont (1 500) et Angers (1 000). Or, seules les manifestations permettent de réunir l’ensemble des lycéens malgré les différents degrés
de mobilisation, de compter réellement le nombre d’élèves mobilisés
en France et de proposer
des échéances aux autres secteurs. La conscience
que le mouvement ne sera victorieux que s’il est rejoint par d’autres secteurs, mais ce sera de plus en plus difficile.
Pour relancer la mobilisation,
le mouvement se concentre sur le niveau local. Des blocages commencent.
Votés par les AG, ils permettent à tous de choisir la grève sans risques de sanctions administratives.
Ils permettent
à tous de participer au mouvement et à son élaboration, puis d’organiser
des départs groupés et massifs en manif. Les occupations de lycées permettent à chacun de gérer le lycée. Or, c’est en gérant soi-même son établissement
que l’on prend vraiment conscience de sa propre capacité à prendre
des responsabilités et à décider de son avenir. C’est en cela que les dénonciations
des médias et de Fillon qualifiant le mouvement de manipulé par l’extrême-gauche sont absurdes. Commencés avant les vacances de février
dans quelques, les blocages peuvent permettre
un degré supérieur de mobilisation.
Cependant, ils vont peu à peu remplacer les manifestations
dans les esprits d’une partie des lycéens les plus mobilisés, tandis que les moins mobilisés restent chez eux. Malgré des manifestations réussies
à divers moments, les manifestations diminuent peu à peu, et le nombre de villes mobilisées avec. L’UNL décide d’appeler à des sit-in, la FIDL, elle, lance un « grand référendum
» dans les lycées.
Le samedi 2 avril a lieu une grande manifestation de l’Éducation. Si elle réunit
plusieurs milliers de personnes dans toute la France, elle n’est pas un franc succès et surtout, ce n’est pas une grève. La coordination nationale du 3 avril réunit moins de villes
que les précédentes. Elle lance à nouveau un appel à la grève aux directions
syndicales de l’Éducation
et à l’ensemble des autres secteurs. Elle parvient à proposer une date nationale de blocages
des lycées le jeudi 7 avril. Cette journée sera un succès avec plus de 480 lycées bloqués dans toute la France, sur 2 600 ! Des occupations, des blocages
et des actions ont lieu chaque jour. Mais il devient difficile de mobiliser
quotidiennement au-delà des lycéens les plus convaincus. La deuxième difficulté est la répression policière : les arrestations se multiplient, ainsi que les actions violentes de la police contre les manifestations
et les occupations (Lille, Montaigne, Balzac,
Victor Hugo à Paris, Chérioux à Vitry...). Puis, il y a la difficulté à voir comment gagner. Il est maintenant clair que les lycéens ne peuvent pas gagner seuls contre le gouvernement. Il faut un mouvement entraînant au moins le reste de l’Éducation.
Cela semble commencer
très lentement à cause des défaites de 2003 chez les étudiants et les personnels, mais cela commence. Des grèves démarrent dans les universités
à Créteil et Toulouse
puis Perpignan. Le SNES a dû appeler à une grève jeudi 14 avril, tandis que des enseignants se mettent en grève.
Malgré les difficultés, le mouvement lycéen doit donc tenir encore quelques
semaines. Pour laisser
le temps aux étudiants et aux personnels de se mobiliser et exercer une pression sur les directions syndicales, on tente de continuer la mobilisation : blocages hebdomadaires, manifestations, actions coups-de-poing. Mais la mobilisation continue à s’affaiblir. Face à la difficulté,
les actions coups-de-poing sont privilégiées. Malheureusement, celles-ci sont minoritaires et donnent
lieu à une répression énorme. Après les quatre-vingts arrestations de Bobigny,
suite à une action à l’inspection académique le 12 avril, avec quinze mises en garde à vue, ce sont 165 personnes qui ont été arrêtées le 20 avril, suite à l’occupation d’une annexe du Ministère à Paris.
Partout en France les coups de matraquent, les mises en examen et les procès pleuvent. Pendant ce temps, les directions syndicales définitivement décrédibilisées auprès des lycéens rencontrent Fillon à trois reprises.
En n’ayant pas réussi à renouer avec les manifestations
de masse, et parce que les directions syndicales, notamment la FSU et l’UNEF, ont tout fait pour freiner la mobilisation
des personnels et des étudiants, le mouvement
n’a pas pu passer les vacances d’avril. Une tentative
de manifestation de toute l’éducation a échoué le 12 mai, tandis que le 16 mai, lundi de Pentecôte transformé en jour travaillé par le gouvernement, il n’y a pas eu de manifestation nationale.
Les précédents mouvements de l’éducation
Tous les mouvements lycéens depuis 1986 ont obtenu des victoires et ont déstabilisé les gouvernements
en place, qu’ils soient de gauche ou de droite. En 1986, le mouvement démarre contre la loi « Devaquet », qui instaure une sélection à l’entrée de l’Université. Les lycéens et les étudiants
se mobilisent par centaines de milliers. Le mouvement menace de s’étendre contre le gouvernement,
avec la participation
des salariés. Après la mort d’un lycéen, Malik Oussekine, tué par la police, une grève nationale
est organisée. Le ministre démissionne et la réforme, qui avait été votée, est abrogée.
En 1990, un nouveau mouvement démarre contre la réforme Jospin, alors ministre de l’éducation
nationale. Il revendique
des moyens face à la pénurie budgétaire (jusqu’à 40 par classes, pas d’ordinateurs, manque
de profs...). Celle-ci est d’autant plus miseen évidence que le gouvernement
participe à la guerre du Golfe, qui coûte des milliards. La FIDL, liée au gouvernement, tente de réduire l’impact du mouvement. Le 12 novembre, une marche nationale est organisée avec le soutien des syndicats
enseignants et des parents d’élèves. Elle rassemble
100 000 lycéens à Paris. Jospin devra lâcher 4,5 milliards de francs et des droits démocratiques (liberté d’affichage, de réunion, CAVL, CSE...).
