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Grève générale en Guinée
dimanche 4 février 2007, par
Suite à l’appel des centrales syndicales, soutenu par 14 partis de l’opposition, la quasi-totalité des salariés guinéens sont entrés en grève illimitée le 9 janvier. Des manifestations violemment réprimées ont regroupé plusieurs milliers de personnes dans tout le pays. La grève a pris fin samedi 27 janvier après un accord entre syndicats, patronat et gouvernement.
À l’origine du déclenchement de la grève : la libération par le chef de l’État, Lansana Conté de deux de ses proches (un ex-ministre et la première fortune du pays) accusés d’avoir détourné l’équivalent de 2 millions d’euros de fonds publics.
Les revendications portaient sur la stricte séparation des pouvoirs, la nomination d’un premier ministre aux pouvoirs élargis, le retour en prison des deux inculpés et la diminution des prix des produits de première nécessité et du carburant.
Le pays a connu trois grèves illimitées en moins d’un an. En juin dernier, peu de temps après la fin du mouvement CPE en France, la grève des étudiants fut écrasée dans un bain de sang causant la morts de 20 personnes et faisant de nombreux blessés dans l’indifférence totale de la communauté internationale. Cette dernière reste encore silencieuse aujourd’hui malgré l’ampleur de la répression policière, menée avec zèle par le fils de Conté qu’il voulait son successeur. La police et l’armée ont tué 59 manifestants, fait plus de 150 blessés et arrêté plus d’une centaine de personnes en 18 jours de grève.
Les syndicats viennent de signer un accord sur l’ensemble de leurs revendications avec le gouvernement et ont appelé à reprendre le travail. Cependant la nomination du Premier ministre revient au Président et l’accord ne stipule aucune amnistie des manifestants arrêtés ; seule figure une mention invitant à la libération de tous les détenus pour faits de grève et la mise en place conjointe d’une commission d’enquête pour sanctionner les auteurs d’ « exactions ». Autant dire que la répression du mouvement ne va pas s’arrêter là et, qu’étant donné la pauvreté dans laquelle vit la population et la nature excessivement répressive de l’État, le ras-le-bol général qui s’est exprimé à travers les révoltes de cette année a de grandes chances d’éclater à nouveau dans les mois ou années à venir.
Ambre [Censier]