Un logement c’est un droit  !

Red : Comment se sont déroulées les expulsions ?

Martin : Le 15 novembre, un arrêté de péril a été décrété contre un immeuble vétuste dans lequel logeaient 17 personnes. Il y avait deux familles avec des enfants. Les habitants ont été prévenus la veille de l’expulsion. A 5 heures du matin ils étaient évacués par la police.
On a proposé un relogement à Montrouge, à l’autre bout du département, avec un loyer beaucoup plus élevé. Une des familles avait fait une demande de logement social en 1984, mais selon le maire de Levallois il n’y a pas de logement social disponible !

Red : Comment s’est déroulée la mobilisation sur ton lycée ?

Deux enfants sont collégiens à Levallois. Les lycéens et les collégiens se sont sentis concernés. On a commencé à appeler à des manifs. On a distribué des tracts, on est passé dans les classes… Nous nous sommes mobilisés en soutien aux familles mais plus largement pour le droit au logement pour tous. Nous avons été jusqu’à 150 en manifestation, avec des habitants et des militants d’associations.
Après les premières manifs, la mairie a proposé un logement à Bois-Colombes. Pourtant le préfet avait rédigé une lettre qui affirmait que ces familles devaient être relogées à Levallois !
La mairie s’est mise à faire pression pour qu’elles acceptent le logement à Bois-Colombes et les a même menacées si les manifestations ne cessaient pas.

Red : Comment ont réagi les profs et l’administration ?

La majorité des profs était d’accord avec nous, mais pas l’administration. Nous avons été convoqués chez le proviseur et la CPE, on nous a dit que ce qu’on faisait était d’ordre politique et qu’on n’avait pas le droit… Ils ont demandé aux profs de dénoncer les élèves qui passaient dans les classes. Mais nous avons continué à distribuer des tracts et à en parler à la sortie des cours.

Red : Quelles sont les perspectives ?

Nous continuons à nous rassembler tous les samedis à 15 heures devant la mairie. Mais nous envisageons aussi d’autres moyens d’action comme la réquisition des logements vides. À Levallois il y a 14 % de logements vaquants et au moins 500 logements sociaux vides. Nous allons continuer jusqu’au relogement des expulsés et pour que tout le monde puisse avoir accès à un logement.

Propos recueillis par Mathilde, [Nanterre]