En 1994, le gouvernement
de droite du premier
ministre Balladur, avec pour ministre de l’éducation François Bayrou,
tente deux attaques. La première aurait permis d’augmenter le financement
des établissements privés. Il se heurte à un million de manifestants à Paris et doit reculer. La deuxième attaque est le contrat d’insertion professionnelle
(CIP), renommé « contrat d’intérêt patronal
» ou SMIC-jeune par les lycéens. Il autorise le patronat à embaucher des jeunes à un salaire inférieur sous prétexte de les former. Le gouvernement
doit à nouveau faire machine arrière.
En 1995, le mouvement contre le plan Juppé (premier
ministre) de casse de la Sécurité sociale commence en réalité par une mobilisation étudiante
contre le manque de moyens, en particulier à Rouen et Toulouse, qui obtient mi novembre des moyens supplémentaires. Pendant la même période,
le gouvernement prévoit
de geler les salaires des fonctionnaires et un plan de casse de la Sécurité
sociale (notamment l’augmentation de la durée
de cotisation dans le privé). Le mouvement se développe chez les salariés
à partir de novembre et explose fin novembre, en partie inspiré par les victoires que commencent
à obtenir les étudiants. Le 7 décembre,
il y a 1,3 millions de manifestants, 2 millions le 12 et le 16 décembre, tandis qu’il y a des grèves massives, en particulier dans les transports en commun, qui paralysent le pays. Juppé recule. Les lycéens se sont mobilisés aux côtés des étudiants contre la pénurie budgétaire,
et en solidarité avec les enseignants. Leur mouvement, comme celui des étudiants, est peu visible du fait de la mobilisation de masse des travailleurs, mais y a contribué.
En octobre 1998 et 1999, des centaines de milliers de lycéens se mobilisent : 500 000 le 15 octobre 1998, jusqu’à 300000 en 1999. Ils s’opposaient à la réduction des programmes
par le gouvernement de gauche (premier ministre
Jospin, ministre de l’éducation Allègre) et au manque de moyens (revendication
de 25 élèves par classe). Cette réduction
des programmes aurait abouti à un lycée à plusieurs vitesses (un peu la logique de la réforme Fillon...), puisqu’en réalité,
selon son lycée, on aurait vu seulement le programme ou d’autres choses en plus, et cela aurait aussi diminué la valeur du bac. Le gouvernement
est obligé de reculer et de donner plusieurs
centaines de millions
de France, notamment
car le mouvement s’étend aux enseignants. Une coordination nationale
a pris forme dans ces deux mouvements, notamment en 1998, qui a été le plus massif et structuré.
En 98, la FIDL a mis en place une coordination parallèle, pour se poser en interlocuteur privilégié du gouvernement, dont elle est à nouveau proche politiquement...
Le sens des attaques actuelles
La loi Fillon a été préparée
par le Rapport Thélot, publié au début de l’année.
Celui-ci était censé émaner du « grand débat sur l’école », qui avait eu lieu en 2003-2004. En réalité, dès l’introduction on peut deviner que les seules personnes consultées
ont été les penseurs libéraux et le MEDEF. En effet, selon Thélot, l’objectif
de « 80 % d’une classe d’âge au bac » a produit une situation dans laquelle
les salariés arrivant sur le marché demandent des conditions de travail et des salaires trop élevés.
Dans le prérapport, qui a été censuré, on explique
que les travailleurs sont trop qualifiés et qu’il faut diminuer leurs qualifications.
Le Droit du travail reconnaît
des conventions collectives, qui garantissent
aux salariés des conditions
de travail et des salaires selon le diplôme qu’ils ont. Celles-ci sont élaborées à partir du bac. En les supprimant peu à peu, par la casse des diplômes,
le gouvernement veut mettre les salariés en concurrence. C’est notamment
le sens de la réforme
LMD-ECTS sur les universités, qui détruit les diplômes nationaux. Ce sera à celui qui accepte les conditions les plus dégueulasses que sera donné un emploi. Avec un chômage à plus de 10 %, on ne fait déjà pas les difficiles. Avec des boulots
précaires, on n’ose pas vraiment l’ouvrir de peur que le contrat à durée
déterminée (CDD) ne soit pas renouvelé. Avec la destruction de toutes les règles, on deviendra corvéable à merci.
Dans le Rapport Thélot, on lit que les entreprises et les écoles devraient se rapprocher pour favoriser la découverte des métiers dès le collège, construire des voies de formation professionnelles en alternance
et améliorer l’insertion
professionnelle des jeunes. La réforme Fillon vise à mettre en place une séparation de plus en plus tôt entre des filières générales
longues, et des filières
professionnelles, avec des stages non rémunérés,
et qui ne donneront pas le droit de continuer des études. Cela renforce la sélection sociale, en empêchant les jeunes issus
de milieux populaires de faire des études. Pendant
ce temps, le patronat se frotte les mains, puisqu’il
fait travailler gratuitement
des centaines de milliers de jeunes.
L’ensemble des lois qui réforme l’éducation, depuis
les années 60, ont cette logique : augmenter la sélection sociale, favoriser
le travail en alternance,
réduire la valeur des diplômes. Elles ont aussi en commun la volonté de transférer la gestion des établissements aux régions et aux communes.
C’est notamment le cas de la réforme de 1997 dans les universités, de la réforme LMD-ECTS actuelle et de la « loi organique
relative aux lois de finances », qui transfèrent
de nombreuses compétences
(y compris en terme de recrutement des personnels) aux établissements
et aux régions. Résultat : les régions et les établissements riches auront des moyens, les autres devront mendier auprès du patronat.
Ce que veut le MEDEF, c’est aller jusqu’au bout de la destruction des acquis
sociaux, gagnés par des décennies de luttes ouvrières. C’est ce qui se passe avec la casse du système des retraites en 2003, par Fillon déjà, de la Sécu en 2004, des services
publics depuis des années, y compris lorsque la gauche plurielle était au pouvoir.
Le rôle de l’école
Elle est la première institution
d’État à laquelle on a à faire dans notre vie.
Elle doit non seulement reproduire la hiérarchie sociale existante, mais aussi préparer les futurs salariés à accomplir leurs tâches sans se plaindre et non leur donner des droits ou des armes pour se défendre. Elle doit être utile à l’économie et à la minorité qui possède les entreprises et les capitaux
et non servir les intérêts
de la majorité. Elle n’a jamais été conçue par les dirigeants comme un moyen d’émancipation
ou un « ascenseur social », pas même par Jules Ferry qui la voyait comme un moyen d’inculquer
à la jeunesse les valeurs d’une France colonisatrice,
revancharde contre l’Allemagne et venant d’écraser la Commune.
