Accueil > RED > 2007 > RED 79 - avril 2007 > Monde > à‰gypte : « la Révolution des Affamés  »
à‰gypte : « la Révolution des Affamés  »
mardi 8 mai 2007, par
En Égypte, la plus grande
vague de grève depuis plus
de 10 ans se développe
depuis décembre. Le mouvement
a démarré dans la plus
grande usine du pays par le débrayage de 27
000 ouvriers. Elle s’est étendue progressivement
aux autres manufactures du delta du
Nil puis aujourd’hui à tous les secteurs de
l’économie.
Les ouvriers qui dirigent ce mouvement
ont entre 20 et 30 ans. Au-delà des revendications
salariales, le mouvement a développé
des exigences
politiques sur
la démocratie,
contre la corruption
et la répression.
C’est le
commencement
de « la Révolution
des Affamés ».
Chaque victoire
locale alimente
la confiance d’un
autre groupe, et ce sont des dizaines de
luttes qui ont lieu partout. Les grèves s’enchaînent
et se combinent avec des grèves
de la faim, des occupations d’usine et des
affrontements avec les forces de sécurités.
Un mouvement aux racines politiques profondes
Le 15 février 2003, à la veille de l’invasion
de l’Irak plus de 50 000 personnes avaient
occupé la place principale au Caire. Dans
les mobilisations contre la guerre, l’impérialisme
US et pour la libération de la
Palestine, s’est développée une aspiration
au changement politique en Égypte
même.
Les paysans du delta du Nil se sont aussi
soulevés contre des plans de redistribution
des terres en 2004. Toha Hassan, fermier
de Dekerness, résume aujourd’hui la
situation ainsi : « Moubarak est un salaud.
Il règne seulement pour les riches et non
les pauvres. (…) Je ne les laisserais jamais
prendre notre terre. »
En 2006, 220 grèves ont impliqué des
dizaines de milliers d’ouvriers égyptiens.
Cette vague se poursuit depuis le début
de l’année 2007.
Un bras de fer contre le régime
Depuis le début des années 90, Moubarak,
au pouvoir depuis 1981, est un des principaux
alliés des USA au Moyen-Orient et
développe des politiques économiques
néo-libérales. Les conséquences sont la
hausse des prix, les réductions de salaire
et le développement des attaques sociales.
Cela a conduit
une population
déjà pauvre à une
misère plus grande
encore.
La cinquième
conférence internationale
antiguerre
du Caire
(du 30 mars au
1er Avril 2007)
s’est tenue dans
ce contexte particulier : pendant que les
délégués rejoignaient le siège du syndicat
de la presse pour commencer la conférence,
plus de 9000 ouvriers de la « Giza
Grain Mills Company » (les moulins du
Caire) ont démarré une grève surprise ;
ils ont débrayé et manifesté dans les rues
du Caire…
La situation actuelle nous rappelle que
les luttes économiques renforcent le combat
politique. Ces grèves défient frontalement
la dictature de Moubarak.
L’Egypte est la première puissance économique
et politique du monde Arabe,
rassemblant la plus grosse et la plus militante
des classes ouvrières du Moyen-
Orient : n’importe quelle contestation face
au régime égyptien a un retentissement
fort. Une mobilisation qui renverserait le
régime de Moubarak ouvrirait la possibilité
d’un changement énorme à travers
toute la région.
Sarah, [Saint-Denis]
Les témoignages et informations qui ont permis
de rédiger cet article sont issus de Socialist
Worker n°2038 et 2045 et de www.arabist.net/arabawy