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Interview de Pan Hsing-Jung de WDA (Taiwan)

samedi 10 mars 2007, par RED

RED : Pourrais-tu nous parler de ton organisation ?

Pan : Mon organisation est la Worker
Democracy Association. Ce n’est pas un
parti politique en tant que tel. Nous avons
une organisation de jeunesse et plusieurs
groupes d’étudiants ; les autres sont plus
impliqués dans l’altermondialisme et nous
avons un groupe de formation marxiste.
Nous sommes principalement basés
dans la capitale, Taipeh, dans le nord-est
de Taiwan. Nous avons essayé de nous
relier à la campagne. Mais c’est difficile
matériellement : les distances sont grandes
et les prix des transports très élevés.

RED : Quel genre d’activités avez-vous dans les universités ?

Nous intervenons à deux niveaux : sur les
campus universitaires et dans les instituts
éducatifs. Sur les campus, nous faisons
un travail de propagande régulier, mais
nos principales campagnes portent sur les
frais d’inscription.

A Taiwan, il faut obtenir un certain nombre
de points pour entrer dans les meilleures
écoles publiques. Sinon, ce sont les
écoles privées, deux fois plus chères. Il y a
environ 140 universités à Taiwan et chaque
année, en avril, chacune doit indiquer au
ministère de l’éducation si elle veut augmenter
ses frais d’inscription. Notre campagne
n’a pas fonctionné partout, malgré
le soutien de la majorité des étudiants.
Mais lorsque nous avons fait pression au
ministère, le nombre d’universités augmentant
leurs frais a baissé considérablement,
passant de 50 à 18 !

Cependant, nous ne sommes pas satisfaits,
car nous savons qu’il ne s’agit pas
seulement d’augmentations des frais visibles
comme les frais d’inscriptions : la
piscine, l’accès à l’Internet, les dortoirs
étudiants, etc. sont payants et même
chers. Nous avons argumenté pendant le
mouvement sur les frais de la vie étudiante
en général et sur les liens avec le néolibéralisme.
Cette année, les directeurs d’universités
ont mis en place une nouvelle stratégie :
ils ont décidé de ne pas augmenter de plus
de 10%, et ainsi de ne plus avoir à obtenir
la permission du gouvernement. Celui-ci
a dit qu’il réfléchirait à la suggestion. La
décision devrait avoir lieu autour d’avril et
nous mènerons donc campagne contre.
Après le mouvement de 2005, cinq étudiants
ont été victimes des lois anti-manifestations.
Nous avons du effectuer des
travaux d’intérêt général à la fac. En 2006
nous avons été deux, un professeur et moi,
à subir la répression, et les attaques ont
été plus sérieuses. Selon mon avocat je
risque une peine de prison ou une très
forte amende.

RED : Quelles sont les perspectives, les principales campagnes de votre organisation ?

Nous devons nous concentrer sur les
entreprises. Un certain nombre de grandes
sociétés investissent en Chine et dans Sudest
asiatique. Beaucoup d’ouvriers disent
que les Chinois volent nos emplois ; or, ce
ne sont pas les travailleurs chinois mais
les patrons qui sont responsables !
Nous avons besoin d’expliquer pourquoi
les capitalistes vont en Chine, et pourquoi
les travailleurs à Taiwan ne peuvent pas se
mobiliser uniquement sur des revendications
locales.

Propos recueillis par
Danièle, [Sorbonne]

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