La possibilité d’accès
à l’école pour tant de jeunes est autant la conséquences de luttes de la part des jeunes et des travailleurs que du besoin de la bourgeoisie
d’une main-d’oeuvre qualifié.
Aujourd’hui, la bourgeoisie
tente de détruire les acquis pour augmenter
ses profits. En effet, la privatisation permet de faire du fric sur l’éducation,
la diminution des qualifications permet de diminuer les salaires et la diminution de la durée des études de faire des économies.
Une école idéale pour les capitalistes, ce serait une école avec très peu de moyens, tandis que ceux-ci seraient alloués à la police et à l’armée. Une école qui nous apprendrait
le strict minimum
: savoir lire, mais pas critiquer ce qu’on lit, écrire, compter, se servir d’un ordinateur, parler une langue pour la communication. On y apprendrait
aussi à fermer sa gueule avec des cours d’éducation civique qui nous expliqueraient que le système actuel est le meilleur possible, que la France agit bien dans le monde et que la justice règne. D’autre part des flics pourraient nous réprimer
dès qu’on s’écarte du rang... Ensuite, les élèves dont les parents ont les moyens de payer des cours privés, de les mettre dans les écoles des meilleurs quartiers ou dans le privé, passeraient
un bac avec une grande valeur. Ils finiraient
par faire des écoles
de commerce pour être cadres, PDG, ministres,
etc. une partie des jeunes passerait un sous-bac car ils n’auraient pas le niveau pour faire les options (histoire, géographie,
sciences, économie...).
D’ailleurs, leurs collèges et lycées ne dispenseraient pas ces cours, ils n’auraient plus le budget nécessaire, et puis pourquoi préparer à un diplôme qui, hors de certains établissements, n’a plus de valeur ? Ces élèves seraient donc orientés vers des filières professionnelles, selon les besoins des entreprises
du secteur. Pendant quelques années, ils y travailleraient sans être payés, puis l’entreprise leur dispenserait un diplôme
n’ayant de valeur que pour le patron, à condition
que l’élève ait bien travaillé, n’ait pas fait de bêtise ou ne se soit pas révolté. Ainsi, l’élève deviendrait,
sans grande rupture, un salarié de l’entreprise. Il ne pourrait rien dire, car si celle-ci le renvoyait, il ne pourrait pas trouver d’autre boulot,
n’étant formé que pour celui-ci. Ses enfants feraient de même, et ainsi
de suite, jusqu’à ce que l’entreprise ferme ses portes. Dans ce cas, ce serait le chômage pour tout le monde avec l’impossibilité
de retrouver un emploi un jour.
En caricaturant à peine, c’est à ça que Fillon veut nous ramener avec le socle
commun de connaissance,
les policiers dans les lycées et les partenariats
entre l’entreprise et les établissements scolaires.
II. Les leçons du mouvement
Les leçons à retenir
Pour beaucoup de lycéens,
ce mouvement a été le premier. C’est dans celle-ci que nous avons appris à nous organiser à un niveau national par nous-mêmes, même si des profs, des étudiants, des chercheurs ou des parents ont pu nous donner
des coups de main à certains moments. Faire un premier mouvement, c’est donc apprendre par sa propre expérience et aussi ses propres erreurs.
De la grève...
Ce mouvement a été le premier dans lequel il y a une des grèves à cette échelle, avec des piquets de grève (les blocages). Cela a eu lieu car ce mouvement
a été très dur, il nécessitait un affrontement
contre le gouvernement
et des capacités d’organisation supérieures
aux précédentes mobilisations.
À quoi sert la grève ? Être en grève, c’est d’abord avoir du temps libre, non pour sécher les cours, mais bien pour préparer la mobilisation,
s’occuper de tâches techniques (banderoles, tracts...). Lorsque le lycée est réellement bloqué, on organise tous ensemble la manif, du départ à la structuration. Cela permet
d’élaborer des mots d’ordre, de décider des moyens d’action, etc. On entraîne tout le monde, pas une minorité « politisée
» ou « manipulée », mais l’ensemble des lycéens.
Avec la grève, on oblige donc tout le monde à se positionner, non seulement
les lycéens, mais aussi le reste de la société. Les parents, souvent salariés
et victimes du gouvernement
ont pu voir le mouvement que mènent leurs enfants comme ce qu’ils voudraient faire eux aussi. Beaucoup ont apporté
leur soutien, voire leur aide concrète, aux lycéens
en lutte. Les profs, qui ne font plus cours, ont été conduits à faire des AG et décider ou non de rejoindre leurs élèves. Il en va de même des personnels
non enseignants. On a d’ailleurs vu beaucoup
d’entre eux rejoindre les grévistes dans la rue là où ils étaient le mieux organisés. De même, on a bien vu où se situent beaucoup de proviseurs, lorsque leur syndicat majoritaire, le SNPDEN, demandait à négocier lui aussi avec Fillon et qualifiait la Coordination lycéenne de « non représentative
» et « aux modes
d’action minoritaires et antidémocratiques ». Même si certains proviseurs
ont pu soutenir le mouvement, ceux-ci faisaient
malheureusement figure d’exception.
En faisant grève, on suscite
donc des confrontations
claires. Deux camps se forment : ceux qui soutiennent
le mouvement et ceux qui laissent faire le gouvernement et l’ordre social. Il y a aussi ceux qui hésitent, ceux qui participent
sans conviction et ceux qui sont d’accord avec le principe mais pas avec les moyens. Mais ils sont en mouvement, et c’est par l’action qu’on peut se convaincre et confronter ses idées.
...à la grève générale !
Le mouvement lycéen n’est pas le premier mouvement
social contre le gouvernement. il y a eu les mouvements sur les retraites, de nombreuses luttes sur les salaires, contre les licenciements, etc. Ce qui a manqué à tous, c’est une convergence
de l’ensemble des secteurs attaqués. Un lycée en grève, s’il fait peur au gouvernement, ne bloque pas l’économie comme une entreprise qui s’arrête. De ce fait, le rôle des lycéens, outre la défense de leurs droits et de leurs intérêts, est d’entraîner
les autres dans la lutte. C’est uniquement par la grève générale qu’il sera possible de virer le gouvernement. Si l’économie
ne tourne plus, si ce sont ceux qui produisent les richesses qui prennent
les décisions, alors les dirigeants perdent leur pouvoir. C’est ce qui s’est produit en mai 1968 pendant plusieurs jours : l’Assemblée était vide et c’étaient des militants syndicaux qui réglaient la circulation dans la rue.
