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Quatre ans d’occupation américaine en Irak… Bilan ?
mardi 8 mai 2007, par
Il n’y avait pas d’armes de destruction
massive en Irak avant que la
guerre éclate, par contre elles y
sont entrées dans les mains des
armées occidentales.
The Lancet, journal médical anglais, estimait
fin 2006 à plus de 650 000 le nombre
de morts irakiens dus à la guerre, et on
en serait aujourd’hui à près d’un million
soit 3 % de la population. Deux millions
de civils déplacés, autant d’exilés, et un
pays détruit par cette nouvelle guerre et
les 10 ans d’embargo qui l’ont précédée.
L’exemple le plus marquant est peut-être
cette étude de Bert De Belder* datée du
6 avril dernier qui rend compte de l’état
sanitaire du pays.
D’abord, la population vit dans une pauvreté
extrême, un tiers des habitants vivent
avec moins de 2 dollars par jour, 500 000
habitants de Bagdad n’ont l’eau courante
que 2 heures par jour et l’électricité n’est
accessible à la population que 3 heures
par jour (contre 20 heures avant la guerre).
Mais la guerre a aussi empiré les conditions
de soin. Les hôpitaux sont sans
moyens financiers, et théâtres de violences
de milices armées ou de raids de l’armée
américaine, ceux qui y travaillent sont parfois
arrêtés par les uns ou brutalisés par
les autres. « Ils nous considèrent comme
les premiers sympathisants de ceux qu’ils
désignent comme étant des terroristes »
résume un employé
de l’hôpital de
Fallujah. En outre,
toute reconstruction
est impossible
dans un pays sous
occupation américaine
avec une
guerre civile de plus
en plus développée
Comme le souligne
cette étude, de
nombreux fonds
supposés destinés
à la reconstruction du tissu sanitaire ont
fini dans la poche de patrons de grosses
firmes, les projets ayant échoué essentiellement
pour des « raisons de sécurité ».
Ce cercle vicieux ne pourrait être arrêté
que s’il était mis un terme à l’occupation
militaire du pays.
Conférence de Charm El Cheikh
Ce n’est pourtant pas ce qui se profile.
Le 3 mai dernier, alors que s’ouvrait la
conférence sur la sécurité Irakienne, Bush
usait de son veto pour empêcher toute
hypothèse de retrait.
Le texte de loi voté à
l’assemblée américaine
à une courte majorité
ne proposait pourtant
aucun échéancier pour
un retrait total des
troupes, il ne faisait
qu’envisager un début
de retrait avant la fin de
l’année. Alors que plus
de 60 % de la population
américaine se dit
favorable au retrait des
troupes, un veto présidentiel l’empêche
et des négociations ont commencé entre
la maison blanche et le congrès pour…
obtenir 100 millions d’euros supplémentaires.
En parallèle, la conférence de Charm
El Cheikh a donc été l’occasion de s’assurer
le soutien de tous les pays de la
région dans cette stratégie meurtrière. Si
le texte final, voté à l’unanimité, défend
hypocritement » le principe de non-ingérence
dans les affaires internes de l’Irak »,
il souligne surtout « l’obligation de tous
les États à combattre le terrorisme » et
appelle « à empêcher le transit de terroristes
et d’armes vers et depuis l’Irak ».
Parce que lorsqu’ils parlent de « sécurité
irakienne », il ne s’agit pas de celle
du peuple irakien mais bien de celle du
projet américain en Irak. Un projet dont le
bilan catastrophique laisse envisager un
dénouement tragique pour la population
irakienne, et d’autres après elle, si nous ne
sommes pas capables d’y mettre rapidement
un coup d’arrêt.
Pablo, [Toulouse]