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Sortir de la prostitution : changer la société
mardi 8 mai 2007, par
Dans le processus de
mondialisation capitaliste,
la prostitution est
en pleine expansion. La
marchandisation des
corps est une source de profits gigantesques
dans l’économie mondiale. La prostitution
prend différentes formes (occasionnelle/
quotidienne), toutefois la majorité
des prostitué(e)s est maintenue dans un
système d’exploitation et d’oppression mondialisé
bien structuré.
Peut-on parler de liberté de se prostituer ?
On ne se prostitue pas par choix. La
prostitution reproduit les rapports sociaux
et de classes. Ainsi ce sont la précarité, la
pauvreté et le chômage qui poussent à la
prostitution face à l’absence de moyens
alternatifs d’existence. La prostitution est
féminisée car les femmes occupent une
place inférieure aux hommes dans cette
société patriarcale. D’ailleurs la majorité
des proxénètes sont des hommes.
La prostitution n’est pas un métier
Actuellement, des groupes de
prostitué(e)s réclament la réglementation
de la prostitution. Il ne s’agit pas parler
à la place des premier(e)s concerné(e)s
et nous sommes ouverts aux dialogues.
Cependant, considérer la prostitution
comme un travail comme un autre reviendrait
à dire que les patrons seraient les
proxos, les prostitué(e)s des « travailleurse-
s du sexe » et les clients, de simples
consommateurs accédant librement au
corps d’une personne moyennant quelques
billets.
Nous ne disons pas que se prostituer
est sale ou honteux mais la banalisation
de la marchandisation de la sexualité bloque
la possibilité d’en sortir et pose la
prostitution comme un « mal nécessaire,
incurable ». Car la prostitution c’est bien
le renoncement à l’intégrité physique et au
droit à disposer de son corps : c’est de la
violence. La légaliser c’est en partie la cautionner,
l’encourager sans mettre en place
les conditions de sa disparition.
Résolument contre la répression et pour des droits pour les prostitué(e)s
Les lois Sarkozy en France répriment le
racolage passif au lieu de lutter contre le
proxénétisme. Réprimer les prostitué(e)s
c’est s’attaquer aux victimes du système.
Interdire la prostitution est dangereux
car elle se développerait de manière plus
violente et marginale. Il faut se battre
résolument pour la reconnaissance des
droits des prostitué(e)s en tant que personnes
humaines : protection de la police
contre les violences, protection sociale…
Dans la pratique les prostitué(e)s sont
stigmatisé(e)s et discriminé(e)s et leurs
droits, bafoués. L’urgence est de se battre
contre toutes les formes de précarités,
pour le droit à la santé, au logement, à
la formation. Il faut lutter pour la mise
en place de campagnes d’information,
d’éducation et de prévention anti-sexiste,
anti-homophobie ainsi qu’une politique
qui permette de sortir de
la prostitution (droit aux
HLM et à l’allocation chômage
à toute ancienne
prostituée, loi cadre contre
les violences…).
Une autre sexualité est possible
Nous luttons pour
transformer la société en
profondeur, pour une véritable
révolution sexuelle
dans laquelle nos corps
ne soient plus à vendre
et où l’on puisse construire
d’autres rapports.
Envisager un monde sans
prostitution, c’est imaginer
une société sans
oppression ni exploitation.
Rosa du lux, [Nanterre]