La grève générale se construit et si la tâche est difficile, elle n’est pas impossible. La première difficulté est de convaincre
que l’on peut gagner et qu’il vaut la peine de se battre. Pour cela, il faut donner des objectifs au mouvement, des revendications
qui puissent être communes à l’ensemble des secteurs en lutte : des revendications concrètes (retrait de la réforme, des moyens, embauches...) et des revendications politiques
(démission du ministre, du gouvernement...).
Lorsqu’un lycéen est en grève, il n’a pas de retenues de salaire. De plus, les lycéens n’ont pas derrière eux les défaites du passé, qui sont démotivantes
: au début de l’année, beaucoup de secteurs
étaient prêts à lutter mais, après une défaite, attendaient qu’un autre commence. Les lycéens n’ont pas eu à se poser ce genre de questions et sont donc partis.
Mais démarrer le mouvement
n’est qu’une étape. Par la suite, il est nécessaire d’avoir des échéances précises. Les journées d’action avec une manif permettent de fixer à tout le monde une date de mobilisation. Mais ces journées isolées ne sont pas suffisantes. Comme on l’a vu, celle du 10 mars était un succès. Mais après... plus rien avant le 16 mai ! Une journée de grève doit servir à reconduire
le mouvement au lendemain. Mais en décidant
de ne proposer que des journées le samedi, c’est-à-dire sans grève, ou le jeudi, les directions syndicales ont empêché la reconduction. En effet, si les salariés décident de reconduire la grève le vendredi,
ils perdent tout le week-end en salaire, alors qu’ils ne sont pas sûrs qu’ils continueront le lundi.
Ce qu’il faut, c’est donc s’organiser et commencer à lutter pour faire pression sur les directions syndicales
pour qu’elles n’appellent
pas qu’à des journées sans lendemain.
Les directions syndicales
ne défendre pas automatiquement
les intérêts de leur base, elles préfèrent
profiter des avantages
qu’elles peuvent avoir dans ce système. Cependant, les syndicats sont les seules structures qui permettent de rassembler
un maximum de salariés ou d’étudiants. Ils sont donc incontournables
pour entraîner tout le pays dans la lutte, mais les directions ne le font que sous la pression des militants de base. De plus, elles abandonnent le mouvement dès que possible. La pression ne doit jamais se relâcher.
Il n’y a que la base qui peut le faire, c’est-à-dire les salariés, pas les lycéens.
Néanmoins, des milliers de lycéens qui soutiennent les militants syndicaux, ce n’est pas rien. Le mouvement lycéen
a donné confiance à beaucoup de travailleurs et rien que cet impact sur la société est une réussite.
Il a permis que des grèves multiples aient lieu, que des journées de mobilisation des salariés soient masives, comme le 10 mars, il a renforcé le refus de la Constitution européenne.
Être structurés, coordonnés et organisés démocratiquement
Les syndicats lycéens, contrairement à ceux des salariés et des étudiants, sont des coquilles vides sans implantation réelle à la base, même si ils ont une influence importante sur les lycéens. Ils savent aussi trahir le mouvement,
l’UNL et la FIDL l’ont même très bien fait, en l’abandonnant après le 10 mars, ce qui a contribué
a l’affaiblir. Mais si elles ont été incapables de l’arrêter, c’est grâce à son auto-organisation. La Coordination a permis
d’avoir une direction émanant de la base et indépendante du gouvernement.
C’est grâce à elle que l’on a pu échanger des expériences, telles que les blocages, trouver une cohérence nationale, faire progresser le mouvement.
Cependant, elle n’a pas eu un fonctionnement parfait et a eu des manques
qu’il s’agit de reconnaître
et de comprendre pour ne pas refaire les mêmes erreurs.
La question des mandats,
c’est-à-dire l’élection de délégués à la base pour représenter les lycéens dans les coordinations régionales
et nationales, a été peu prise en compte. Il peut sembler paradoxal de déléguer des lycéens pour avoir un fonctionnement
plus démocratique. Pour beaucoup, l’idéal serait un fonctionnement horizontal sans direction.
Mais cela signifierait que l’on ne pourrait pas réellement se coordonner.
En effet, on ne peut pas rassembler tous les lycéens de France dans un seul lieu et voter là ce que l’on fait. Aussi, le mieux est que toutes les décisions soient d’abord prises dans le lycée. À ce moment-là, sont votée des décisions, concernant les actions locales, mais aussi les revendications et les moyens d’action au niveau national. Sur la base de ces votes, plusieurs
personnes sont désignées pour défendre
les positions de 1’AG dans les coordinations. Ainsi, aucune ville et aucune organisation ne peut être surreprésentée au moment des votes en blindant la salle et ainsi orienter le mouvement dans une direction que ne veulent pas les lycéens. De plus, le mandat empêche
que les délégués puissent faire ce qu’ils veulent. Ils doivent rendre des comptes à leur AG et peuvent être révoqués à tout moment.
Trop peu de lycées ont fonctionné ainsi. Pour beaucoup de personnes de province, les Coordinations
ont été mal vécues
tant la présence parisienne
était pesante.La présence des villes était irrégulière. Il a manqué une ampleur réellement nationale : la Coordination
ne représentait pas l’ensemble des villes et des lycées et donc l’hétérogénéité du mouvement,
tant en termes d’idées que de niveaux de développement de la lutte.
Cela s’est aussi traduit par un certain éparpillement.
En effet, à certains moments la plate-forme de revendication devenait extrêmement longue. En soi, il est très positif de ne pas se limiter à quelques
revendications, de les préciser et de les lier à d’autres. Mais cela a signifié un manque d’objectifs
clairs et communs, et ainsi une difficulté à proposer des perspectives
et des objectifs clairs à l’ensemble des lycéens du pays. C’est souvent in extremis que des perspectives
et des échéances ont pu être fixées.
Lutter contre le sectarisme
Le gouvernement est illégitime. Personne, mis à part le MEDEF, ne peut être pleinement satisfait de sa politique et la majorité
a plus que de quoi se plaindre. En exprimant notre colère, nous sommes
donc représentatifs de l’ensemble de la population
et beaucoup se sont identifiés au mouvement
lycéen. En s’organisant
et en tendant à une démocratie la plus effective
possible, nous avons également pu déborder les directions syndicales.
Cependant, c’est parce que jamais la Coordination
n’a cherché à écarter qui que ce soit qu’elle a pu devenir la seule structure légitime. La coordination avait aussi besoin d’intégrer
les syndicats pour les obliger à prendre certaines
positions, qu’eux seuls pouvaient relayer médiatiquement et dans certaines villes. Ce sont les directions syndicales elles-mêmes qui l’ont abandonné, prouvant par là qu’elles ne construisaient
pas le mouvement et démontrant à leurs militants qu’ils n’avaient aucune confiance à avoir en elles. Les refuser aurait consisté à leur laisser le champ libre et aurait empêché
d’avoir une crédibilité
réelle.
Au contraire, une coordination
doit être la structure
qui rassemble tout le inonde, indépendamment des appartenances syndicales
ou organisationnelles.
De la même manière, son orientation doit être celle des lycéens et non des militants les plus motivés
ou les plus radicaux. Leur tâche à eux doit être de construire le mouvement
dans leurs lycées et de convaincre la majorité de rejoindre la lutte.
Les actions minoritaires
Pour être nombreux, il faut préparer des actions qui rassemblent la majorité.
Cela ne veut pas dire que toutes les actions minoritaires ou « coup-de-poing » sont à rejeter. Ainsi, le blocage du Viaduc
de Millau par les lycéens
ou d’autres actions de « péages gratuits » sont exemplaires, car elles
permettent de populariser
le mouvement, de gêner le gouvernement et d’avoir une action politique
collective. De même, les blocages de lycées ont parfois été organisés à l’initiative d’un noyau militant, avant d’être votés
par la majorité des lycéens. Mais les actions minoritaires doivent servir
à préparer l’action majoritaire qu’est la manifestation.
Elles doivent servir à ceux qui ne se sont pas encore mobilisés
pour le faire. C’est pourquoi des actions qui empêchent de préparer les manifestations, s’y substituent ou risquent de faire perdre de sa popularité
au mouvement sont des erreurs à éviter.
De nombreux lycéens ont fini par consacré plus d’énergie aux actions qu’à la mobilisation sur leur lycée, aux blocages et aux manifestations, ce qui a contribué à affaiblir le mouvement.
Enfin, avec la répression et même la mise en examen
de plus de quarante personnes, c’est un coup au moral que s’est pris le mouvement. Certes les actions ont permis de rappeler que le mouvement
existait encore et de développer une solidarité avec des organisations syndicales et associatives. Mais ce sont finalement peu d’avantages comparés
aux inconvénients.
Le rôle des JCR dans le mouvement
Nous nous sommes tout d’abord efforcés de fournir un soutien matériel
constant au mouvement
lycéen parce qu’une organisation doit avant tout être un outil pour le mouvement : cela passe par le tirage de tracts, fournir des informations sur la loi ou sur l’état du mouvement dans les différentes
villes, soutenir financièrement le mouvement...
Si nous avons pu être réactifs dès le début du mouvement, c’est parce que, y compris en dehors des périodes de mouvement,
nous intervenons dans un certain nombre de lycées avec des tracts, des bulletins, des journaux
ou des brochures pour informer l’ensemble des lycéens de ce qui se passe dans la société et à convaincre de la nécessité de se battre. Ainsi, dès le début de l’année scolaire 2004-2005, nous avons travaillé, ainsi qu’avec des lycéens non membres des JCR, sur le Rapport Thélot
qui annonçait la loi Fillon. Là où des camarades
sont présents, nous avons organisé des départs
en manifestation au début de l’année et avons cherché à établir des contacts
avec d’autres lycées mobilisés dans lesquels nous n’intervenons pas.
Contribuer aux débats du mouvement
Mais nous ne nous sommes pas contentés d’aider matériellement le mouvement. Nous y avons pris des initiatives politiques. Dès le départ, nous avons agi dans le sens de la création de cadres
d’auto-organisation, d’assemblées générales regroupant l’ensemble des lycéens d’un bahut, d’une ville ou d’une région où ce sont les lycéens en lutte et personne d’autre qui décide. Le 20 janvier, c’est à notre initiative que s’est créée la coordination
lycéenne de la Région
parisienne : lors de la manif à Paris, les militants
des JCR sont passés de cortège lycéen en cortège
lycéen pour donner rendez-vous à l’université de Jussieu après la manif.
L’objectif n’était pas d’organiser une réunion JCR mais une assemblée générale ouverte à tous, quelles que soient les opinions des uns et des autres, où les lycéens décideraient
pour eux-mêmes
de ce qu’ils allaient faire. C’est cette même coordination parisienne qui a appelé à la première coordination nationale, sous notre impulsion également, et nous avons également pris l’initiative de coordinations locales dans plusieurs villes.
Un des traits distinctifs de ce mouvement a été les blocages. Ils ont été évidemment en grande partie spontanés, mais nous avons là aussi joué un certain rôle dans l’impulsion
et la généralisation
de cette forme de lutte. Nous nous sommes efforcés de jouer le rôle de « mémoire des luttes » : à partir de l’expérience des grèves des travailleurs dans le passé, où les piquets
de grève jouent un rôle énorme pour permettre
à la grève d’être majoritaire et de bloquer l’entreprise, et en tirant le bilan des luttes étudiantes
et lycéennes de 2003 et 2004, où les étudiants de Toulouse, Rennes ou Perpignan, où les lycéens de Cergy avaient réussi à bloquer leur lieu d’étude, nous avons conclu que la meilleure manière de construire la grève était de bloquer les bahuts « par la manière forte ». Nous avons alors argumenté auprès d’un maximum de lycéens pour les convaincre
de bloquer leur lycée. Mais ce qui a le plus joué à ce niveau, c’est l’exemple
réussi des premiers bahuts qui ont réussi à le faire : les lycée Renoir d’Asnières et Joliot-Curie de Nanterre (dans le 92) ont été parmi les premiers
bloqués, parce que nous avons convaincu les lycéens les plus combatifs de ces bahuts de le faire. Comme des lycéens de ces bahuts participaient très régulièrement aux coordinations, leur expérience
a été très vite discutée par beaucoup d’autres bahuts.
Nous ne sommes pas les seuls à avoir argumenté
dans le sens des blocages et de l’auto-organisation.
Sans nous, il y aurait certainement eu des AG et des blocages. Mais nous avons aidé de manière significative à leur apparition et à leur généralisation. Ce n’est pas négligeable car, dans un mouvement, la vitesse de structuration et d’action
est décisive : on ne se mobilise pas éternellement,
il faut donc être rapides et efficaces. Être organisés à l’avance dans une structure qui essaie de tirer les leçons du passé
nous a permis d’avancer
dans le mouvement des idées utiles (même si cela ne veut évidemment pas dire que nous ayons eu toujours raison...).
La perspective de la grêve générale
Un point essentiel pour nous était d’expliquer que les lycéens ne pouvaient pas gagner seuls, et qu’il était vital d’entraîner les salariés. Face au gouvernement
actuel, seule une grève générale permet de réellement stopper une attaque comme celle lancée
actuellement contre l’éducation. Et l’objectif d’une telle grève générale
doit être pour nous de balayer ce gouvernement,
pas seulement de modifier sa politique, car ce gouvernement est là pour nous en mettre plein la tête, il n’est pas là pour négocier. Nous avons tenté
d’expliquer ces idées et d’indiquer les étapes pour le faire (entraîner d’abord les personnels de l’éducation
nationale...) même si nous n’avions pas de formule magique.
Nous avons également essayé de faire le lien avec la question de la Constitution
européenne, en expliquant que le projet de société derrière la loi Fillon est le même que celui dessiné par la Constitution européenne. Nous avons essayé de convaincre un maximum de lycéen que se battre pour une autre éducation, c’est se battre pour une autre société.
Nous n’avons pas peur de reconnaître que nous avons commis des erreurs et que notre intervention a connu d’importantes limites.
D’abord, il ne s’agit pas d’exagérer le rôle des JCR. D’abord parce que nous sommes une petite organisation, ce qui signifie
que nous n’avons pas agi partout. Et cela n’a pas empêché le mouvement de se généraliser ! Une de nos principales limites est que nous n’avons pas réussi à avoir autant d’activité
dans l’ensemble des lieux où nous sommes intervenus.
Nous avons également eu mal à toujours comprendre
l’évolution de la situation et à offrir des perspectives dans la dernière
partie du mouvement.
Une des leçons de ce mouvement, c’est que la spontanéité, la combativité
des lycéens peut faire des miracles et que rien ne peut la remplacer. Il n’y a pas de lutte victorieuse sans une telle explosion d’énergie.
Mais une autre leçon, c’est que si la spontanéité
est nécessaire, elle ne suffit pas : il est indispensable
qu’au sein du mouvement, les militants combatifs y défendent une orientation, un projet et mènent les batailles en son sein pour convaincre sur les points essentiels : convaincre qu’il est indispensable
de faire des AG, qu’il faut combiner actions radicales et manifestations
de masse, qu’il faut constamment chercher à élargir le mouvement... Tout cela n’est pas automatique, et il faut donc s’organiser pour défendre ces idées efficacement. Pour nous, la meilleure manière de le faire est de s’organiser politiquement.
III. La lutte n’est pas finie
Virer ce gouvernement avant qu’il nous réduise en bouille
Les attaques contre nos droits dans l’éducation durent
depuis plus de trente ans. L’offensive contre les services publics et contre les droits des travailleurs de même. Avec ce gouvernement,
la classe dominante
(le patronat, les actionnaires, les hauts fonctionnaires) ont un outil qui se donne pour but de nous réduire en bouille. Ce que les gouvernements précédents n’ont pas réussi à faire (ni Balladur, ni Jospin),
il doit le fare passer à tout prix. Même au prix des défaites électorales qu’il subit depuis deux ans, d’autant qu’en cas de défaite,
la classe dominante a une roue de secours, la gauche, qui pourra prétendre
avoir écouté les mobilisations.
Ce qu’a montré le mouvement
lycéen, mais ce qu’avaient déjà prouvé le mouvement des salariés
de mai-juin 2003, le mouvement étudiant de novembre-décembre 2003, le mouvement des chercheurs, c’est qu’il est impossible de vaincre seuls ce gouvernement CRS. Seule une grève générale peut mettre un coup d’arrêt à sa politique.
Mais pour nous l’objectif
d’un tel mouvement d’ensemble des jeunes et des travailleurs doit être de virer Chirac et le gouvernement, de rendre la France ingouvernable par la classe dirigeante. Tant qu’un gouvernement comme celui-ci sera en place, nous nous prendrons
dans la tête des politiques
ultra-libérales.
L’objectif des prochaines mobilisations doit être cette
grève générale pour virer le gouvernement : nous devons nous y préparer et préparer les gens autour de nous à cette perspective, même si ce n’est pas toujours
évident de l’expliquer, même si ce n’est pas immédiatement
possible.
Nous nous battons pour virer ce gouvernement,
mais également pour imposer des mesures
d’urgence, indispensables
pour les jeunes aujourd’hui. Il est même probable que les jeunes ne se mobiliserait massivement et fortement contre le gouvernement que pour en imposer au moins une partie.
1) Retrait des réformes Fillon, ECTS-LMD, LOLF, LOPRI.
2) Arrêt des poursuites
contre les militants du mouvement social, à commencer par les lycéens
; abrogation des lois répressives (LSI, LSQ, Perben I, II, III).
3) Défense des services publics, arrêt des privatisations.
4) Allocation d’autonomie
de 1 000 euros de 16 à 25 ans.
5) Augmentation des salaires
de 300 euros ; pas de contrats précaires (transformation des CDD en CDI, titularisation des emplois jeunes, vacataires...).
6) Français-étrangers, égalité des droits ; abrogation
des lois racistes ; des papiers pour tous
7) Avortement et contraception
libres et gratuits et accecibles ; construction de garderies et de crèches.
8) Retrait des troupes d’occupation en Irak, en Palestine
en Afrique ; abolition de la dette du Tiers-Monde.
9) Homos-hétéros : égalité
des droits (droit au mariage et à l’adoption).
10) Droit de vote dès 16 ans et pour les étrangers
; garantie matérielle de la liberté de réunion ; abrogation des traités deconstruction
de l’Union européenne.
Voilà les revendications qui devraient être défendues
par les syndicats, par les collectifs contre la Constitution européenne et diverses organisations.
C’est donc aussi notre rôle de les défendre, de les proposer autour de nous. En étant syndiqués, en étant à l’initiative pour organiser des mobilisations,
les faire converger, on montre aux autres jeunes le chamin pour défendre nos droits et en revendiquer de nouveaux. Ce chemin passe par le fait de s’organiser et de commencer à lutter.
Des mesures à plus long terme
Les mesures dites ne suffiront pas à améliorer
durablement le quotidien
des jeunes. Pour cela, il faudrait imposer des mesures plus durables,
comme les suivantes
:
1) Gratuité de l’éducation,
pas de patrons dans l’éducation
2) Pas de flic dans les quartiers, l’éducation et les entreprises
3) Les entreprises doivent
produire pour les besoins, pas pour les profits
4) Allocation d’autonomie
de 1 000 euros de 16 à 25 ans
5) Un emploi stable pour tous les jeunes, interdiction
des licenciements,
augmentation des salaires de 500 euros.
En finir avec un système sans avenir pour nous
Il est clair pour nous qu’aujourd’hui, le système n’offre aucun avenir réel pour les jeunes.
Tout d’abord, la formation
qu’on nous offre se dégrade, aussi bien au niveau
du secondaire que de l’enseignement supérieur. Avec la réforme Fillon, la réforme ECTS-LMD, la loi sur la recherche (LOPRI), les diplômes n’auront plus la même valeur d’une université
à l’autre et même d’un étudiant à l’autre : les diplômes n’offriront plus de garanties collectives dans le monde du travail.
Et même avec un diplôme,
nous ne sommes pas sûrs de trouver du travail. Les jeunes sont les plus touchés par le chômage.
Et même avec un emploi,
on n’est pas sûr de pouvoir s’en sortir, vu le niveau très bas des salaires
et la baisse du pouvoir
d’achat des salariés depuis des années.
La jeunesse, notamment
la jeunesse des quartiers et des cités, est montrée du doigt : nous serions dangereux, irresponsables,
inciviques... On tente de faire de nous des boucs émissaires alors que c’est nous qui sommes les premières victimes de ce système !
Les jeunes des quartiers
populaires sont parqués
dans des ghettos dont les services publics comme les transports, la Poste... sont de plus en plus absents. Cette situation
devient intolérable. Nous sommes de plus en plus fliqués, contrôlés à chaque coin de rue, et réprimés
quand nous nous mettons à défendre nos droits, comme pendant le mouvement lycéen.
Dans quel monde allons-nous vivre ?
Le racisme se développe
: le gouvernement fait la chasse aux immigrés en se donnant comme objectif de reconduire plus de 20 000 étrangers à la frontière cette année.
On nous fait croire que les immigrés sont des terroristes potentiels. Et c’est grâce à de telles politiques antisociales et racistes que l’extrême-droite progresse, car le climat actuel légitime leurs idées.
Dans tous les pays riches,
ce sont les mêmes attaques contre les jeunes
et les travailleurs.
Le vol des ressources des pays du Sud par les multinationales occidentales
s’accélère. Ces mêmes multinationales ne font rien pour enrayer les épidémies comme celle du Sida qui tue 8 000 personnes par jours en Afrique. Les pays pauvres subissent de plus en plus d’interventions militaires directes des pays impérialistes.
Les États-Unis ont enclenché ce que G. W. Bush appelle la « guerre sans limite » et occupent
l’Irak. Ils préparent aujourd’hui une intervention
en Iran ou en Syrie. Les dirigeants américains sont prêts à mettre toute la région à feux et à sang. Mais le processus de recolonisation des pays pauvres n’est pas une exclusivité américaine : la France, non contente de soutenir un grand nombre
de dictatures comme au Togo, est intervenue à de multiples reprises dans ces anciennes colonies
depuis deux ans : en Haïti, au Congo, en Côte d’Ivoire, où ses troupes sont là pour protéger les intérêts des entreprises françaises.
Pour nous, si nous n’arrachons pas le pouvoir
des mains de ceux qui dirigent la société aujourd’hui, le monde va droit vers la barbarie la plus complète.
Le monde que nous voulons
Ce que nous voulons, c’est un système où ce ne sont pas les patrons qui prennent les décisions. Nous voulons un système contrôlé par les jeunes et les travailleurs, car c’est nous qui produisons les richesses : nous devons décider de comment les produire et de comment les répartir. Dans chaque entreprise, dans chaque quartier comme à l’échelle
de la société toute entière,
ce sont les salariés qui doivent décider.
Construire une telle société,
où les travailleurs décideraient démocratiquement
du fonctionnement
de l’économie et de la société, c’est ce que nous appelons le communisme.
Mais faire cela, ce n’est rien d’autre que chercher à appliquer jusqu’au
bout le principe que nous et beaucoup d’autres ont défendu pendant le mouvement lycéen : celui de l’auto-organisation. Ce sont les premiers concernés
qui doivent décider de leur sort. Pendant une lutte dans un bahut, ceux qui décident s’il y a cours ou non, si les photocopieuses
doivent servir à imprimer des lettres pour signaler des retards aux parents ou à sortir des tracts pour la grève... ce sont les lycéens et les personnels de base et pas l’administration, pas les chefs désignés. Dans la société telle que nous cherchons à la construire, ce sera la même chose mais en permanence et à l’échelle de l’ensemble de la société, notamment dans les entreprises.
Pourquoi la révolution ?
En cherchant à faire respecter nos droits, en cherchant à construire une autre société, nous heurtons les intérêts de la classe dirigeante. C’est pourquoi, tôt ou tard, les capitalistes emploieront la répression la plus féroce pour empêcher les exploités et les opprimés d’atteindre leur but. Pour avoir une idée de jusqu’où ils peuvent aller, il suffit de penser à ce qu’ils ont déjà fait contre le mouvement lycéen... Imaginez face à une grève générale !
C’est pour cela que nous sommes révolutionnaires
: nous pensons que les jeunes et les travailleurs seront obligés de se défendre
et de détruire les instruments qui servent à la classe dirigeante pour nous dominer, et en premier
lieu l’État, avec ses instruments de répression
: police, armée, justice.
Les jeunes et les travailleurs
doivent prendre le pouvoir pour construire cette autre société. Et nous mettrons en place notre propre pouvoir, qui n’aurait rien à voir avec celui
des capitalistes : toutes
les décisions seraient prises par la base, par des Assemblées générales où les élus seraient Contrôlés
par la base, révocables à tout moment et dénués de tout privilège.
Nous n’avons évidemment
pas un plan tout fait pour arriver à construire une société débarrassée de toute exploitation et de toute oppression, mais nous pensons que cela doit être l’objectif de tous les jeunes qui veulent réellement changer les choses.
S’organiser
aux JCR
Au moment où le mouvement
lycéen se termine, un des enjeux est que tout ce qui a été compris par les lycéens mobilisés, tout ce qui a été construit ne se perde pas. L’organisation
des manifs, des blocages ont appris aux lycéens à s’organiser collectivement
et leur a prouvé
qu’il était possible de faire plier l’autorité l’administration.
Beaucoup de lycéens ont compris qu’ils n’avaient rien à attendre des directions syndicales et qu’il fallait les mettre au pied du mur.
La force du mouvement
a fait reculer Fillon sur la question du bac en contrôle continu, et a grandement contribué à rendre le mouvement impopulaire.
Sans le coup d’accélérateur du mouvement
lycéen, il n’y aurait certainement pas eu la journée de grève interprofessionnelle
du 10 mars, qui a été le coup d’envoi de la remontée du NON à la Constitution dans l’opinion
publique.
Mais la défaite du mouvement
sur le retrait de la loi Fillon a un effet évidemment négatif sur la confiance des lycéens dans leurs propres forces. Pour que cet effet négatif n’entraîne pas une perte de tout l’acquis du mouvement,
il est nécessaire de s’organiser. Car c’est en discutant collectivement
du bilan du mouvement
et en maintenant une activité militante permanente dans les lycées
qu’il sera possible de conserver l’acquis du mouvement et de le réutiliser
en construisant des équipes militantes locales qui continuent le travail d’information même en dehors du mouvement. C’est ce que proposent de faire les JCR.
Les JCR s’efforcent d’être une organisation pour agir, une organisation de combat pour les jeunes révoltés. Il s’agit non seulement
d’offrir un cadre pour agir au jour le jour, mais également pour renverser
cette société, pour préparer la révolution, tous les jours.
Nous regroupons des lycéens, des étudiants, des jeunes travailleurs.
En échangeant les expériences,
en construisant une organisation nationale,
en lien avec un réseau international de révolutionnaires
(la Quatrième Internationale), nous nous efforçons d’avoir une vision d’ensemble de la jeunesse pour proposer des perspectives à tous les jeunes, pour qu’ils gagnent une autonomie, un avenir, en se battant aux côtés des travailleurs. C’est parce que nous pensons
que la majorité des jeunes et les travailleurs ont fondamentalement les mêmes intérêts, qu’ils sont opprimés et exploités par le système, que nous sommes en solidarité politique avec la LCR, organisation révolutionnaire
« adulte » de travailleurs : notre but est d’oeuvrer à l’auto-organisation
des jeunes aux côtés des travailleurs.
Le mouvement lycéen
a été le premier engagement
de milliers de
jeunes. Depuis plusieurs
années, avec le mouvement
contre la mondialisation
capitaliste,
le mouvement contre la
guerre, contre Le Pen
en 2002, le mouvement
étudiant contre le LMD
en 2003, les luttes des
précaires, à McDo, Pizza
Hut ou à Citroën cette
année, ce sont des milliers
de jeunes qui à
l’échelle nationale et
internationale font l’expérience
de la lutte. Ces
luttes ont lieu à des moments
différents, dans
des conditions différentes,
sur des objectifs différents.
Mais c’est la première
fois depuis trente
ans qu’autant de jeunes
se mettent à « faire de la
politique », se mettent à
lutter. Si tous les jeunes
qui ont animé ces luttes
étaient en lien les uns
avec les autres, si nous
étions groupés dans une
même structure, nous
pourrions faire trembler
le pouvoir, nous pourrions
déclencher des
luttes énormes et avoir
un impact énorme sur
les travailleurs. Pour
nous, il s’agit non seulement
de regrouper ces
jeunes mais également
de les rassembler sur la
base d’un programme
de lutte contre le capitalisme.
Pour réussir à inverser
la logique actuelle, pour
organiser le combat nécessaire
contre la classe
dirigeante et gagner contre
elle, une organisation
comme les JCR ne suffit
pas. Gagner la nouvelle
génération militante à
une orientation de confrontation
avec le système
capitaliste implique
de construire quelque
chose de plus massif que
notre organisation. Nous
pensons qu’il faut construire
une organisation
qui regroupe l’ensemble
des courants, l’ensemble
des jeunes prêts à
se battre jusqu’au bout
contre le capitalisme
pour construire une société
qui satisfasse les
besoins de tous. il faut
organiser tous ceux qui
pensent que cette société
est possible, que
c’est aux travailleurs de
la construire, ceux qui
pensent qu’on ne peut
pas faire confiance dans
les institutions et dans
l’Etat pour le faire. Ces
derniers ne servent en
dernière instance qu’à
protéger l’ordre existant,
comme le montrent tous
les gouvernements qui
se sont succédés à sa
tête. il faut le détruire et
en fonder un autre, constitué
par les travailleurs
et les jeunes en lutte.
Une telle organisation
devra être présente
dans chaque lycée,
dans chaque université,
dans chaque quartier,
dans chaque entreprise
employant des jeunes.
Partout, il existe des
jeunes révoltés par le
capitalisme et il est possible
de les regrouper
pour que nous puissions
agir de manière coordonnée.
Il est de la responsabilité
de chaque
personne consciente
de ce qui se passe de
chercher à construire
cette organisation. Et la
meilleure manière de le
faire aujourd’hui, c’est de
construire les JCR.
Lundi 23 mai 2005
Messages
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